Comme je l'ai dit dans ma critique d' "After Earth", le film qui a fait connaître Night Shyamalan dans le cinéma américain est "Sixième Sens", long-métrage contant l'enfance perturbée de Cole Sear, qui voit, sans même rêver, des fantômes sans qu'aucune autre personne autour de lui ne puisse ne serait-ce que les apercevoir. Bon, avant de commencer, je tiens à préciser qu'on m'a honteusement spoilé la fin, et c'est ce pourquoi je ne lui mets pas bien plus que cette note. En effet, j'ai lu un comics du "Punisher", seul anti-héros de Marvel à ne posséder aucun super-pouvoir, et à sa toute fin, voila que l'un des personnages rigolait de la fin de "Sixième Sens", sans oublier de bien appuyer sur son twist final, qui, ne nous le cachons pas, est ce qui l'a rendu tant célèbre. Et c'est justement cela qui pourrait nous faire nous poser une question plutôt pertinente : Lorsque l'on connait la fin de "Sixième Sens", ou qu'on l'a déja vue, est-ce qu'il possède toujours son attrait et son intérêt? Et bien, je pense qu'il en perd beaucoup. Autant, parfois, souvent même, certaines oeuvres sont consolidées par une fin magnifique et inattendue ( là, je pense principalement au "Prestige" de Christopher Nolan, dont la dernière scène ne fait que le sublimer ), alors que d'autres ne trouvent d'intérêt que lors de la première vision. "Sixième Sens" fait partie intégrante de cette dernière catégorie. En effet, il perd tout son charme lorsqu'on l'a déja vu. C'est surtout dut à une ambiance plutôt lourde ( que je n'apprécie pas autant que dans "Shining", de Stanley Kubrick ) et à des longueurs réellement lassantes. Trop de dialogues plats, qui donnent l'impression de, quelques fois, ne servir à pas grand chose, pour ne pas dire à rien, rendent le tout trop lent. Bon, après, bien entendu, il y a la réalisation. Comme d'habitude avec Shyamalan, elle se révèle être atypique et très soignée. Les plans de caméra sont vraiment très bien pensés et positionnés, et imposent, à nos yeux, et ce pour la première fois au cinéma, ce que moi j'appelle "La Patte Shyamalan". Car oui, de tels plans de caméra, je n'en avais jamais vu avant ce long-métrage. Ils sont suffisamment bien choisis pour nous instaurer une ambiance étrange, fantastique et glauque au possible. Bon, pour un premier film, c'est sur que c'est réellement impressionnant, pour ne pas dire totalement bluffant. Ajoutez à cela que le mec a également rédigé le scénario, et vous ne pourrez que tirer votre chapeau au plus bas. Mais "Sixième Sens", c'est aussi l'occasion pour Bruce Willis ne prouver qu'il n'est pas qu'un acteur de films d'action, qu'on ne peut pas que le cantonner à son génial rôle de John McLane ( oubliez le quatre et le cinq, et ne pensez qu'aux trois premiers ), qu'il peut se révéler touchant et excellent dans un rôle totalement dramatique qui lui colle réellement à la peau. Son interprétation est tantôt renfermée tantôt bouleversante, et son expression de tristesse, qu'il arborera assez souvent, le rendra très humain. Un excellent choix de jeu d'acteur. L'autre grosse qualité du "Sixième Sens", c'est sans aucun doute, et je crois bien que nul ne pourra prétendre le contraire, son écriture. Alors oui, certains dialogues sont d'une inutilité plutôt lassante, mais ils sont entièrement éclipsés par un scénario brillant et parfaitement écrit, et ce afin qu'on ne se doute de rien, que l'on ne puisse jamais penser à un quelconque retournement de situation avant que ne vienne le twist final, totalement imprévisible lorsqu'on ne vous l'a pas spoilé. D'ailleurs, ce long-métrage me rappelle énormément "Shining" de Stanley Kubrick. Pourquoi? Tout simplement parce que je trouve l'ambiance glauque et oppressante de "Sixième Sens" plutôt similaire à celle de "Shining", qui offrait un rôle en or à Jack Nicholson et lui permettait de nous démontrer toute l'étendue de son talent, comme l'a fait, avec certes moins de talent, Willis dans l'oeuvre sujette à ma critique d'aujourd'hui. Les plans de caméra sont aussi étranges dans l'un comme dans l'autre, et le don unique que possèdent les enfants, et qui se ressemblent un chouilla, je trouve, est en fait à peu près le même. Même les morts ensanglantés rappellent ceux de "Shining", que l'on voit vers la fin. Haleyl Jole Osment, qui interprète le rôle du gamin persécuté par des visions, a une réelle présence à l'écran, et se révèle une véritable et authentique découverte. Il est, pour vous le dire plus simplement, parfait dans son personnage. "Sixième Sens" est donc une oeuvre de qualité, mais qui pâtit, aussi étrange que cela puisse paraître, de son twist de fin après qu'on l'ai vu, et qu'on souhaite de revisionner. Un film à usage unique, comme on dirait dans "Fight Club".