En revenant de voir ce film, j'ai relu la critique de Jacques Morice dans Télérama et je me suis dit : "quel beau film IL a vu !". Car moi, je n'ai pas vu le même. En fait, mes rapports passés avec le réalisateur ne donnaient guère d'espoir : je n'avais pas aimé "John John", j'avais détesté "Serbis" et j'avais entendu des réactions tellement négatives de la part des spectateurs sur "Kinatay" que je n'étais pas allé le voir. Seulement là, le sujet du film, ce qu'en disaient les critiques, etc., pourquoi pas une dernière tentative. Le problème, c'est que, pour des raisons qui m'échappent, Brillante Mendoza est devenu le nouveau chouchou de la critique française, il est de toute façon couvert de toutes les vertus et, une fois de plus, je me suis fait avoir. Oui, le sujet est prometteur, l'histoire de ses 2 grands-mères d'un quartier pauvre de Manille, qui se battent, l'une pour pouvoir enterrer de façon décente son petit-fils, assassiné pour un téléphone portable par le petit-fils de l'autre, qui elle se bat pour sortir cet assassin de prison. On espère trouver un réalisateur qui sache faire émerger l'émotion sans pour autant tomber dans le pathos, un réalisateur qui sache s'engager, mettre les choses en perspective sans pour autant tomber dans le manichéisme et le démonstratif. En fait, s'agissant d'un réalisateur philippin, on espère un cinéma proche de celui du regretté Lino Brocka. Problème : Brillante Mendoza n'a que 2 cordes à son arc : la provocation et la froideur. Je vais donc reprendre mot pour mot ma conclusion concernant "John John" : "pour une raison que je ne saurais expliquer, ce film ne m'a pratiquement jamais accroché et, dois-je l'avouer, c'est à peine s'il m'a ému !". Le jour où on me demandera de nommer le réalisateur contemporain dont le succès auprès des critiques et, avouons le, souvent aussi, auprès des spectateurs, me parait le plus incompréhensible, j'aurai du mal à choisir entre Almodovar, Kiarostami et Mendoza !