"Madame Irma", nouvelle collaboration de deux des trois Inconnus, à savoir Didier Bourdon et Pascal Legitimus n'est ni leur meilleure oeuvre commune, ni leur pire. C'est un bon film loin du niveau des"Trois frères" ou de sa suite, dont j'ai fait la critique il n'y a pas si longtemps. Le défaut principal de "Madame Irma", c'est de se vendre sur une base de comédie, alors que ce n'en est clairement pas une. Une comédie, il faut que ce soit drôle, et lorsqu'on voit pareil film, on se sent plus proche du métrage dramatique que de celui humoristique. Et c'est surement pour cela que certains spectateurs ne l'aiment pas sans réellement savoir pourquoi. Au début, en visionnant ce long-métrage, on se dit : " Ok, Bourdon se la joue "Tootsie" version Dustin Hoffman, et il n'ira pas plus loin que ça." Et bien pour tout vous dire, c'est tout simplement faux. "Madame Irma" n'est pas une repompée de "Tootsie", c'est un film à part entière, un drame familial, une critique sociale sur le chômage et jusqu'où les gens seraient prêts à aller pour retrouver un emploi. Car oui, dans une précédente critique sur "La maison du bonheur", j'avais dit que ce dernier était une légère satire de notre société actuelle, alors que "Madame Irma" en est une qui l'assume et qui est bien plus poussée dans ses idées et qui part bien plus loin dans ses idéaux. Un petit tacle est aussi fait aux entreprises américaines et à leur prétendue froideur de licencier des employés ( prétendue car je ne veux pas entrer dans un quelconque débat ). Comme à son habitude, Bourdon glisse un petit message des choses à faire et à ne pas faire, c'est un peu sa marque de fabrique si vous préférez, tout comme il apprécie d'incruster des plans de caméra à demi penchés dans ses films. Ce qui m'en fait d'ailleurs venir à la réalisation, qui est plutôt de qualité. Et justement, ces plans de caméra sont recherchés, et on verra notamment ceux que j'ai évoqués plus haut et dont Bourdon s'accompagne à chacun de ses films, les plans à demi penchés ( je ne connais pas leur vrai non, donc j'utilise celui ci ). Ils sont en somme toute assez déstabilisants, et servent la plupart du temps à exprimer le malaise de certaines situations et le désespoir du personnage interprété par Bourdon. Mais depuis tout à l'heure, je ne parle que d'un seul Inconnu, et non de Pascal Legitimus. Si je n'ai pas abordé ce deuxième homme, c'est parce qu'il est ici, aussi paradoxal que cela puisse paraître, assez transparent. On voudrait nous le faire passer pour un premier rôle, mais c'en est en fait un second, au même titre qu'Arly Jover, qui joue Inès, la femme de Francis/Irma. En fait, Legitimus est bien moins important que Campan dans le Pari, par exemple. Et c'est bien là ce qui est dommage, car Legitimus aurait pu être l'un des points forts de ce "Madame Irma". Au final, son personnage est plutôt inexistant. Comme je l'ai dit plus haut, ce n'est pas tant une comédie qu'un film dramatique. Certaines scènes sont amusantes, à l'image de Bourdon qui compare son nouveau salaire avec celui de Legitimus, mais aucune n'est réellement drôle. Et si certains passages se révèlent assez amusants, c'est surtout parce qu'Irma la voyante fait des siennes. On rit dix minutes, mais dès que la surprise s'est estompée, on sourit à peine. Une légère déception, mais un bon film quand même que ce "Madame Irma", bien plus tragique que comique.