Michael Cuesta dresse un portrait juste et touchant de l'adolescence, livre un film très intelligent et subtil sur cette période si particulière qui voit la perte de l'innocence et les prémices du monde adulte. D'ailleurs, tout commence par la destruction d'une cabane, événement ô combien symbolique tant ce lieu est emblématique de l'enfance. Le film met rapidement ses jeunes personnages face à des situations inédites pour eux, qu'ils aborderont avec une certaine maturité, montrant que le cinéma peut très bien traiter les pré-ados non pas comme des enfants, mais comme des êtres sur le chemin de l'âge adulte. Le film évite tout traitement puéril, responsabilise complètement ses 3 personnages principaux. On peut lui reprocher de verser légèrement dans un certain manichéisme quand il oppose l'adolescence au monde adulte, dépeignant quelques personnages proches du grotesques ( les parents obèses par exemple ), mais c'est la seule petite erreur de 12 and Holding, qui ailleurs est une oeuvre d'une grande finesse, utilisant les stéréotypes propres à l'adolescence ( mais elle ne peut faire autrement, c'est une réalité ) tout en utilisant un ton plein d'habileté et de tact. Cuesta ne verse jamais dans la surenchère, semble chercher constamment l'émotion dans sa plus pure justesse. Sa mise en scène nous plonge directement dans la peau des personnages, grâce à une caméra qui de temps à autre se fait subjective. Non seulement nous voyons à travers les yeux des trois amis, mais nous ressentons également leurs sentiments, qu'il s'agisse de tristesse, de joie, de peine ou d'espoir. Et c'est la sobriété de ton de la mise en scène qui permet donc cela, puisqu'elle ne cherche jamais à en faire trop et qu'elle sait installer une approche plutôt naturaliste, même si le film n'est pas que naturaliste et qu'il se permet quelques envolées poétiques.
A travers le portrait de trois personnages, le film évoque de nombreux sujets liés à l'adolescence, qui ne sont pas pour autant étrangers au monde adulte : la solitude, la perte d'un être cher, le pardon, la découverte de son identité et l'affirmation de soi., etc. 12 and Holding frappe toujours très fort parce que le film accorde la même importance à absolument tout le monde. C'est qu'au fond, la base de nombre de tels sujets est la souffrance, le chagrin profond que chacun ressent. Michael Cuesta filme la tristesse infinie de ses personnages, cherchant à la faire disparaître en essayant de se confronter au monde extérieur, de trouver leur place au sein de la société, de faire ce qu'ils aiment pour enfin devenir eux-mêmes. C'est un grand film sage, plein d'humanisme, qui ne fait que dire l'importance de l'autre dans nos vies. Un film ouvert sur le monde, exhortant au dialogue, puisqu'il nous permet de régler nos problèmes. Et surtout, il évite de les provoquer.