De réalisations en réalisations, Didier Bourdon perd le panache de ces deux premières oeuvres, Les Trois frères et Le Pari, qui distillaient de grandes satires sociales; ces sarcasmes, irrévérencieux mais potentiellement drôles, étaient suffisamment originaux pour se démarquer de la conformité de la comédie française. Or, on le remarque depuis Les Rois mages, le cinéaste s'enlise dans le vaudeville poussif et convenu. Démunie de son insolence, Madame Irma tente pourtant de nous interroger sur notre quotidien en illustrant son discours par une critique superficielle portant sur la vie professionnelle, décrite comme étant un milieu pervers, qui ne laisse sa chance ni aux petits ni au gros; on en sort édifiés. Le long-métrage exploite, une fois de plus, la complexité de la bourgeoisie en bricolant une intrigue qui, d'une part, n'a rien de profondément innovant et qui, d'autre part, manque sincèrement de pertinence; les ficelles du propos ne cessent d'être tirés même si certains arrivent à faire de cette thématique du travail quelque chose de très réussi. En outre, le réalisateur défend son personnage Francis, un cadre fainéant peu humain envers son personnel, qui exploite la faiblesse des gens et se travestit en voyante pour perpétuer le train de vie de sa famille après qu'il se soit fait viré. Ainsi, nous avons le droit à une réflexion sur la valeur de l'argent; le message livre une vision pessimiste et répétitive, alliant la relation d'un couple avec un certain prestige social. Hélas, une romance à l'eau de rose noie cette idée intéressante par une fin heureuse qui caricature la totalité de l'analyse, un peu trop décorative. Au final, bâti sur une bonne morale, la construction scénaristique nous dicte que l'argent n'est que secondaire à l'amour et que la sincérité est bien plus importante dans le couple. Et le rire dans tout ça ? Pratiquement inexistant, hormis peut-être quelques sourire qui figurent déjà dans la bande-annonce. Médiocre mais regardable.