Très solide adaptation du Monde perdu, classique du roman et du cinéma d’aventure, et qui a bien servi pour imposer les dinosaures sur grand écran, photogéniques créatures qu’ils sont.
Ce film a certes des défauts. Niveau créatures par exemple, les effets spéciaux restent moyens, voire faiblards. Evidemment je ne cherche pas à comparer avec aujourd’hui, mais dans ce film on est dans l’animation image par image, technique utilisée aussi par Ray Harryhausen, et clairement ce dernier a fait mieux dans ce domaine. C’est surtout le design des créatures plus que l’animation qui est peu convaincant, en particulier le ptérodactyle. Les dinosaures sont assez grossièrement fait.
Le film s’enlise peut-être aussi un peu dans la seconde partie avec les hommes-singes. Même si c’est au cœur du roman, il aurait été peut-être judicieux d’en faire quelque chose de plus trépidant. Heureusement le film se conclue sur une phase beaucoup plus spectaculaire et réussie.
En dépit de ses défauts, Le Monde perdu est une adaptation plus que convaincante. Fidèle au livre, je retiendrai déjà une belle interprétation, ce qui n’est pas si fréquent que cela dans le cinéma muet. Même si j’ai trouvé Lewis Stone un poil vieux pour camper John Roxton, pour le reste ça tient bien la route, avec un solide Lloyd Hughes dans la peau de Malone, et un professeur Challenger tout à fait excentrique, campé par un Wallace Beery habité. Les acteurs sont bons, et on pourrait presque deviner leurs dialogues parfois tant les rôles conserve la personnalité que Conan Doyle leur a donné, et tant les acteurs sont bien dedans. A noter la présence charmante de Bessie Love, la petite touche féminine de l’équipe.
Cette bonne interprétation est au service d’un scénario qui, malgré les lacunes que j’ai souligné précédemment, est bien mené. La première partie est très convaincante, nous montrant la formation de la petite équipe et sa progression dans la jungle. Un peu elliptique peut-être, l’idée est bien sûr de nous amener assez vite à croire aux dinosaures. A partir de là le film devient un récit d’aventure un peu démonstratif (très souvent le cas dans les films de l’époque, où les acteurs sont mis en situation de contemplation comme le spectateur), mais très divertissant. L’action est là, le livre de Doyle aussi, et à bien des égards le film a influencé des productions postérieures, dont Le Monde Perdu de Spielberg, dont le final est très proche dans l’idée. Le choix de l’espèce divergent cependant. Non, à part quelques tergiversations un peu longuettes autour des hommes singes, le métrage est efficace, divertissant, et bien mené. 1 heure 40 qui n’ennuient pas, et dans un muet ce n’est pas toujours chose aisée.
Sur la forme, je ne reviendrai pas sur les créatures, je dirai simplement que les décors sont bons. Il y a de belles maquettes, la réalisation est pertinente (notamment la vue panoramique du fameux plateau), l’action prenante, en particulier la fin qui est très réussie. C’est du beau travail dans l’ensemble, même s’il ne faudra pas être trop regardant sur des défauts de proportions parfois, et sur du carton-pâte un peu visible. C’est assez inhérent à des films artisanaux et débrouillards, et on retrouve encore certaines de ces lacunes dans des grosses productions d’aujourd’hui (surtout les proportions !).
Pour ma part, Le Monde perdu de 1925 n’est pas un chef-d’œuvre, mais c’est un film d’aventure généreux, bien fait, qui se tient solidement à son histoire, et qui apporte un plus non négligeable avec une interprétation de qualité. Le récit aurait pu être meilleur dans la seconde partie, les créatures auraient pu être mieux faites, il y a des lacunes, mais rien de significatifs. 4