"Policier, Adjectif" est le deuxième long-métrage de Corneliu Porumboiu. Le cinéaste roumain déjoue les codes du film policier en mettant en scène la filature d'une histoire sans grand intérêt (des lycéens qui consomment du haschich), mais qui prend une tournure plus grave quand l'enjeu est de potentiellement mettre un des trois jeunes en prison. Le film suit l'enquête vaine de Cristi, jeune policier convaincu que les suspects n'y sont pour rien et conscient que la loi concernant la légalisation du haschich est sur le point de changer, qui ne trouve aucun élément permettant de disculper ces lycéens. Si la première filature montre avec patience l'inutilité d'une telle enquête, la seconde est redondante et menace l'ensemble de s'embourber dans une impasse. Mais "Policier, Adjectif" est un film plein de ressources, qui n'intercale pas ses scènes conjugales portées sur des discussions grammaticales par simple plaisir, mais qui utilise ces moments comme l'amorce d'un final où le jeu sur la langue devient politique. À la vision d'une formidable conclusion où l'utilisation du dictionnaire met en lumière des rapports de force inamovibles, le film dans son entièreté prend une dimension acerbe insoupçonnée. En lisant les définitions des mots demandés par son supérieur, Cristi est pris en piège par une manipulation arbitraire, mais il est aussi victime de sa mauvaise utilisation, voire de sa méconnaissance, des mots. En n'en connaissant pas toujours la portée et ne sachant pas comment les employer, à l'inverse de sa femme, c'est son engagement dans la police qui finit par se jouer : un choix qui ne relève non pas de réflexions liées à des compétences professionnelles mais une décision purement éthique, morale. C'est bien dans la nature de cette délibération qu'il faut percevoir toute l'intelligence du film.
Un plaisir sadique (que je ne suis pas) serait de forcer à la projection de ce film la plupart des "jeunes" qui nourrissent le box office des salles généré par les blockbusters. On peut imaginer la difficulté pour ces racailles de tenir en place sans se prendre les pieds dans la moquette des salles obscures ou de donner des coups dans le dossier de celui d'en face durant les 103 minutes lancinantes que durent ce film. De longs et pénibles plans séquences mal filmés et répétitives, laids et ennuyeux et une grande pesanteur des dialogues (l'insupportable scène de repas entre le flic et sa meuf) nuisent beaucoup à ce film décevant, surtout quand on a vu depuis cinq ans de très bons films roumains. 12h08 à l'heure de Bucarest, du précédent réalisateur, avait le mérite d'une certaine forme de burlesque alors que celui-ci, sous couvert d'une volonté de traiter la morale, la conscience (l'opposition entre l'individuel et la société) ne génère que l'ennui. Policier, adjectif a cependant quelques drôles moments grâce à l'ultime scène en long plan séquence qui révèle un humour proche de l'absurde. Le jeune acteur est très bon mais le film qui lorgne beaucoup vers Robert Bresson, déjà difficile d'accès reste d'une grande austérité.
Lors d'une filature, Cristi, un jeune policier, aperçoit un lycéen fournir du haschich à des copains. Le policier rechigne à l' arrêter alors que la loi l'y oblige. Il considère cette loi comme obsolète et ne veut pas avoir la vie (3 ans de prison) du jeune homme sur la conscience. Mais, pour son supérieur, le mot conscience prend une toute autre signification. Un film dit policier qui parle surtout de la police, de l'ordre et de la morale. Avec de longs plans séquences pendant lesquels il ne se passe rien, le réalisateur prend son temps pour dire peu. Son seul objectif : la scène finale très longue et très démonstrative autant pour le héros que pour les spectateurs. Bien que réussie, elle ne suffit pas à justifier les 1h50 de film. Aussi sur http://zabouille.over-blog.com
Second long-métrage pour le cinéaste Roumain qui réalise ici un polar étonnamment surprenant et très différent de ce à quoi on aurait pu s'attendre. Filmé et mis en scène comme un documentaire, Policier, Adjectif (2010) se veut linéaire et n'en déroge pas une seconde. Les longs plans fixes interminables s'accumulent au grès de quelques séquences loufoques (notamment la séquence final du dictionnaire, entre le policier et le commandant). Corneliu Porumboiu nous réserve là un polar singulier qui devrait en dérouter plus d'un.
Autant, malgré sa "Caméra d'or", "12 h 08, à l'est de Bucarest", le premier film de Corneliu Porumboiu, m'avait déçu en arrivant à presque gâcher un sujet en or, autant "Policier, adjectif", prix du jury d'Un Certain Regard 2010, m'a bluffé en arrivant presque à résoudre la quadrature du cercle en matière de cinéma : montrer l'ennui tout en n'ennuyant pas le spectateur. En effet, le sujet du film est la filature menée par Cristi, un jeune policier, à propos d'un tout petit trafic de hasch. Une filature au cours de laquelle il ne se passe pratiquement rien, sauf qu'on comprend que ce policier est avant tout consciencieux et honnête dans la mesure où il veut, malgré sa hiérarchie, empêcher un jeune qu'il considère innocent d'aller en prison. En cassant cette filature par quelques épisodes au commissariat ou avec son épouse, on arrive à vivre l'ennui quasiment de l'intérieur tout en étant presque en permanence, sinon passionné, du moins intéressé et concerné.
Pour un petit délit (fumer des joints après le lycée), un gamin risque 7 ans de prison. Le flic chargé de son dossier à des scrupules: n'est-ce pas disproportionné ? Un film à la lenteur indispensable. C'est le quotidien de ce policier roumain, un peu livré à lui même pour l'enquête par manque de moyens. Puis, lorsqu'il s'agit d'intervenir pour des délits aussi insignifiants, la hiérarchie pointe son nez et exige une répression démesurée. L'archaïsme des lois fait froid dans le dos. Les dernières scènes sont magistrales: l'humiliation méthodique de la raison par l'intransigeance au moyen d'un simple dictionnaire. Un conservatisme improbable qui pourtant lèse manifestement le pays. Le film est pour cela excellent de maîtrise et de méthode.
Montrer l’ennui d’une manière si crue, c'est la spécialité du nouveau cinéma roumain - et ça a quelque chose de remarquable. Mais on est ici bien loin de l’ennui fascinant des personnages de Sofia Coppola. Filmer la réalité dans ce qu’elle a de plus trivial est un calvaire pour le spectateur ! Evidemment, ces scènes minimalistes étirées à l’extrême encadrent des scènes de dialogues plus intéressantes. Mais si ces scènes de dialogues sont plus marquantes, c’est peut-être aussi parce qu’elles rompent avec l’insupportable monotonie de ce qui précédait…
Un film très étonnant, je dois l'avoué. N'ayant que rarement vu des réalisations roumaine je ne peux pas trop juger de se coté. Pour l'histoire, elle semble au départ sans grand interêt et assez longue à se mettre en place. Dans sa globalité, le film se veut assez ennuyeux. On suit la petite histoire, sans grande persuation. De long plans nous font également trouver parfois le temps mais l'on reste quand même dans l'attente. Puis le dénouement final. Là cela se veut humoir noir et serieux à la fois (un final convainquant pour ma part 'au vue de ce que j'ai vu l'heure précédente) mais bien spécial et étonnant pour un film du genre. Bien qu'assez subtil, l'humoir noir lest présent le long du film. PArfois au grè de situation assez loufoque, qui ont au moins le plaisir de nous interroger sur la chose^^. LE budget y ait peut etre pour quelques choses... En soit, on ne peut pas dire que le film se veut décevant (sauf si l'on voulait un peu d'action et une réalisation soignée) mais de nos jours, les "possibilités" font ; qu'on est possible de faire beaucoup mieux (avec cette même trame, une autre vision, maitrise de la chose ; aurait pu amener quelques choses de totalement diférent mais pourquoi pas interessant). Apres, il s'agit peut etre du style de réalisation roumaine (auquel cas, je n'adhère pas et ne suis (pour le moment) pas vraiment convaincu) , donc j'avoue ne pas être objectif. Mais un sujet, dans tout les cas ; à ne pas mettre de coté. Un film certe étonnant par sa réalisation et mise en scène (le jeu des acteurs étant juste), mais qui n'en demeure pas moins , interessant à exploiter et qui en fait un film à part entière. Déçu, certe (mais je n'avais pas d'atente particuliére) ; par un réèl manque de punch mais reconnait qu'on ne peut pas classifier ce film de mauvais. Certains apprécieront ce genre plutot spécial, et rarement vu au cinéma (n'étant que faiblement diffusé dans les salles, au détriment des blockbusters du moment...) ; mais qui pourrait avoir son public (petit selon moi, mais son public). A la limite, pour les amateurs. Mais pour les autres (je pense), passé votre chemin... Vous n'y trouverez qu'ennuis et aucun interet.
Film déroutant et intéressant par la réflexion et les questions qu'il pose. J'ai trouvé les plans fixes et les filatures, longues et ennuyeuses. Le réalisateur oppose, l'action quotidienne banale, fastidieuse, interminable, de la filature avec le sens, le rôle, le choix de la Police qu'on veut !!! Les deux scènes où chacun essaie d'expliquer, ce qu'il met derrière les mots, éclairent le film.... La "chanson d'amour sirupeuse" et les mots: conscience, morale, police. La discussion dans le bureau du commandant en dit long sur la façon dont chacun voit son rôle et la vie....
On ne peut que rester confondu (e) devant les moyens cinématographiques dérisoires exposés par Corneliu Porumboiu au service de son propos, à l'image des moyens matériels dont dispose son héros Cristi, inspecteur de police provincial et jeune marié taciturne, allant de service en service dans des locaux sinistres, réduit à rédiger ses rapports de filature à la main, le vieil ordinateur trônant sur son bureau minable étant probablement hors d'usage depuis des lustres - la seule concession à la modernité étant le téléphone portable (pas très récent, mais qui marche encore !). Cependant, cette austérité formelle est tellement ascétique qu'elle peut être gênante pour entrer vraiment dans l'univers si personnel du cinéaste roumain : beaucoup y verront sans doute un monument d'ennui - retrancher environ un quart d'heure sur l'heure cinquante-trois aurait pu faciliter l'abord de ce "Policier, adjectif". Les longueurs réitérées (filature) sont donc le seul bémol à apporter à ce film redoutablement intelligent. Cristi a des scrupules : arrêter un ado parce qu'il fume quelques pétards (et en offre sans précaution, en public, à ses copains) lui paraît disproportionné. Son supérieur le rappellera à l'ordre, au terme d'une hallucinante discussion, dictionnaire à l'appui (où l'on comprendra enfin le pourquoi du curieux titre du film) : le policier doit appliquer la loi, sans la confondre avec la morale - d'autres serviteurs de la loi ayant, eux, plus de licence en la matière, ainsi du juge qui peut utiliser sa conscience grâce à la notion d'équité. Brillante leçon de sémantique appliquée et de philosophie : un "polar" bien loin des sentiers battus. Bravo !
Porté par la nouvelle vague du cinéma roumain, "Policier, adjectif" combine une approche réaliste et qui donne souvent l'impression d'être en temps réel -comme l'exemplaire 4mois, 3semaines etc- et ton volontiers badin. Policier, adjectif convaint plutôt lors de ses trop rares dialogues, lesquels tendent souvent au sarcasme le plus pernicieux, mais lasse un peu sur la longueur de ses filatures sans fin. On ne peut cependant pas critiquer l'implacable conclusion de ce film qui cherche, au delà des amusantes considérations linguistiques, à illustrer le dilemme du policier contrarié par sa propre conception morale. Questionnement qui ne semble mener nulle part, si ce n'est à l'application aveugle de la loi, dangereuse mais réaliste conception du devoir des hommes de loi.
Sujet très intéressant . Un policier avec une certaine conscience de la réalité, qui, sous pression, finit par rentrer dans la norme que réclame son administration. Efrayant. Toutefois, le film est long, traîne. On ne demande surtout pas un film à l'américaine avec un rythme infernal, mais peut-être peut-on réduire les scènes où le personnage, déjeune, dîne, fait le guêt. J'ai beaucoup aimé 12h08 à l'est de Bucarest où le sujet justifiait certaines longueurs qui amenaient à l'apothéose du final, mais là les longueurs sont inutiles.
Au sein de la jeune garde roumaine, Corneliu Porumboiu s'est révélé comme le plus drôle et le plus cinglant de ses représentants avec 12h08, à l'est de Bucarest. Son deuxième film, Policier, adjectif, semble a priori son exact contraire, au moins pendant sa première partie. L'histoire d'un simple flic de province qui passe ses journées à suivre de loin les agissements de trois jeunes consommateurs de haschich. L'attente est interminable, le ciel est gris, et le film, contemplatif et austère, semble aller nulle part, si ce n'est dans le mur de l'ennui poli. Sans s'animer outre mesure, le récit va cependant devenir signifiant au fil des minutes. Avec, pour point d'orgue, une scène de presque une demi-heure, totalement surréaliste, où le chef de la police et deux inspecteurs vont s'affronter sur des questions de sémantique. Qu'est ce la conscience ? Peut-on avoir un cas de conscience, en tant que policier ? Et la loi dans tout cela ? Bref, nous voici en plein Kafka, avec une délicieuse ironie sous-jacente, qui permet de retrouver le Porumboiu critique lucide de la société roumaine. Cette simple scène éclaire a posteriori tout le dispositif d'un film épuré et d'une suprême intelligence. La seule condition, pour l'apprécier à sa juste valeur, est de ne pas se laisser abuser et décourager par la languissante première heure. Ce n'est pas un film drôle, mais c'est à coup sûr un drôle de film.
L'histoire d'un flic qui fait son travail. Mais, hum, ça reste assez administratif et lent. C'est le premier film d'auteur que je vois qui est formaté auteur exprès, je veux dire par là que vu l'intelligence du propos et de la fin, on ne peut pas accuser le réalisateur d'être un artiste ou un intello qui veut nous ennuyer parce que c'est la norme pour rentrer dans le sérail. Non, c'est le sujet qui est l'un des plus ennuyeux au monde, et montré comme tel avec la méthodologie adéquate pour carrément s'endormir pendant la première demi-heure. C'est à la fois intéressant et dangereux, puisque cette méthode peut littéralement casser la distribution et effacer le « succès » d'un film qui se révèle assez extraordinaire. Parce qu'il offre un regard un peu cynique mais surtout remarquable sur la vie quotidienne dans une administration roumaine, qui est en soi une bonne vision de toutes les administrations mondiales (en pire), privées y compris. Là où le réalisateur touche l'humanité, c'est dans son humour (discret) et son analyse des manques des êtres frustres tels qu'ils sont vraiment. Et ce que l'on peut faire pour améliorer les choses. Car on se doute bien que si tous les policiers ressemblaient à Sherlock Holmes ou Bruce Willis, il n'y aurait plus un seul bandit dans les rues ! Donc, vous allez avoir une grosse demi-heure de filature à pieds dans des rues pauvres de province roumaine totalement inintéressantes avec quelques coupures administratives pas très glamour dans un silence absolu, le flic ne porte pas de baladeur MP3. Et faut-il le souligner, un ennui souverain. Ma copine s'est même endormie, mais comme dans « Domaine », le public cinéphile parisien s'accroche et on savoure ensuite un petit switch dans la scène du couple puis des scènes hilarantes dont celle du commissaire qui couronne le tout. Sans aucune action, ni violence qu'elle qu'elle soit ! C'est une explication de texte de la vie ordinaire, la vraie même dans la police, trop extrême pour faire un excellent film, mais très fine et amusante au final. Réservé à un public intellectuel averti quoiqu'il en soit. Les autres dormiront ou s'énerveront très fort.