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    Après la vie
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    Louis Morel
    Louis Morel

    46 abonnés 850 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 décembre 2013
    Lucas Belvaux clôt avec succès et talent son ambitieuse trilogie, l'une des plus belles réussite du cinéma francophone !
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 182 abonnés 4 175 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 novembre 2012
    « Rashomon » 1950, « Shorts Cuts » 1993, « Memento » 2000, « Amours Chiennes » 2000, « Cavale/Un couple épatant/Après la vie » 2002, cinq travaux majeurs qui réinventent une nouvelle manière d’aborder le récit cinématographique. L’entreprise de Lucas Belvaux imbriquant trois films tournés simultanément selon le système des poupées russes est sans conteste la plus ambitieuse du lot. La démarche de Belvaux n'était pas appelée à faire école car sans doute trop titanesque pour devenir monnaie courante dans le système de production actuel essentiellement basé sur la rentabilité assurée. C’est plutôt la recette maligne et spectaculaire proposée par Alejandro Gonzalès Inarritu et son complice scénariste Guillermo Arriaga qui a fait des émules, générant souvent de pâles copies tant le procédé immédiatement séduisant de l'histoire dans l'histoire peut vite se transformer en piège fatal si l’alchimie n’est pas parfaitement maîtrisée. Il aura fallu le talent du grand Sidney Lumet pour à plus de 80 ans réussir le tour de force de montrer aux deux jeunes mexicains qu'on ne la lui faisait pas. « 7h58 ce samedi-là » sera la dernière copie rendue par Lumet qui conclut de la plus admirable des manières son éclectique carrière. Lucas Belvaux s'il s’inscrit dans cette recherche d’un bouleversement de la narration filmique, propose une sortie hors des frontières du simple métrage. Trois films , trois personnages féminins, trois personnages masculins , trois histoires, trois genres mais un seul lieu d’action et un espace temps ramassé sur une seule journée. Il y a eu le dogme 95 de Lars Von Trier et de ses comparses danois puis européens , Lucas Belvaux s'est crée le sien pour lui tout seul. Tel Hercule et ses douze travaux, le wallon qui ne manque pas d’appétit se coltine en entrée le scénario, en plat de résistance la mise en scène et en dessert comme il a encore une petite faim il se prend le rôle principal du polar inclus dans sa trilogie. Le garçon a certes une solide expérience d’acteur mais en terme de mise en scène ce n’est pas encore loin s'en faut un stakhanoviste de la mise en scène comme l’étaient les Ford ou Curtiz de l’âge d’or Hollywood. Il a pour tout bagage quand il se lance dans le projet, une jolie comédie romantique réalisée six ans plus tôt (« Pour rire ! » 1996). Il faut que le garçon soit légèrement inconscient soit qu’il ait une idée très précise de ce qu’il veut faire pour proposer aux producteurs frileux une telle audace. Un peu des deux sans doute, personnellement je pencherais plutôt pour la deuxième hypothèse. L’exercice était donc périlleux mais s’il le réussissait plus rien ne pourrait plus lui faire peur. Depuis après une petite pause de trois ans bien légitime pour se remettre de ses efforts , il enchaîne les perles devenant un maître du film noir à dimension sociale. Pas bête il a pu se rendre compte à l’épreuve de sa trilogie que c’était l’exercice qui lui convenait à priori le mieux, l’épisode comique « Un couple épatant » étant un poil en dessous des deux autres. De quoi est donc fait cet OVNI cinématographique, fort bien accueilli à l’époque par la critique (Prix Louis-Delluc 2003) mais au succès public un peu décevant si on le mesure à la hauteur du tour de force réussi par Belvaux ? Parler de poupées russes comme évoqué plus haut à propos de cette trilogie n’est pas exact car si chaque film peut être relié aux autres, chacun a son identité propre qui l’autonomise complètement. Ainsi les trois films peuvent être vus dans n’importe quel ordre. Mais une chose est sûre, chacun des spectateurs ne sera plus "vierge" à compter du deuxième film. C'est à partir de cette certitude que Lucas le roué, déploie son savant stratagème qui produit lentement son effet délicieux, complétant les manques de l'épisode précédent ou contredisant certaines vérités acquises sur les personnages. Le tour de magie invérifiable étant bien sûr que l’effet recherché fonctionne dans tous les sens. Belvaux devenu Mandrake, nous a bien berné, on sait qu'il y a un tour mais on est bien incapable d'en trouver les ressorts. Chacun des films possède une colonne vertébrale suffisamment solide pour se tenir debout tout seul et permettre au spectateur de rester en éveil sur la durée totale de l’expérience qui dure quand même près de six heures. Rétrospectivement à la vue de « Cavale » on se dit que c’est bien dans le genre noir que l’acteur/réalisateur possède la plus grande dextérité. La minéralité de Bruno Le Roux terroriste d’extrême gauche (allusion à Jean-Marc Rouillan du groupe action directe ?) évadé de prison, fait immanquablement penser au « Samouraï » de Jean-Pierre Melville auquel Lucas Belvaux rend un hommage appuyé en laissant son film muet pendant près de vingt minutes. Le jeu ascétique de Belvaux est en droite ligne de celui du Delon des grandes collaborations avec Melville, Losey ou Deray. Quand Leroux relâche un peu son extrême tension pour venir en aide à Agnès institutrice toxico on se dit que cette part d’humanité retrouvée sera son chant du cygne et que comme le Delon du « Samouraï » il mourra selon un rite sacrificiel qu’il mettra lui-même en scène. Mais devant rester fidèle à son exercice imposé, Belvaux se doit d'apporter de l'eau au moulin des deux opus frères. C'est là que l'auteur développe les personnages secondaires appelés à tenir les premiers rôles leur tour venu. S'il nous manque quelques explications aux agissements de Leroux, l'atmosphère distillée nous ramène sans problème aux grandes heures du polar à la française des années 70/80. La musique de Riccardo Del Fra compositeur italien exclusif du réalisateur contribue grandement à l'envoûtement qui nous saisit dès le long prologue sans parole. "Un couple épatant", comédie fort honnête au demeurant ne tient pas toutes ses promesses sans doute parce que le couple formé par François Morel et Ornella Muti ne fonctionne pas parfaitement. Il manquait sans doute quelques années à François Morel pour emmener jusqu'au bout de sa folie ce personnage hypocondriaque qui paraît forcément un peu fade quand on a été nourri aux crises existentielles d'un Woody Allen. Fabrice Luchini aurait sans doute été plus raccord avec l'ambiance écheveleé réclamée par le scénario. Il ne faut toutefois pas faire la fine bouche et reconnaître que certaines scènes sont franchement drôles, notamment celles où apparait un Bernard Mazzinghi parfait en médecin libidineux prêt à raccompagner chez elles toutes les femmes qui passent à sa portée. "Après la vie", le drame, met en lumière le couple formé par Gilbert Melki et Dominique Blanc. Ces deux acteurs au regard pénétrant parfaitement en osmose sont à leur meilleur et Lucas Belvaux montre qu'en plus de savoir se diriger lui-même il est capable de laisser sortir le plus inattendu de ses comédiens. Dominique Blanc dont les yeux nous emmènent au tréfond de la détresse humaine se montre capable d'une férocité que l'on ne lui connaissait pas jusqu'alors. Lucas Belvaux a su réveiller chez cette magnifique actrice la Bette Davis qui sommeillait en elle. Gilbert Melki acteur rare et impénétrable montre dans cette partie dramatique une facette qui nous était cachée dans "Cavale".
    Au-delà de l'exercice vertinigineux auquel se livre Belvaux, il nous démontre de la plus belle et la plus efficace des manières qu'il faut toujours se méfier de la lecture univoque d'un personnage et que les vérités d'un être sont multiples suivant l'angle sous lequel on le regarde. Il nous montre aussi qu'au même moment les mêmes personnes peuvent vivre plusieurs histoires simultanées aux tonalités complètement opposées. Ainsi est faite la vie et au diable ceux qui se nourrissent de certitudes ! C'est peut-être le message que veut nous faire passer Belvaux et c'est peut-être aussi pour cette raison qu'il a réservé cette fin si sordide à son propre personnage pétri jusqu'à l'absurde de sa vision de la bonne marche du monde. Après un tel effort en début de carrière, pas étonnant que notre compatriote belge (les belges ne sont-ils pas un peu nos frères !) soit devenu un réalisateur si aiguisé qui s'il sans donne la peine sera notre Robert Sodmiak ou notre Otto Preminger national. Je suis sûr qu'il en serait fier.
    Nico2
    Nico2

    84 abonnés 939 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 6 juillet 2012
    Le dernier volet de la trilogie de Lucas Belvaux clôt magnifiquement l'ensemble. Ce drame intimiste porté par le formidable couple Gilbert Melki/Dominique Blanc, tous deux magnifiques de fragilité à fleur de peau, vous prend aux tripes et vous émeut sans cesse. Certaines scènes avec Gilbert Melki, comiques dans le premier film, prennent ici un ton tragique, ce qui montre la magie du cinéma et les grands talents de réalisateur et de scénariste de Lucas Belvaux. Un couple épatant/Cavale/Après la vie est une trilogie formidable par son ambition et sa grande qualité artistique que ce soit les acteurs, l'écriture ou la mise en scène. Des films comme ça, on en redemande.
    Caine78
    Caine78

    6 712 abonnés 7 398 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 17 février 2008
    Dernier opus de la trilogie de Lucas Belvaux et sans doute le meilleur. Ce "Après la vie" se révèle être un beau film, sobre et d'une grande dignité nous offrant le portrait d'un couple face à l'adversité, une histoire poignante qui, au contraire des deux premiers films, donne ici l'impression de plus prgresser dans l'intrigue, et de capter notre impression durant les deux heures sans interruption. Il y a également une véritalbe force qui se dégage de l'ensemble, tant par une réelle force émotionnelle que par la représentation du couple qui est donne ici, différent, déchiré, mais uni malgré tout dans l'adversité. De plus, le film conclut de belle manière ces trois histoires très différentes et pourtant intimement liés, qui devait être sans doute bien difficile à mettre au point. Gilbert Melki et Dominque Blanc sont excellents, et la scène finale vraiment très belle. Bref, même si on aurait aimé que cette trilogie soit un peu plus emballante de bout en bout, elle se termine toutefois en beauté. Une réussite.
    ygor parizel
    ygor parizel

    241 abonnés 2 503 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 septembre 2012
    Le meilleur de la trilogie, car il nous éclaircit les dernières zones d'ombres des deux précédents, révèle des éléments et détails qui clarifient l'histoire. Aussi certaines choses qui sonnaient fausses dans les deux autres sont vues sous un nouvel angle.
    Jonathan M
    Jonathan M

    131 abonnés 1 528 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 novembre 2016
    Voila une trilogie qui se clôture par le meilleur. "Après la vie" a la force d'un film qui peut se voir sans avoir vu préalablement visionné les précédents, mais qui en est pourtant indissociable pour en connaître la mécanique. Et cette dernière est exaltante. Lucas Belvaux a pris le soin de décupler les angles de vu pour nous montrer à quel point le cinéma nous mâche trop souvent le travail. On voit ce que l'on veut bien nous faire voir. La destinée de ce couple qui vit dans un amour malsain est périlleuse. Le cinéaste français tire sur la corde de la brutalité, visant juste avec un duo d'acteur, Dominique Blanc et Gilbert Melki grandiose. J'aime quand le cinéma joue l'intime.
    calamarboiteux
    calamarboiteux

    28 abonnés 440 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 5 juin 2008
    Les trois films de Lucas Belvaux forment réellement une trilogie, c'est-à-dire que non seulement ils présentent les mêmes personnages, mais aussi que certaines scènes ne trouvent leur sens qu’après vision des trois volets. Toute opinion fondée implique donc d’avoir regardé l’ensemble. Belvaux est un cinéaste qui prend son temps, privilégiant la création d’une atmosphère à l’action, et n’hésitant pas pour se faire à s’attarder sur des détails si besoin est.
    Après la vie est centré sur le couple du policier Pascal et de sa femme Agnès, héroïnomane. L’atmosphère reste sombre, et comme dans les opus précédent, casting et jeu des acteurs sont excellents. Ce qui fait problème, c’est le scénario, ou plus exactement son imbrication avec celui des deux films précédents. Le destin d’Agnès avait déjà été traité dans Cavale, Il y a peu d’éléments nouveaux. Le retour sur certaines scènes permet parfois de les compléter ou de mieux les comprendre, mais n’est souvent qu’une simple répétition. La mécanique se grippe, comme si Belvaux avait en partie fait ce film pour ceux qui n’ont pas vu les deux autres, ce qui n’est pas le bon choix, car ceux là auront malgré tout bien du mal à tout comprendre, Dommage, mais la trilogie dans son ensemble, de par son originalité et la qualité de sa réalisation, mérite plus qu’un satisfecit.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 11 février 2009
    [La trilogie de Lucas Belvaux n'est pas une suite, c'est un seul film vu sous trois points de vue différents. On suit trois couples qui sont chacun les héros d'un des épisodes, bien qu'on les retrouve plus ou moins importants dans les autres. Même si les trois épisodes sont très différents (une comédie, un thriller et un drame), il peut paraître préférable de les voir dans l'ordre, car ils contiennent de nombreux indices que l'on pourrait invalider en prenant l'histoire à rebrousse poil.]
    Le dernier volet de la trilogie de Lucas Belvaux est un drame. Certains critiques ont parlé de héros fatigués, c'est effectivement ce que l'on ressent. On trouve dans ce dernier point de vue le couple Gilbert Melki/Dominique Blanc, et des réponses à des questions laissées en suspens, de même que quelques scènes "surprise" intenses, que l'on imaginait pas exister à la vue des précédents épisodes. Toutefois, le meilleur de l'effet de surprise est passé, et "Après la vie" n'a pas le punch des autres, ce qui le rend moins prenant. Il reste qu'il y traite de belle manière la complexité du personnage de flic de Gilbert Melki, jusqu'alors un peu stéréotypé, démontant les clichés aussi facilement qu'il les avait construits. Après la vie est un autre type de combat : après une lutte contre l'infidélité (Un couple Epatant), une lutte contre l'injustice sociale (Cavale), c'est une lutte contre la drogue, éprouvante, qui ne nous épargne ni ses ravages ni ses implications. S'il pouvait paraître normal que la trilogie s'achève sur une note triste et déclinante, alors Lucas Belvaux peut se féliciter de l'avoir réussie jusqu'au bout.
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    238 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 25 mai 2008
    Le troisiéme volet de la trilogie de Belvaux est l'histoire d'un couple lâche partagé entre l'amour et la souffrance. Le cinéaste transpose ce sentiment fictif au niveau du spectateur. C'est à dire que nous sommes également partagé entre l'amour qu'on porte au film ( avec des scénes où les acteurs nous transcendent ) et la souffrance qu'il nous apporte ( certains instants sont contengemment ennuyeux ). Belvaux aime la ville, il a avec la ville un rapport d'attirance-repoussement. Bien qu'il la critique ( aussi bien dans "Aprés la vie" que dans "La raison du plus faible" où il dénonce l'incohérence de la société urbaine. ) il ne peut s'empêcher de la filmer, de la montrer dans ses détails comme dans de beau plans panoramiques. D'ailleurs "Aprés la vie" porte bien la patte de Belvaux : il filme les choses dans leur simple appareil, avec tellement de simplicité qu'elle se dévoile habitée, animée par la vie. Paradoxe que de ne pouvoir inexpliquer la réalisation si "simple" de Belvaux. C'est d'ailleurs la force du film : une simplicité hors norme, qui ne nous prend pas la tête mais nous donne matiére à vivre, matiére à expérimenter la vie. En quelque sorte, Belvaux nous plonge dans ses films pour mettre en exergue ce qui est autour de nous, ceci par le biais de la "fictionnisation". Et dans "Aprés la vie", Belvaux parle de l'amour, des affres que son bonheur nous apporte, théme injustement inexploité que Belvaux se fait un bonheur de mettre en image. Enfin, l'actrice : Dominique Blanc est de cette même veine que Marie Payen. Ce sont des actrices qu'on voit trop peu mais qui font grandir le cinéma dans un sens politique et émotionnel fort. En conclusion, ce film de Belvaux est beau, doux, le reflet de la vie, d'une vie, celle d'un couple comme on en connait tous mais que Belvaux "fictionnise" pour le bien de l'art.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 151 abonnés 5 135 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 janvier 2015
    Des trois le plus intimiste, le plus fort, le plus tendu. Quelle belle façon de raconter. Le duo est excellent. Une réussite majestueuse.
    Backpacker
    Backpacker

    78 abonnés 780 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 23 septembre 2007
    Suite à "Un couple épatant" et "Cavale", voici le dernier volet de la trilogie de Lucas Belvaux. Malheureusement, celui-ci, plus long que les précédents, souffre particulièrement de longueurs. En outre, certaines scènes ressemblent trop à celles de "Cavale", perdent en intensité et font donc régulièrement office de redites. D'où une véritable sensation d'ennui. A tel point que, narquois, on se prête à remercier le réalisateur de n'avoir pas créé un quatrième volet... Il convient donc de voir les deux premiers volets et de mettre le troisième entre parenthèses car ce dernier déçoit quelque peu...
    defleppard
    defleppard

    379 abonnés 3 373 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 19 novembre 2008
    Moi je dirais AVANT ce film et bien ne le regardez pas il n'en vaut vraiment pas la peine !
    Eselce
    Eselce

    1 395 abonnés 4 238 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 27 juillet 2016
    Très lent. Un inspecteur, une épouse toxicomane... Les personnages semblent piétiner. Les acteurs jouent justes mais l'histoire est peu passionnante. Cela ressemble à un téléfilm policier qui aurait largement pu être raccourci d'une grosse demie-heure.
    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    121 abonnés 2 039 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 3 juin 2021
    (Critique de la trilogie)

    Un diagramme de Venn, ce sont des cercles qui s'intersectionnent. Quand on en utilise trois, il existe un espace où chaque cercle rencontre les deux autres, et un espace où les trois se rencontrent. C'est exactement comme cela qu'est conçue la série de Belvaux, une trilogie sans ordre ou presque où chaque œuvre existe individuellement mais devient quelque chose en plus en union avec les autres.

    Un drame (*Après la vie*), un thriller (*Cavale*) et une comédie (*Un couple épatant*, un peu en retrait par rapport aux autres) s'allient non seulement pour étudier la part d'inconnu et d'incompréhension qui joue dans nos interactions avec les autres, mais aussi montrer celle qu'on considère souvent comme acquise dans un scénario, parfois sans s'en rendre compte - parce que c'est "comme ça". Pourquoi tel personnage se trouve à tel endroit à tel moment, pourquoi il est de bonne humeur ou a mauvaise mine, voilà le genre de détails que Belvaux ne laisse plus au hasard. On saura pourquoi. Chez lui, ce n'est pas simplement "comme ça".

    Grenoble sociale, Grenoble grisâtre, Grenoble inquiétante avec ses murs de montagnes, la ville s'entrouvre au passage de cette écriture soignée qui nous fait découvrir, dans la sordidité du crime aussi bien que dans le désespoir d'un foyer ou les idées les plus tordues conférées par les grands sentiments, que les facettes et les humeurs humaines sont bien plus proches les unes des autres qu'on peut le croire. Le bonheur peut surgir sans crier gare et le malheur s'immiscer partout : tous deux sont là, au coin de la rue, à cinq minutes près, derrière la réaction étrange d'une amie ou ce que nous sussurre notre sixième sens.

    Merveille sociopsychologique et cauchemar à distribuer, la trilogie est un ensemble lourd et froid qu'il vaut mieux voir sans savoir à quoi s'attendre, mais un travail de tissage narratif énorme.

    → https://septiemeartetdemi.com
    Jean-luc G
    Jean-luc G

    63 abonnés 773 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 mars 2018
    Voir et revoir le volet mélodrame de la trilogie de Belvaux pour la présenter en cinéclub est un exercice instructif. Le seul reproche que l’on pourrait formuler est probablement une certaine longueur, qui retire en partie du punch et de la densité à l’histoire.
    J’avais gardé en tête à la sortie du film la composition extrêmement dure et poignante de Dominique Blanc en femme enchainée dans l’enfer des drogues fortes. Certes Tarantino, entre autres, nous avait déflorés sur le sujet avec Pulp fiction. Il n’empêche les scènes de manque et d’overdose sont très éprouvantes : il est difficile de ne pas souffrir avec Agnès. Je comprends pourquoi elles me sont restées en mémoire, et m’ont plus convaincu que celle du jeune toxico de La prière de C. Kahn sorti cette année. Mais le rôle de Melki est tout aussi fascinant, complexe et intériorisé. Un flic qui franchit la ligne jaune de la compromission par amour, voilà un sujet qui donne de la consistance au scénario, et l’hésitation de la scène finale n’est pas absurde quand un homme doit soudain rendre des compte à lui-même.
    La ville de Grenoble offre un cadre connu, enserrée entre des montagnes proches, synonymes de cadre naturel, mais en même temps d’enfermement.
    Belvaux cadre serré ses personnages, dans ce qui reste le meilleur volet de cette trilogie inédite dans sa forme. Globalement, il est difficile de trouver des failles dans la cohérence des trois scénarios simultanés. L’exercice est réussi, et mérite d’être connu de tout cinéphile, ne serait-ce que pour cet aspect, formel et théorique certes, mais n’arrive-t-il pas dans la vraie vie, que l’on soit de temps à autre au premier plan, et à d’autres moments, acteurs secondaires moins impliqués ? GE3 - mars 2018
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