Après un premier opus monumental sorti en 2001 et qui lançait une trilogie aujourd’hui décrite comme un grand chef-d’œuvre cinématographique, Peter Jackson revenait donc un an plus tard, en 2002, avec ce deuxième volet de cette ambitieuse adaptation des romans cultes de J.R.R. Tolkien. Intitulée Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours, cette seconde aventure en Terre du Milieu se révèle plus sombre, plus violente, plus spectaculaire et plus impressionnante que la précédente, constituant sans aucun doute mon film préféré de cette trilogie. Après la mort de Boromir et la disparition de Gandalf, la communauté s’est dissoute et divisée en trois groupes. Perdus dans les collines d’Emyn Muil, Frodon et Sam découvrent qu’ils sont suivis par une étrange créature versatile appelée Gollum, corrompue par l’Anneau. Celui-ci promet de conduire les deux Hobbits jusqu’à la Porte Noire du Mordor pour qu’ils y accomplissent leur mission. A travers la Terre du Milieu, Aragorn, Legolas et Gimli, pourchassent le groupe d’Uruk-hais qui a enlevé Merry et Pippin. Ils arrivent alors sur les terres du Rohan, le royaume assiégés du roi Theoden qui est manipulé par Saroumane et son espion Langue de Serpent. Sur leur route, les trois compagnons y feront une rencontre inattendue qui les mènera vers le roi Theoden pour le libérer de l’emprise de Saroumane et le convaincre de mobiliser ses forces contre Sauron, qui s’est allié à Saroumane qui a réussi à rassembler une très grande armée afin de détruire le royaume des dresseurs de chevaux. Sorti en fin d’année 2002, Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours fut une nouvelle fois un très grand succès pour Peter Jackson et son équipe. Avec des critiques de plus en plus élogieuses, ce second opus de cette grandiose trilogie rassembla plus de sept millions de spectateurs français dans les salles obscures et totalisa plus de 926 millions de dollars de recettes dans le monde faisant de lui le plus gros succès de l’année 2002 au cinéma. Et il faut dire que le film mérite cette reconnaissance de la part du public et fut une nouvelle fois sacré par les plus prestigieuses récompenses du cinéma. Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours obtint deux Oscars : Meilleurs effets visuels et Meilleur montage sonore ainsi que deux BAFTA : Meilleurs effets visuels et Meilleurs costumes. Et ce qui frappe d’abord quand on voit ce deuxième film c’est que Peter Jackson a réussi à garder la même régularité dans sa mise en scène, remarquez c’est normal car il a tourné ses trois films à la suite. Et en effet, quand on regarde Les Deux Tours c’est comme si nous n’avions pas bougé depuis la fin de La Communauté de l’Anneau où on se replonge avec excitation dans la suite de cette grande épopée épique et grandiose où l’on retrouve l’impressionnant univers imaginé par J.R.R. Tolkien que Peter Jackson à formidablement réussit à porter à l’écran pour en faire une expérience cinématographique inoubliable : celle d’un voyage totalement immersif en Terre du Milieu. Et ce que j’apprécie encore plus dans ce film c’est que nous continuons à découvrir des lieux de la Terre du Milieu que nous ne voyons pas dans le premier film. Les Deux Tours permettent ainsi d’introduire le royaume du Rohan, magnifiquement mis en image par Peter Jackson qui est allé filmer sur ses terres natales de la Nouvelle-Zélande. Et ce qui fait la première force du film et du reste de la trilogie c’est ce côté très réaliste qui nous permet d’y croire encore plus et de nous plonger totalement dans cette grande fresque d’heroic fantasy. En filmant en décors naturels, Peter Jackson a apporté une vraie touche de réalisme à sa trilogie qui manque un peu à celle du Hobbit car cette seconde trilogie prequelle a plus été filmée en studios et sur fonds verts. De plus les costumes et les maquillages étant vraiment bluffants on a l’impression que Peter Jackson a pris de vrais Orques et Uruk-hais pour peupler le bestiaire de son film, un autre reproche que l’on peut faire à la trilogie du Hobbit où les créatures ne sont plus jouées par des acteurs grimés et vêtus de costumes mais sont entièrement réalisées en numérique et jouées en performance capture, ce qui enlève tout le charme de la première trilogie je trouve. Mais pour revenir aux paysages somptueux du film, notamment ceux du Rohan où l’on aperçoit les montagnes enneigées lorsque Gandalf chevauche les immenses plaines de ce magnifique royaume sur son fidèle destrier Gripoil, le spectateur ne peut qu’être émerveillé devant la beauté visuelle du film, qu’elle soit réalisée numériquement ou sur des décors naturels. Captivant de bout en bout grâce à un scénario toujours brillamment écrit, Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours est aussi l’épisode le plus sombre de la trilogie car explorant beaucoup plus la psychologie de ses personnages. D’abord notons la venue du personnage qui est sans doute le plus représentatif de cette trilogie : Gollum joué par le formidable Andy Serkis, acteur promoteur et maître de la performance capture qui a interprété dans sa carrière, en plus de Gollum, King Kong pour Peter Jackson dans son film sorti en 2005, le Capitaine Haddock dans l’adaptation de la bande-dessinée Tintin d’Hergé réalisée par Steven Spielberg et produit par Peter Jackson et le chimpanzé César, dans les reboots de la saga La Planète des Singes. Personnage instantanément culte, Gollum est une créature aussi attachante que détestable, victime de l’emprise de l’Anneau qui fait de lui un menteur et un meurtrier schizophrène complètement dérangé sur le plan psychologique ce qui le rend par moment assez terrifiant, la réplique culte « Mon précieux ! » achève de rendre ce personnage de cinéma culte et inoubliable. Et donc avec ce second opus, Peter Jackson et ses scénaristes explorent un peu plus la psychologie de tous leurs personnages, notamment celle de Frodon qui est de plus en plus affaiblie et victime de l’influence corruptrice de l’Anneau, le rendant parfois agressifs et impulsif. Legolas et Gimli prennent une plus grande importance dans l’histoire, les arrivées de nouveaux personnages complexifient encore plus l’intrigue comme ceux du roi Theoden joué par Bernard Hill, Eomer interprété par Karl Urban ou encore Eowyn jouée par Miranda Otto et enfin le personnage d’Aragorn, lui, se transforme peu à peu en leader et en un futur roi du Gondor en étant au plus près des combats avec ses hommes notamment lors de la bataille du Gouffre de Helm. Et donc sans transition, passons à ce qui a fait l’énorme popularité de la trilogie du Seigneur des Anneaux, ses scènes de batailles épiques et dantesques. Et avec Les Deux Tours, Peter Jackson nous livre ce qui constitue pour moi la bataille la plus impressionnante et démente de la trilogie : celle du Gouffre de Helm bien évidemment où l’armée de Saroumane composée de plus de 10 000 Uruk-hais attaque la grande forteresse du Rohan où se sont réfugiés Theoden et son peuple, accompagné d’Aragorn, de Legolas et de Gimli. Bataille titanesque, l’assaut mené sur le Gouffre de Helm est entré dans l’Histoire du cinéma par sa brillante mise en scène mais aussi et surtout pour son souffle épique jamais égalé dans le genre de l’heroic fantasy et dans le cinéma tout court ! Tenez, même Peter Jackson n’a pas réussi à retrouver toute cette puissance cinématographique avec la bataille de Minas Tirith dans Le Retour du Roi, un tout petit en poil en dessous de celle dont nous parlons, tout ça pour dire l’immense réussite inégalable de cette bataille du Gouffre de Helm. Sous la musique une fois de plus mythique d’Howard Shore, cette bataille monumentale brillamment filmée par Peter Jackson se déroule en pleine nuit, sous la pluie, où s’enchaînent des volées de flèches, des assauts répétés avec des échelles, où ont lieu une impressionnante explosion du mur d’enceinte de la forteresse, des combats violents où les hommes, aidés par les elfes, font faces aux Uruk-hais de Saroumane, un lancer de nain et une chevauchée aussi épique que majestueuse des cavaliers Rohirrims emmenés par Gandalf venus sauver le reste des survivants de la bataille. Alors que dire devant de telles scènes de combats ? Et bien on en prend plein la vue et on reste bouche bée durant tout le déroulement de la bataille, la plus inoubliable de la trilogie. Le seule problème : on en veut plus et on aimerait qu’elle ne se termine jamais tant elle bluffante. Hormis cet immense morceau de bravoure qui arrive au bout de deux heures de film, la seconde partie de l’épopée de Peter Jackson possède aussi d’autres moments mémorables comme l’affrontement avec les Wargs, celui entre Gandalf, par ailleurs toujours interprété par un immense Ian McKellen, et le Balrog au tout début du film qui envoie du très très lourd et enfin il y a la bataille opposant les Ents à Isengard où le repère de Saroumane est ravagé et inondé par les eaux. Une fois de plus, Peter Jackson prouve qu’il est un grand cinéaste dans le film d’aventure et de divertissement pur et dur, pouvant passer de scènes poétiques et lyriques à des scènes de batailles gigantesques et épiques. Avec ce deuxième film, Peter Jackson et son équipe continuaient leur lancée sans aucune fausse note ce qui fait forcément de ce deuxième opus un nouveau chef-d’œuvre du genre, et peut-être même le meilleur de la trilogie. Pour faire simple, Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours est une grosse claque qui fait très mal. La quête de l’Anneau continue donc et sa fin approche à très grands pas annonçant des heures sombres et déterminantes.