Quand en 1976 on se retrouve déjà avec une masse de films sur Robin des Bois, et bien il y a une bonne idée qui peut émerger alors, c’est de tout simplement inventer une suite à l’histoire ! Ben oui, Richard n’est pas immortel !
La Rose est la flèche est en effet une suite de Robin des Bois, et le résultat s’avère convaincant, bien que perfectible !
On a du mal à imaginer par exemple que le fameux prince Jean, traître à la couronne, et pas que lui (et même encore davantage ses sous-fifres) n’est pas subi la moindre punition, qui, sans aller jusqu’à la mort aurait pu se traduire au moins par quelques destitutions ! Un petit détail parmi d’autres qui témoigne quand même de quelques facilités scénaristiques, car oui, qui aurait été l’antagoniste de Robin sinon ?
Le film séduit d’abord par son exceptionnelle capacité à mélanger la tonalité comique et la tonalité tragique ! C’est vraiment incroyable ce mélange, sur lequel se superposent plusieurs couches d’émotion liées aussi à la dimension mélancolique et presque crépusculaire de l’histoire et de son héros. C’est une vraie bonne surprise que ce mélange que je n’attendais pas, et qui s’avère aussi assez moderne. La fin est superbe, il y a de très beaux moments à la fois drôles et tristes répartis sur toute la longueur d’un film bien rythmé et qui fait beaucoup dans la finesse. Néanmoins je recommande de ne pas se fier à la partie sur le siège de Chalus qui entame le film, et qui avec ses airs « Monty Python » et franchement fauchée (même si c’est assez proche de la description de certains chroniqueurs du temps), n’est pas très séduisante !
L’histoire est solide, et le casting est doré à l’or fin ! Sean Connery et Audrey Hepburn dans les deux principaux rôles, ça pose son homme quand même ! Très beau duo, presque improbable en fait, mais qui fonctionne à merveille, avec un Connery très à l’aise dans la variété des émotions, face à une Hepburn à la prestation plus classique, mais lumineuse. Autour d’eux, des grands noms du cinéma, comme Robert Shaw, Ian Holm (presque méconnaissable), et des acteurs moins connus comme Nicol Williamson. Acteur qui emporte le rôle de Petit Jean, qui prend une vraie importance ici, assez loin du traitement habituel du personnage.
Sur la forme c’est sûr que La Rose et la flèche semble parfois assez fauchée ! C’est très visible dans l’introduction, où Lester semble bien handicapé de n’avoir qu’une dizaine de figurants et une pauvre catapulte incapable d’envoyer un boulet. Maintenant le film compense par une belle ambiance, une certaine recherche d’authenticité, tandis que la partition musicale signée John Barry est merveilleuse ! Elle compense bien des faiblesses formelles. Richard Lester de son côté soigne sa mise en scène, même si ce n’est pas un metteur en scène exceptionnel, ça reste souvent un bon technicien, propre et affuté, et La Rose et la flèche bénéficie de ce savoir-faire, notamment dans la dernière partie.
En clair Lester livre un beau film d’aventure, une suite inventive à l’histoire de Robin des Bois, dans une approche plus réaliste, moins flamboyante que le Robin d’Errol Flynn, où la tonalité est souvent pessimiste malgré l’humour judicieusement distillé tout du long. Je recommande. 4