Ne s’éloignant pas des intérêts mafieux ou policiers, Dante Lam, cette fois-ci accompagné de Wai Lun Ng, revient dans un thriller pour le moins maudit. Après son raisonnable « The Triad Zone », il échoue sur un malheureux scandale, l’obligeant à remonter son récit pour un résultat assez alarmant. On ne peut lui reprocher ce blâme, cela viendra plus loin. Ce qui inquiète tout de même, c’est cette cruelle obsession à vouloir rendre son récit réaliste au possible. Il se heurte ainsi dans une écriture fastidieuse de ses personnages, peu engagés et peu convaincants.
Mais revenons à la faute technique. Chen Xinwei, alias OJ dont l’interprète Edison Chen fait polémique, est d’un brouillon absolu. L’acteur en question s’est donc vu amputer d’un temps considérable à l’écran, qui aurait répondu à nos attentes, sans doute. Il n’a pas de profondeur, ni émotionnelle ni fraternelle dans ce que l’on tend à nous enseigner. On ne parle que dans le vent et rien ne viendra appuyer les départs d’idées qui sont exploitées. OJ est le plus jeune de toutes les grandes figures de l’intrigue. Il est censé évoluer techniquement et mentalement. On ne fait que la moitié du parcours, en délaissant maladroitement la valeur humaine. Cela se lie sur le malheureux montage, couvrant de honte sans jamais étouffer ce manque de dignité qu’on lui reproche souvent…
Quant à ses collègues snipers, Fang Keming, alias Hartman (Richie Ren), est son instructeur et paternel aussi bien dans le monde professionnel que privé, du moins spirituellement parlant. On y apprend des notions de distance et de tir que les tireurs d’élite doivent entretenir avec efficacité. La compétence d’un sniper réside ainsi dans la possibilité d’intervenir d’un seul coup de gâchette pour changer la donne. Un ordre, une balle, une vie selon son bon jugement, car le seul à la commande du résultat est bien le technicien derrière l’instrument. Hartman pose ainsi des bases techniques qui réconforte la lecture plutôt engagée et ferme d’une discipline qui inspire l'état d’âme de chacun. Mais bien qu’il insuffle la droiture rigide et bornée, il dégage un passé qui le rattrape.
Ce passé c’est Jing/Ching, alias Lincoln (Xiaoming Huang). Fraichement redécouverte dans une passion meurtrière pour la vengeance. Pour les mêmes raisons évoquées précédemment, il n’interpelle aucunement l’humain avant la machine à tuer. Ce que l’on retient de lui n’est que poudre et poussière. Alors qu’il est le fil conducteur d’un récit, fragilisé par sa banalité, on n’exploite que la folie qui s’en dégage. Un démon est à l’œuvre, sans sa jamais prendre soin d’installer des motivations convaincantes. De même que son talent particulier pour le tir, on ne pousse pas assez son développement au maximum. Son sort, comme chacun des membres de l’équipe est anticipable au plus haut point. Alors que la tension et le rythme font parfois leur boulot, le reste ne suit pas et on ressort dubitatif devant un ensemble confus.
Ainsi, « Snipers » met en avant la justice élémentaire. Tout ne dépend que de l’homme derrière son instrument et sa décision de servir une cause juste ou non. On étudie ce que le rapport humain entre frères d’armes peut engendre, lorsque qu’un conflit challenger vient perturber une symbiose parfaite. Ce qui est dommage ici, c’est que l’on met en avant des personnalités et des individualités qui tiennent du talent. On aurait préféré une lecture plus fine quant à la gestion d’une équipe de tireur d’élite, où une communion autour de leur mission leur donnerait une meilleur inspiration qu’une trame banale, où l’action déferle comme une mitrailleuse en surchauffe. Le potentiel est partiellement handicapé par le montage fastidieux mais le réalisateur oublier d’exploiter son message clé, à savoir la fraternité. Il l’étouffe dans un flot d’affrontements qui se retrouvent décousus et inefficaces de bout en bout, malgré la bonne inspiration !