Annulée... puis sauvée ! En mai 2018, les héros de Brooklyn Nine-Nine ont bien cru qu'ils allaient devoir rendre leurs badges respectifs, la chaîne FOX ayant décidé de ne pas les reconduire dans sa grille. Mais c'était sans compter sur NBC, qui a volé au secours de la comédie moins de vingt-quatre heures plus tard en commandant une saison 6. Alors que la 8 est attendue cette année aux États-Unis, la 7 rejoint aujourd'hui Netflix. Même si le nombre de ses fans grandit petit-à-petit, la série mérite d'être davantage regardée, et voici pourquoi.
ELLE S'AMÉLIORE AVEC LE TEMPS
Vous faites peut-être partie de ceux qui ont jeté un oeil aux premiers épisodes de la série, lancée en septembre 2013 sur FOX, sans aller plus loin car l'ensemble vous aura paru amusant mais sans plus. Dans un sens, vous n'avez pas tort, car le show n'a pas immédiatement pris la mesure de son potentiel, donnant l'impression d'être dans la retenue. Sans doute pour ne pas se couper immédiatement du très grand public en sautant la période d'installation et de familiarisation nécessaires, au profit de délires trop pointus. Ce qui a été le cas de bon nombre d'autres comédies avant elle : revoyez par exemple les débuts de Community ou Parks and Recreation, pour n'en citer que deux, et vous ne mettrez pas longtemps à constater les grands progrès faits par la suite, en matière de ton et d'efficacité.
Il en va de même avec Brooklyn Nine-Nine, pas aussi hilarante qu'espéré dans un premier temps, mais qui n'a cessé de monter en puissance depuis. Sans non plus se renier façon Cougar Town, qui avait changé son fusil d'épaule au bout de dix épisodes pour revenir à quelque chose de plus classique que ce que l'on nous avait vendu (mais sans pouvoir changer le titre, devenu caduque, ce qui deviendra un running gag dans chaque générique de début) : le show créé par Mike Schur et Dan Goor est et reste une comédie policière, qui ne néglige aucune des deux composantes de son genre. Des enquêtes y sont donc menées, de façon plus ou moins prolongée, et l'humour côtoie régulièrement le mystère, les coupables ne nous étant révélés que lorsque les héros découvrent leur identité.
Menés de façon carrée, les récits n'ont pas mis longtemps à séduire une petite communauté de fans, tout en donnant l'impression qu'il manquait quelque chose. Une sensation que les showrunners et scénaristes ont sans doute également eue puisque des changements se sont fait sentir dans la seconde moitié de la saison 1, puis tout au long de la 2 et ainsi de suite. Des fils rouges sont apparus, au même titre que des guests récurrents et marquants, et les épisodes d'anthologie sont aujourd'hui de plus en plus fréquents. Peut-être parce que la série a pleinement su tirer parti de ses personnages.
VENEZ POUR L'ENQUÊTE, RESTEZ POUR LES PERSONNAGES
Lorsque le projet Brooklyn Nine-Nine a été annoncé et associé à la mention "comédie policière", beaucoup sont ceux qui ont pensé à Police Squad !, la série emmenée par Leslie Nielsen qui a ensuite donné naissance à la saga des Y a-t-il un flic... ?, et carburait à l'humour ZAZ (pour Zucker - Abrahams - Zucker), à grand renfort de gags visuels et de détails qui tuent en arrière-plan. Ce qui n'est pas le cas chez Andy Samberg et les siens, et c'est peut-être ce qui a pu décevoir et donner l'impression que le show était un peu trop sage dans le registre comique. À tort. Car si tout semblait reposer sur les épaules de Jake Peralta, véritable cancre avec un goût prononcé pour les déguisements et Piège de cristal, chaque membre de son entourage a ensuite eu droit à sa part du gâteau, permettant à l'ensemble de se muer en vraie comédie de personnages.
Comme Parks and Recreation, précédent bébé du co-créateur Mike Schur, ou The Office, série sur laquelle il a travaillé en tant que scénariste avec Dan Goor. Il y avait pourtant de quoi être quelque peu inquiet au début de Brooklyn Nine-Nine car, malgré son efficacité, bon nombre des protagonistes semblaient réduits à des archétypes. Outre Jake, le rigolo de service, nous avions donc : Amy (Melissa Fumero), la perfectionniste névrosée ; Rosa (Stephanie Beatriz), la dure à cuire associale ; Boyle (Joe Lo Truglio), le gaffeur devant l'éternel ; Terry (Terry Crews), et sa sensibilité à fleur de peau cachée sous sa montagne de muscles ; Gina (Chelsea Peretti), qui donne l'impression de vivre dans un autre monde, le sien ; ou encore le Capitaine Holt (Andre Braugher), alias la personne la moins expressive du monde. Sans oublier Hitchcock et Scully (Dirk Blocker et Joel McKinnon Miller), aussi incompétents et fainéants qu'ils aiment manger. Et vous n'avez pas idée à quel point ils aiment manger.
Une belle bande de bras cassés que la série a vite su faire évoluer et rendre attachants : en leur donnant plus d'importance (Hitchcock et Scully, de plus en plus actifs) et/ou en leur créant des relations, que ce soit entre Jake et Amy, ou Boyle et Gina, liés par leurs parents respectifs et qui ont momentanément été amants. Il y a également les vies de famille de Terry ou encore celle de Holt, policier noir et homosexuel. Grâce à lui, ou à ses deux inspectrices latinas, Brooklyn Nine-Nine prouve aussi qu'elle sait faire jouer la diversité avec la même justesse que lorsqu'il s'agit d'humour, ou de trouver l'équilibre entre comédie de terrain et comédie de bureau à la The Office. Sans le côté faux documentaire et avec une absence de rires enregistrés qui lui permettent de faire preuve de modernité sur le fond comme sur la forme.
Loin du one-man-show d'Andy Samberg que l'on pouvait redouter en voyant le pilote, la série a su évoluer dans le bon sens, que ce soit dans son ton ou le traitement de ses personnages. Si bien bien que le commissariat de la 99ème rue de New York est devenu pour beaucoup de fans un refuge où l'on retrouve une famille, que l'on suit et aime depuis 2013, et qui ne cesse de faire croître notre affection pour eux, avec des gimmicks ou des épisodes récurrents, comme celui d'Halloween qui fait, chaque année, l'objet d'une compétition de plus en plus improbable. Un de moments les plus attendus de chaque saison, mais dont nous allons peut-être devoir nous passer.
C'EST UNE MIRACULÉE
Il n'y en a pas encore assez, sans quoi la série n'aurait pas été annulée pour des questions d'audience, mais Brooklyn Nine-Nine compte bon nombre de fans. Et ce sont eux qui aidé à la sauver puisque leur mobilisation suite à l'annonce de l'annulation du show par FOX n'a pas manqué d'interpeler NBC, qui a profité de l'occasion pour réparer une erreur commise jadis : bien que productrice, via Universal, la chaîne n'avait pas souhaité diffuser cette comédie et l'avait donc laissée partir chez un concurrent. Avec beaucoup de regrets. Elle se voit donc offrir une seconde chance, en même temps que Jake, Amy, Holt et compagnie.
Et il ne tient qu'à vous de rejoindre ces fans qui sont montés au créneau pour sauver l'un de leurs chouchous, en sachant que leur enthousiasme ne repose pas sur du vent. À l'heure où l'offre de séries ne cesse de grandir, nécessitant des choix de plus en plus drastiques, il serait dommage de passer à côté de celle-ci, qui sait être à la fois trépidante et drôle, sans être méchante et avec beaucoup de valeurs positives, qui s'incarnent notamment dans sa façon d'évoquer le racisme et l'homophobie, dans le regard de Terry envers ses partenaires, ou encore la relation non-toxique entre Jake et Amy. Et puis qui ne voudrait pas d'un show qui réalise une vraie parodie de Piège de cristal pour les besoins d'un teaser ?
Ne laissez donc pas le miracle du sauvetage de Brooklyn Nine-Nine sans suite. Un petit temps d'adaptation peut être nécessaire, mais vous risquez fort de vouloir prendre votre badge pour passer du temps avec la petite bande si vous vous mettez à suivre leurs aventures humaines et drôles.
Toute ressemblance avec un film culte emmené par Bruce Willis...
Terry Crews, Melissa Fumero, Andy Samberg & Stephanie Beatriz
Jake Peralta & Amy Santiago
Andy Samberg & Melissa Fumero
Terry Jeffords & le Capitaine Ray Holt
Terry Crews & Andre Braugher
Terry Jeffords, Charles Boyle & Ray Holt
Terry Crews, Joe Lo Truglio & Andre Braugher
Amy Santiago & Rosa Diaz
Melissa Fumero & Stephanie Beatriz
Scully & Hitchcock
Joel McKinnon Miller & Dirk Blocker