J’espérais un film dans la veine de "L’Arnaque"… et j’ai, au final, été déçu par ce "Kid de Cincinnati". Certes, l’interprétation est irréprochable, que ce soit Steve McQueen, superbe de cool attitude et surprenant dans son obsession ou l’ensemble des seconds rôles, du formidable Karl Malden en complice pathétique à Edward G. Robinson en légende à abattre, en passant par le sombre Rip Torn et la vénéneuse Ann-Margret (seule Tuesday Weld, en potiche amoureuse du héros envers et contre tout, fait tâche dans le tableau). De même, l’intrigue peut se vanter de s’achever sur une
note terriblement pessimiste
… même si l’effet de surprise est un peu flingué par la mise en scène de Norman Jewison, qui ne laisse guère d’alternative.
En effet, le Kid est si peu en danger tout au long du film que, sauf à refuser tout suspens, on peut difficilement imaginer une autre fin que celle-là
. La réalisation est, d’ailleurs, le principal défaut du film. Je dois sans doute avoir un problème avec le cinéma de Jewison puisque chaque film que j’ai pu voir ("Rollerball", "Justice pour tous"…) souffre des mêmes défauts avec un sujet intéressant gâché par une multitude de personnages pas toujours passionnants, des longueurs invraisemblables qui viennent parsemer le récit et un goût prononcé pour les dérapages kitschs. Ainsi, dans, "Le Kid de Cincinnati", Jewison perd beaucoup trop de temps avec les intrigues sentimentales (souvent, au détriment de la cohérence du scénario), les multiples parties de poker paraissent ne jamais finir et le spectateur moderne aura du mal à garder son sérieux devant les scènes romantico-gnangnan du héros à la compagne avec sa bien-aimée ou encore devant les tourments des personnages, en voix off, lors de la dernière main
à la conclusion tragique
. Quant au personnage du Kid, le talent de McQueen ne parvient pas à compenser l’absence d’empathie pour le personnage, trop sûr de lui et, surtout, dépourvu de tout passé que pourrait le rendre intéressant. Autre problème, l’exploitation de l’ambiance jazzy qui sert trop souvent de bouche-trous (voir la scène inutile où le Kid déambule dans la Nouvelle Orléans et observe une chanteuse au physique atypique) sans, pour autant, être réellement mise en valeur. On a, ainsi, un peu trop l’impression que ces séquences, et plus généralement la BO (avec Ray Charles quand même), ont été imposé en cours de tournage pour apporter une valeur ajoutée à un film souffrant d’une intrigue beaucoup trop légère. Car le scénario ne brille ni par son élaboration, ni par son originalité. Il ne reste, donc, guère que le jeu des acteurs à se mettre sous la dent et l’ambiance si particulière des salles de poker. C’est bien peu et, surtout, ça na supporte pas la comparaison avec "L’Arnaque".