Un film qui promet d'être malsain, mais déçoit sur ce plan, car il frise l'équilibre, ou son arrivée inhabituelle dans un film noir. Dans d'autre mains, cela aurait pu être un festival de course poursuites, de misères imprévues, de traque à l'homme, etc.. Ici, pas du tout, et c'est ce qui crée l'originalité de ce film. Composé de 3 parties assez distinctes ("Ma vie au Bordel""Mon Attaque de Banque Mode d'Emploi""Comment J'Me Soigne") avec d'excellentes transitions puisqu'on n'y voit que du feu. La gestion de la Haine reste un petit bijou, puisqu'elle devient progressivement une intrigue campagnarde, proche du vaudeville. Inédit donc, à ma connaissance. Jusqu'au bout, on savoure l'excellence du scénario, mais surtout la qualité des dialogues. Enfin pas chez Mr. Krish (notre héros), un peu chagriné et frustré,et qui préférera parler (par dépit?) avec "sa petite langue", ou ses gros bras rustres. Mais remarquables au travers de Mme Strauss surtout. Elle nous convie à un festival de surprises dès qu'elle s'exprime. Quelqu'en soit la façon d'ailleurs. Progressivement, ce personnage, initialement totalement secondaire et accessoire, devient même un élément essentiel sur lequel repose le film. Bravo à tout spectateur qui pourrait deviner la fin du film, ne serait-ce qu'à moitié du film. Totalement imprévisible. Cela reste un thriller assez progressif et pragmatique, mais j'ai beaucoup aimé car il demeure respectueux de l'aspect psychologique de la situation (plus que délicate), avec une fin assez décalée et savoureuse. L'arme de la revanche étant l'ironie de la situation. Soit un thriller à sang froid dans un genre trop rare, ce qui le rend particulièrement appréciable. Un film noir, qui termine sur un sourire, et pourtant sans aucun "happy end" soporifique. Difficile à prévoir complètement. Oh, j'oubliai le rôle apparemment assez mineur du flic (A. Lust), mais qui se révèle être suffisamment éloquent sur un aspect assez rarement traité du policier. Selon moi, un film qui concentre le(s) talent(s), à ne surtout pas rater.