Ah, c'est sûr que cinquante ans plus tard, la technologie a pour le moins évolué, ce côté très « futuriste hyper avancé dans le domaine » pouvant faire sourire, mais on n'y prête finalement peu attention, le soin apporté aux décors étant assez bluffant, Joseph Sargent se montrant capable d'offrir de temps à autres quelques très beaux plans (à commencer par le premier, d'ailleurs). Parcours étrange que celui de ce film, production au départ ambitieuse avant d'être presque totalement sacrifiée par Universal au détriment de , alors qu'il avait beaucoup d'atouts pour devenir une référence du genre, statut qu'il mériterait presque aujourd'hui. Certes, le casting est peu prestigieux, mais ça ne l'empêche nullement d'être solide, investi, à l'image d'Eric Braden, qui a donc eu un autre rôle que celui de Victor Newman dans « Les Feux de l'amour ».
Même s'il y a eu traitement plus brillant concernant le « combat » entre l'Homme et la Machine, « Le Cerveau d'acier » sait se saisir intelligemment des enjeux de son époque (« sosie » de JFK, Guerre froide, nucléaire) pour enrichir son scénario, montrant des personnages souvent impuissants face à la puissance grandissante de l'ordinateur. Un vrai duel, moins prenant par moments mais toujours pertinent, notamment lors d'une deuxième partie prenante, où l'élaboration, ingénieuse, du plan de notre héros, va avoir fort à faire face à la perspicacité implacable de Colossus... Jusqu'au dénouement, peut-être un peu brutal (ça ne m'a pas dérangé outre-mesure), à la fois
imparable et inattendu, faisant peu de cas de l'habituel « happy end »
pour proposer, au contraire, une conclusion bien plus forte pour un titre de science-fiction digne de ce nom.
Deux suites étaient prévues (le film est adapté du premier roman d'une trilogie), n'ayant jamais vu le jour suite au succès relatif de l'œuvre. C'est peut-être un mal pour un bien : sans doute aurait-on glissé vers des scénarii plus faciles, moins originaux, avec des humains qui auraient, enfin, trouvé la solution face à l'indestructible machine... Tel qu'il est, même sans réalisateur de génie derrière la caméra, « Le Cerveau d'acier » donne satisfaction : c'est bien là l'essentiel, et pourquoi il faut le redécouvrir maintenant que l'excellente collection ESC a eu la non moins excellente idée de le sortir en France (oui, j'avoue leur faire pas mal de pub en ce moment!).