Revoir Paris de Alice Winocour
Avec Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin...
De quoi ça parle ? A Paris, Mia est prise dans un attentat dans une brasserie. Trois mois plus tard, alors qu’elle n’a toujours pas réussi à reprendre le cours de sa vie et qu’elle ne se rappelle de l’évènement que par bribes, Mia décide d’enquêter dans sa mémoire pour retrouver le chemin d’un bonheur possible.
Le frère de la cinéaste témoin
Revoir Paris est une fiction, mais fait indéniablement penser aux attentats de 2015 : ceux de Charlie Hebdo mais surtout du Bataclan. Alice Winocour confie : "Mon frère était au Bataclan, le 13 novembre. Pendant qu’il était caché, je suis restée en lien SMS avec lui une partie de la nuit." "Le film s’est construit à partir des souvenirs de cet événement traumatique, puis à partir du récit de mon frère dans les jours suivant l’attaque. J’ai expérimenté sur moi-même comment la mémoire déconstruisait, et bien souvent reconstruisait les évènements."
Psychologie du traumatisme
Lors de sa phase de documentation, Alice Winocour a rencontré des psychiatres qui lui ont parlé de la notion de "diamant au cœur du trauma". Il s'agit de choses positives qui surviennent autour d’un événement traumatique (comme des liens forts entre personnes qui se nouent et qui ne se seraient pas noués sans l’événement). La réalisatrice précise : "Ils m’ont aussi parlé du phénomène du flash-back, et du trouble de « la mémoire récurrente involontaire », qui est très différent du souvenir et du classique flash-back au cinéma. Ici il s’agit de la reviviscence d’une expérience passée traumatique, qui fait surgir de manière soudaine et involontaire des images mentales qui envahissent la conscience, comme un éblouissement, une sorte d’effraction psychique."
Présenté au Festival de Cannes
Le film a été montré à la Quinzaine des Réalisateurs au 76ème festival de Cannes. Alice Winocour connaît bien la croisette puisqu'elle y a présenté Augustine et Maryland. Elle a par ailleurs fait partie du jury de la semaine de la critique en 2016.
Pendant le procès des attentats
Le tournage de Revoir Paris a commencé peu après le début du procès du 13 novembre, en automne 2021. Alice Winocour se rappelle : "C’était assez vertigineux. Quand on tournait certaines scènes comme celle des fleurs en hommage aux victimes, les passants étaient émus, à tel point qu’on a dû afficher de grands panneaux « tournage » pour éviter la confusion. Dans ma tête, en faisant le film, la réalité et la fiction se sont beaucoup côtoyées."
Un parti pris radical pour la scène de l'attentat
Alice Winocour a filmé la séquence de l'attentat via un parti pris radical. La réalisatrice voulait que le spectateur aperçoive très peu les terroristes et n'entende (quasiment) que le son des mitraillettes : "J’ai décidé d’adopter le point de vue strict de Mia qui est à plat ventre et ne voit que les pieds des assaillants. C’est tout ce dont elle se souvient clairement. De façon plus générale, comment montrer l’attaque ?" "Mon frère me disait qu’un attentat est irreprésentable. Un attentat, c’est la négation de la pensée, c’est impossible à montrer. Il me disait d’aller vers l’onirisme, le fantastique. Même si les souvenirs de Mia ne sont pas cohérents, avec la présence des fantômes, les victimes sont toujours là, dans sa tête."