Le Sixième enfant de Léopold Legrand
Avec Sara Giraudeau, Benjamin Lavernhe, Judith Chemla...
De quoi ça parle ? Franck, ferrailleur, et Meriem ont cinq enfants, un sixième en route, et de sérieux problèmes d’argent. Julien et Anna sont avocats et n’arrivent pas à avoir d’enfant. C’est l’histoire d’un impensable arrangement.
Naissance du projet
Le Sixième enfant est adapté du roman Pleurer des rivières écrit par Alain Jaspard. Ce dernier a trouvé son inspiration après avoir eu connaissance d'un fait divers dans lequel un couple de gitans a vendu l'un de ses enfants à un autre couple de gitans en échange d'une BM et de 10 000 euros. Le metteur en scène Léopold Legrand, qui a été adopté devant la loi par la nouvelle femme de son père après le décès de sa mère (survenu quand il avait six ans), se rappelle : "Cette femme est devenue ma deuxième mère. J’ai donc grandi avec une double figure maternelle. L’histoire de ces deux femmes réunies autour d’un seul et même enfant m’a donc intrigué. En refermant le roman, j’étais très ému par les trajectoires de Meriem et Anna."
Travail ethnologique
Léopold Legrand a rencontré des communautés de gens du voyage lors de l’écriture du scénario. Le cinéaste est d’abord allé au pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer, où il a fait la rencontre de Nathalie Meyer, une femme Yéniche originaire d’Alsace : "J’ai passé un moment avec elle dans le camping où elle séjournait avec sa famille, je lui ai raconté mon projet de film et elle m’a ensuite accompagné tout au long de sa réalisation. J’ai d’ailleurs donné son nom de famille aux personnages de Meriem et Franck, en souvenir de cette première rencontre."
Pas de misérabilisme
Les décors choisis appuient le contraste entre les personnages : d'un côté il y a un couple d’avocats bobos et leur appartement parisien cosy, et de l’autre un ferrailleur et sa femme qui vivent dans une caravane sur un terrain à Aubervilliers. Léopold Legrand précise : "Partant de là, j’ai essayé de peindre ces deux univers avec justesse, en m’inspirant du réel, en recherchant la crédibilité à tout prix."
Image romanesque
L'image est composée de tons chauds et Léopold Legrand a tourné plusieurs séquences de nuit. Le metteur en scène voulait que l'esthétique du film lorgne plus du côté du romanesque que du social. Il a ainsi opté pour une image stylisée qui lui semblait intéressante pour dialoguer avec des décors ultraréalistes : "J’aime aussi l’idée de faire exister les choses par le hors-champ, d’où le choix du format 1.5, un format photo qui resserre le cadre sur les personnages, façon portrait, et laisse la place au son pour raconter le monde autour", confie-t-il.
Accouchement hors du temps
Pour la séquence de l’accouchement, Léopold Legrand a essayé de mettre en scène la naissance de cet enfant comme un moment hors du temps, alors que tout ce qui précède est construit autour de l’engrenage. Il précise : "Tous les enjeux convergent vers cette scène, mais je souhaitais un climax qui se joue en douceur, dans le regard des quatre personnages principaux. C’est finalement plus une séquence de portraits qu’une séquence d’accouchement à proprement parler, même si les plans de l’arrivée du bébé sont issus d’un véritable accouchement : nous les avons tournés en mode documentaire en amont du tournage."