Pas mal de choses à dire sur Speak. Commençons avec Kristen Stewart qui interprète ce rôle à la perfection. Mais cela ne me surprends absolument pas, il suffit de voir Les Runaways, Into the Wild (même si on ne la voie pas beaucoup) et évidemment Panic Room pour se rendre compte qu'elle est une très bonne actrice et qu'elle réussira très bien l'après Twilight. Ensuite, la mentalité des adolescents américains (ou non américains d'ailleurs) qui parfois est vraiment pourrie. Oui, elle appelle les flics pendant une soirée et tout le monde se fait arrêter, mais, si on réfléchit ne serait qu'un tout petit peu (ou même si on se contente d'observer Melinda) on se rend bien compte qu'elle ne va pas, mais alors pas bien du tout et que quelque chose de (très) grave s'est produit. Et comme les ados peuvent parfois être d'une intelligence remarquable, ils font payer à la fautive son erreur pendant un bon moment. Ajouté à l'épreuve qu'à subie Melinda, on comprend aisément les raisons de son mal-être. Nous sommes en plus aidés par le jeu de Kristen Stewart dont le seul regard suffit à nous éclairer. Je citerais notamment la première scène où elle ferme sa bouche (parallèle intéressant avec tous ceux qui lui disent d'ouvrir sa bouche et de parler au cours du film) en se dessinant dessus des fils comme si elle faisait de la couture. Au bout du plan de la 40ème seconde, on a déjà compris le problème de Melinda : elle refuse de parler, ce que corrobore le titre du film. Et quand on refuse de parler, on ne peut extérioriser ses démons et les événements qui nous ont blessés au plus profond de nous-mêmes. Alors que fait-elle dans sa vie ? Elle se remémore le drame qu'elle a vécu, en fait des cauchemars, s'isole de plus en plus et s'éloigne de celles qui étaient ses amis de plus en plus jusqu'à un quasi point de non-retour. Dans cette atmosphère triste et glauque, comment trouver de la joie, comment renaître de ses cendres ? L'art peut être un moyen de se relever et le professeur tient le rôle de branche à laquelle se raccrocher (l'image de l'arbre est d'ailleurs capitale car celui-ci est le symbole de l'élévation vers le ciel, je vais peut-être trop loin dans mon délire mais c'est vraiment ce que ça m'évoque). Pour parler du scénario, je le trouve bien construit
et les alternances entre présent et flash-back qui révèlent le drame sont très habiles.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, il faut en plus que le bourreau soit dans le même lycée que Melinda, ce qui, bien évidemment n'arrange rien. Le déni de la parole a souvent été traité de manière plus ou moins intelligente au cinéma (je sais, le film n'y est pas passé, je reviendrais là-dessus plus tard), je pense notamment aux griffes de la nuit de Wes Craven, même si les deux films n'ont bien sur rien à voir. Ici, cet aspect est tout simplement personnifié par l'expressivité du regard de Kristen Stewart. Je reviens sur le fait que ce film ne soit pas passé au cinéma. Nous sommes dans une époque ou des films tels que Transformers 3 bénéficient d'un budget énormissime et génèrent des millions, voir même un milliard de dollars de recette, aidé par cette chère 3D. Très bien. Mais, en ce qui me concerne ce film est l'un des plus mauvais que j'ai pu voir en bientôt 21 années d'existences. C'est même pire que cela, car il formate les spectateurs à recevoir des discours plus que douteux sur la guerre. Entre autres. À côté de ça, nous avons des films comme Speak, délicat, émouvant, touchant, proposant quelque chose d'intelligent et basée sur la performance bluffante d’une gamine de 14 ans (à l’époque bien sûr), et avec, au passage, un budget qui ne doit pas pesé bien lourd. Voilà, je ne pensais pas écrire une critique aussi longue, mais je voulais être le plus exhaustif possible sur ce très beau film, que j'ai dû finir il y a à peine une heure. Je vous encourage vivement à le voir car il me semble important de mettre en valeur la création de qualité.