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Tedy
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3,5
Publiée le 17 juillet 2011
C’est avec humour que Takeshi Kitano porte un regard sur sa carrière, et plus largement sur le cinéma japonais. Pour cela, il ose le pari fou de réaliser le film ultime qui réunit tous les genres afin de plaire à tous. Parodies et loufoqueries sont donc au programme de cette œuvre originale.
Regarder un artiste se moquer de lui-même, de ses tics de créateur, des clichés de son art n'est pas des plus déplaisants. En outre, le fait que Kitano rappelle à notre bon souvenir qu'il n'est pas seulement un réalisateur destiné à ne tourner que des films violents de yakuzas ou sentimentaux un peu plan-plans n'est pas en soi une mauvaise idée : même si son statut de comique gras au Japon n'était déjà pas fameux, il n'hésite pas à égratigner son image de cinéaste « établi » d'une façon flamboyante, puérile certes mais pour le moins réjouissante. Ainsi « Glory to the Filmmaker » constitue depuis son titre ironique jusqu'à son achèvement l'expression criante de l'incapacité artistique du réalisateur japonais. Manifestement, à l'époque du tournage de « Glory To The Filmmaker » Kitano traversait une grave crise d'inspiration, mais contrairement à Fellini (clin d’œil : ici le long métrage est sous-titré « Opus 19/31 »), en portant à l'écran ses errements il n'arrivera pas à « créer » quelque chose, ou du moins pas quelque chose digne d'un tant soit peu d'intérêt (à vrai dire il le fera, mais plus tard, avec « Achille et la Tortue », véritable aboutissement du présent long métrage et véritable réussite cette fois dans la proposition d'une œuvre digne de ce nom conjuguée à une réflexion sur l'art, riche de sens et d'émotions). Ici l'impossibilité de faire est totale : Kitano s'autodissèque sous nos yeux (il se dédouble d'ailleurs en une poupée inexpressive : on l'aura compris Kitano se caricature à l'extrême), et on peut le voir trébucher encore et encore sans qu'il ne se relève jamais, pour finir triomphant dans un ultime sursaut d'autodérision. Littéralement, Kitano traduit en image son parcours, se montre en train de s'essayer à divers genres de cinéma (sympathiques caricatures de films d'Ozu et autres Jidai-geki), pour finalement revenir à ses premiers amours comiques, faisant la part belle à l'humour absurde et régressif. S'il s'agit bien d'un grand moment de n'importe quoi, assez drôle et intéressant pour comprendre le cheminement de Takeshi Kitano... ça s'arrête là. En effet Kitano rit de lui, mais il rit jaune, et le spectateur fera certainement de même, surtout s'il porte quelque peu d'intérêt à l'art du japonais : c'est amusant d'observer Kitano se cogner aux murs, mais on aimerait (tout comme lui certainement) qu'il réussisse enfin à trouver sa voie.
Kitano observe Kitano dans une introspection complètement délirante propre à ce qu'on peut imaginer si on pouvait radiographier son esprit. Son processus de recherche de scénario pour son prochain film est particulièrement bien et très drôle à le voir s'essayer à tous les genres qui finissent tous en eau de boudin. Son imagination débordante atteint ici son apogée avec la présence indispensable de ce pantin qui tient le rôle de fil conducteur au milieu de toutes scènes plus incongrues les unes que les autres. Même si parfois on perçoit mal l'objectif de ce cinéaste de génie, on reste émerveillé par son talent de mise en scène et la qualité de la réalisation...
A l'instar de "Takeshis'" (2005), "Glory to the Filmmaker !" est du grand n'importe quoi. Kitano continue donc sur sa lancée expérimentale. Mieux que son précédent film, "Glory to the Filmmaker" peine tout de même à convaincre avec sa narration brouillonne et apocalyptique. Il faut vraiment rentrer dans le délire de Beat Takeshi pour pouvoir apprécier ce long métrage et ceci n'est pas donné à tout le monde. C'est notamment le cas pour son humour assez lourd et répétitif. Certains gags trainent en longueurs et finissent par lasser. A côté de cela, certains passages demeurent purement géniaux. Cette fois c'est sûr, on peut dire que le réalisateur nippon excelle plus dans le film de yakuza ou de samouraïs. L'expérimental n'est, à ce jour, pas un genre qui sied à Kitano.
Un gros délire introspectif ! Une première partie au concept prometteur mais qui devient vite redondante et lassante. C'est dans sa seconde partie que le film prend toute sa dimension, Takeshi Kitano s'adonnant complètement au n'importe quoi complètement maîtrisé et jubilatoire. Et là, ça devient juste génial!
Après nous avoir déçu avec Takeshis' (2006), Takeshi Kitano nous revient une fois de plus devant et derrière la caméra avec Glory to the Filmmaker !, une œuvre expérimentale où le cinéaste revisite à sa sauce le Huit et demi (1963) de Federico Fellini et livre une comédie absurde en deux parties. La première, loufoque et drôle, se laisse regarder après un temps d’adaptation, quant à la seconde partie, l’incompréhension est totale, Kitano fait du grand n’importe quoi, un brin surréaliste. Fatiguant et lassant, on appréciera néanmoins le clin d’œil qu’il fait à Zinédine Zidane et son cultissime « coup de boule ». En fin de compte, Kitano devrait revenir au film de Samouraï (Zatoichi - 2003).
Kitano nous offre un regard amusé sur sa propre filmographie mais aussi sur le cinéma nippon en général dans ce film qui n'est rien d'autre qu'un gros délire parsemé de références (le coup de tête de Zidane, "Matrix") et d'absurdité qui fait rire grâce au charme du style du cinéaste. On peut se demander à quoi sert cet exercice de style mais le divertissement est là même si il y a quelques longueurs vers la fin.
Je préfère nettement le Kitano réalisateur de films yakuzas, voire plus intimistes comme le magnifique "a scene at the sea" qui reste mon préféré. J'avoue ne pas trop être entré dans le délire et ne pas goûter non plus à cet humour un peu trop potache. Quelques scènes marrantes comme la parodie du film d'Ozu, mais le reste tombe souvent trop bas... Une grosse déception pour moi qui me suis payé le DVD.
Figure blasée, regard imperturbable, Takeshi Kitano arbore dans «Kantoku Banzai» (Japon, 2007) un corps las, fatiguée d’être si peu inspiré. Mise en scène de sa propre impuissance créatrice, ce film de Kitano emprunte la figure du manga, ses découpages scéniques, son humour potache et ses codes d’expression dynamiques (cf. les chutes caricaturales). Tout s’ouvre sur l’occultation d’un pantin de fer au travers d’un scanner. Raide et inexpressif, au corps bleu sur lequel est inscrit l’insigne K. d’Office Kitano, la maison de production du cinéaste, le pantin révèle in fine contenir dans son crâne les brisures d’une caméra. L’analogie que Kitano crée entre lui et son pantin, qui l’accompagne tout au long du film, démontre un cinéaste fragilisé autant qu’anesthésié des tracas du monde. A ne regarder que les postures et les gestes de Kitano, c’est un être meurtri et blessé. Pourtant le film, dont il est l’auteur incontestablement, regorge d’enthousiasme, d’euphorie et même de joyeuse puérilité. Quand «Takeshis’» s’affilie à «Minna Atterika» dirait-on. Les différentes sortes de cinéma auxquelles s’adonne le film sous l’apparence du pastiche détournent ce qui fait le cinéma japonais. Ozu ridiculisé, films de gangster évincés, films de sabre brocardés, nô raillé, satires exagérés… toutes les influences qui construisirent jusque là le cinéma de Kitano forment une crise géante, un imbroglio farfelu et décousu d’hypothèses cinématographiques. Sous les aspects kitsch que servent les parodies de genre et la longue intrigue inspirée de mangas féminins, le désarroi de l’inspiration éprend le film. Crise de l’image (des effets spéciaux parsèment le film pour mieux parodier) comme crise de leur genèse. Kitano, grand contemplateur d’un Japon pluriculturel (du nô à la bâtardise télévisuelle), fourre chacune de ses sources d’inspiration dans un torrent pour en sortir une œuvre qui expérimente la matière première de la création.
Quand Kitano part dans ses délires ... il ne fait pas les choses à moitié. Et c'est vraiment très drôle. Autodérision, nostalgie, grand n'importe quoi ... "Glory to the filmmaker !" est tout ce qu'il y a de plus suprenant, surtout quand on connait l'oeuvre du réalisateur ... l'humour peut paraître parfois très lourd certes, mais ça reste globalement assez maîtrisié. Le rythme a tendance à baisser dans la seconde partie du film, rendant les gags un peu moins efficaces ... toutefois, ce délire réfléchi (en particulier sur l'inventivité, thème cher à Kitano) reste clairement une réussite.
Le manque d'inspiration est un de sujets passionnant dans son traitement au cinéma (les meilleurs exemples sont ADAPTATION et BARTON FINK), mais quand le film dévoile l'introspection de son propre réalisateur sans idée, le concept est tout simplement génial! Kitano, sur un ton toujours plus burlesque, va s'essayer à tous les grands courants cinématographiques japonais en les démontant un à un. Cet hommage loufoque au cinéma nippon ravira tous ses fans (sûrement plus que ceux de Kitano qui resteront décontenancés!). Puis, dans une deuxième moitié, le réalisateur au bord de la dépression nerveuse commence à réaliser une comédie totalement déjantée, sorte de gloubi-boulga brouillon de nombreuses références où tout se doit de devenir instantanément drôle! Cet exercice de style anodin mérite le coup d’œil malgré sa narration décousue sans queue ni tête.
Kantoku Banzai (titre en VO) remplace le titre original choisi par Kitano : “Opus 19/31” qui figure néanmoins dans le générique. Toujours dans le générique : les radiographies et examens cliniques de Ozu, Kurosawa, Imamura… les grands, les classiques du cinema japonais qui nourrissent la réflexion de Kitano sur le 7ème Art et qu’il parodie allègrement. Sans oublier Takeshi Kitano himself, parodié lui aussi. Dédoublement, prise de distance nécessaire à l’artiste pour alimenter sa réflexion. Il y a eu “Takeshi’s”, introspectif et onirique, qui a agréablement surprit ses “habitués”. On apprend qu’il constituait un premier volet d’une trilogie expérimentale, dont le deuxième “Opus” nous livre un mélange de genres d’une joyeuse cacophonie. Quel farceur ce Kitano ! Même en pleine “crise d’inspiration”, il ne peut s’empêcher de nous régaler avec sa fantaisie, son burlesque, son imagination débordante, ses délires et sa face pince sans rire. Ça part dans tous les sens. C’est peut être le film le plus fouillis de Kitano, avec quelques longueurs, mais quand on aime Kitano, on ne compte pas … les gags qui nous échappent. Et puis on sait que quelques baillements plus loin, il nous attend au tournant avec un nouveau gag, une bouffée délirante qui explose notre esprit rationnel en mille morceaux. Et c’est normal. Fin du film : radiographie du cerveau de Kitano et le diagnostic du médecin : “il est cassé”. Il faut bien que “ceci explique cela”. Et Kitano qui explique dans la presse ce film comme une experimentation, une “participation au cubisme cinématographique”. Suspens : pour le troisième “opus”, “Achilles to kame”, Kitano aura-t-il “réparé” son cerveau ?
Le réalisateur ne manque pas d'humour et d'autodérision. Il propose quelques scènes excellentes mais Kitano part dans ses délires et le film finit plutôt par ressembler à une succession de sketchs.
Takeshi Kitano a juré de ne plus vouloir tourner de films de gangsters. Oui, mais que peut-il faire d'autre ? Son introspection est le thème de "Glory to the filmmaker" où il s'essaie à la comédie romantique, au manga ou à l'horreur sans grande conviction. Kitano le cinéaste est dans une impasse et il en fait un film. Qui s'emballe soudain vers un grand n'importe quoi, ludique, mordant, hilarant dans un tourbillon d'images de plus en plus folles. Ce 8 1/2 kitanien est un ovni destiné exclusivement à ses aficionados qui le dégusteront avec gourmandise. Les autres passeront leur chemin.