Etrange film que cet imprévisible récit sur la culpabilité et le désir de vengeance. Partant d'une histoire banale (un braquage de banque qui tourne mal), Götz Spielmann décrit avec minutie et une grande qualité d'observation de la nature humaine, la noirceur des thèmes qu'il évoque. Le milieu de la prostitution, dans la première partie (qui n'est pas sans rappeler le "Import/Export" d'Ulrich Seidl), est filmé avec crudité mais non sans le recul nécessaire pour atteindre le public et l'installer dans un climat à la fois rebutant et accessible, inconfortable et paisible. Spielmann prend le temps, dans son scénario, d'explorer chaque univers qu'il met en scène, quitte à rebuter en détournant nos habitudes. C'est une réalité qu'il filme, à la fois sociale (notamment le milieu paysan autrichien dans la deuxième partie), mais aussi une réalité souvent oubliée du cinéma en général, celle de l'inattendu. Le scénario, impossible à anticiper, part dans des directions plausibles face aux personnages en jeu, et le cinéaste filme ce drame banal tel qu'il aurait pu l'être ; sans rebondissements excessifs, sans révélations, seulement des enjeux gardés secrets à l'intérieur du personnage au coeur de l'action. On savoure alors avec plaisir la lenteur et l'attente sur laquelle repose la deuxième partie, mystérieusement sourde et pesante, d'une froideur machiavélique. L'homme redevient un animal à la furie intérieure, son calme est troublé, et Spielmann, dans le subtil quoiqu'abrupte contraste entre les deux parties (très distinctes), utilise le travail en campagne comme une renaissance humaine ; l'homme nourrit les animaux, coupe du bois, bref, il retourne à son état naturel, ne vivant pour autre chose que pour son propre interêt. Les mécanismes humains paraissent alors bien plus crédibles ici que dans n'importe quel film de genre où le protagoniste, bêtement vengeur, abat ses proies. En figurant dans le deuxième acte la répétition quotidienne de gestes dans un milieu inhabituel au