Et bien voilà à quoi aurait pu ressembler Eden Lake entre de mauvaises mains ! Honnêtement ce Hunted est un franc ratage, et il n’y a pas grand-chose pour sauver les meubles.
Le casting est plutôt mauvais. Sur le papier on pouvait clairement espérer mieux. Basinger nous joue un personnage assez burlesque, mollasson même lorsqu’il s’agit de fuir l’ennemi, promenant un regard vide sur tout. Je ne sais pas si c’était voulu pour le personnage ou si c’est Basinger qui manque totalement de motivation, mais l’héroïne n’est vraiment pas des plus entrainantes. Lukas Haas de son coté se débrouille avec un personnage très basique. Il tire un peu son épingle du jeu, à la tête d’une équipe de racailles totalement pas crédible. A noter Craig Sheffer qui en fait des tonnes dans le rôle du mari violent.
Le scénario est atroce. En fait il n’y a rien, c’est du vent. Pas de suspens, des incohérences hallucinantes. Ainsi Basinger est un escargot, elle se débarrasse systématiquement de ses armes, les bandits discutent trois plombes avant de la tuer, ils se séparent tout le temps sans raison, ils sont totalement branques. Je veux bien mais les courses poursuites c’est du Bip Bip et vil coyote ! Le gars il courre il se prend la branche, il courre il se prend une souche dans les ***, il tire à trois mètres il rate toujours sa cible… dure d’imaginer pire pieds-nickelés que ces quatre lascars. Ca en devient comique par moment. La tension est absente hormis au début des problèmes. Dès que l’on rentre dans la forêt c’est cuit, le film ne réserve absolument plus rien de surprenants. Le rythme joue surtout sur la courte durée du métrage, et encore, le film est long à se mettre en place. Bref, dans le genre chasse à l’humain il y a nettement mieux que ce Hunted d’un vide quasi-abyssal, qu’une fin au vitriol ne sauve guère.
Visuellement ce n’est pas terrible. La mise en scène est assez laborieuse, et je dirai même qu’elle est plate, sans relief. La réalisatrice rate ses effets, elle ne parvient pas à pimenter son scénario par une mise en scène suffisamment nerveuse et tendue. Elle gère de surcroit très mal l’environnement forestier. C’est en effet tout un art de tourner en forêt, car on a très vite l’impression d’un film en vase clos avec des décors qui se ressemblent, et c’est justement le talent du réalisateur qui peut donner le sentiment d’évoluer. Là ce n’est pas le cas. Les décors précisément sont passables, mais comme je l’ai dis la réalisatrice exploite mal son univers, et du coup Hunted se trouve fade visuellement, pas aider par une photographie ratée. Le début était prometteur de ce coté là, mais ensuite ca se délite le film ne parvenant pas à structurer une atmosphère. Quelques effets sanglants qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe semblent avoir été ajouté pour maintenir l’attention. Heureusement, et ils sont plutôt sympas. Sinon je note une bande son convenable, surtout vers la fin, avec un travail sobre mais convaincant.
En fait Hunted est du niveau d’un petit DTV qui aurait pu être tourné par Un Wynorski, voir un DeCoteau des bons jours (c’est vrai ils n’en ont pas beaucoup, mais quand même). Le souci c’est que ce film a un potentiel beaucoup plus élevé, et qu’il y a des Wynorski et des DeCoteau qui parviennent à lui être supérieur à bien des égards. Cela laisse imaginer le niveau de l’ensemble. Absolument sans saveur en dépit d’un début prometteur, il avance uniquement sur les incohérences, les clichés, les lieux communs, et son casting ne le sauve guère. Pour les quelques qualités que j’ai retenu je lui donne 1, mais si vous souhaitez dans ce genre voir un excellent film, privilégiez sans sourciller Eden Lake, qui lui avait été une claque monumentale mais il est vrai plus âpre.