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"Je suis fier que le film ait trouvé un tel public qui adore vraiment ce que nous avons fait. Ce film me rappelle que tant que vous avez tout donné pour faire un projet, même si celui-ci ne rencontre pas le succès espéré, ce n’est jamais la fin. Je suis tellement fier d’Event Horizon aujourd’hui. Si vous faites du bon boulot, un jour ou l’autre il sera apprécié par quelqu’un".
En 1998, Paul W.S. Anderson, révélé par Mortal Kombat et futur réalisateur de la franchise Resident Evil, livre Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà, un huis clos horrifique qui plonge un joli casting (Laurence Fishburne, Kathleen Quinlan, Sam Neill, Jason Isaacs, Joely Richardson) en 2047 dans une mission de sauvetage pour déterminer ce qu'il est advenu d'un vaisseau perdu autour de Neptune après avoir exploré les limites du système solaire...
Échec à sa sortie (27 millions de dollars de recettes au box-office US, 185 142 entrées en France), le long métrage, sorte de Hellraiser spatial, gagne ses galons de film culte grâce à son exploitation vidéo. Il est désormais disponible dans une version restaurée proposée dans un coffret collector Blu-ray 4K, agrémenté de nombreux bonus (un making-of de 1h43, des scènes coupées, un commentaire audio du réalisateur...) et goodies (cartes postales, affiche, patch, pin's).
À l'occasion de cette sortie événement, Paul W.S. Anderson a accepté de revenir pour nous sur le tournage du long métrage et quelques secrets de tournage marquants, ainsi que sur son influence. Un vaisseau inspiré de Notre-Dame, un Sam Neill qui a eu (très) chaud, un Kurt Russell visionnaire, un emprunt de Interstellar (et depuis de Thor Love & Thunder) : embarquez pour les coursives du Event Horizon... si vous osez.
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25 ans après, embarquement pour l'horreur...
Paul W.S. Anderson (réalisateur) : C’est l’un des films dont je suis le plus fier. Si j’avais à le présenter, je dirais que Event Horizon est un film d’horreur extrême et d’une grande originalité visuelle qui se passe, en plus, dans l’espace. Ce qui est incroyable c’est que la Paramount, m’a laissé entièrement tranquille et sans aucune interférence. Cela arrive rarement sur un film de ce genre. Mais j’ai eu de la chance qu’au même moment, James Cameron tourne son Titanic : le studio était très inquiet des dépassements de budget et du tournage au Mexique, c'était l’un des films les plus chers de l’histoire du cinéma. Même si on ne m’a jamais autant donné d’argent pour réaliser Event Horizon, ce n’était en rien en comparaison de la fortune dépensée sur Titanic. Bref, on m’a donc laissé faire ce que je voulais sur le tournage, à Londres. Ainsi j’ai pu laisser libre cours à ma créativité, ce qui explique une approche visuelle assez unique. Vous trouverez ainsi des influences de grands maîtres comme le peintre flamand Bosch. C’est vraiment un film intense et tellement sombre que les producteurs l’ont détesté quand ils l’ont vu fini pour la première fois et quand ils ont réalisé ce que j’avais fait avec tout cet argent. Je pense que ce serait un film impossible à produire aujourd’hui, ce n’est pas un film que feraient Amazon ou Disney . C’est donc un film unique et j’invite tout le monde à le découvrir ou le revoir...
La prédiction de Kurt Russell
Paul W.S. Anderson (réalisateur) : Quand le film est sorti, il n’a pas eu l’impact que j’espérais. Le box-office a été moyen, mais suffisant pour ne pas faire perdre d’argent au studio. Le film que j’avais fait avant, Mortal Kombat, avait été un gros succès et donc tout le monde espérait que ce serait encore le cas avec Event Horizon car j’avais travaillé très dur pour réaliser le meilleur film possible. J’étais donc surpris et déçu par les résultats... Toujours est-il que j’ai ensuite réalisé Soldier avec Kurt Russell et à qui j’ai dû montrer Event Horizon. En sortant de la projection, il est venu me voir pour me dire: "Paul, dans 20 ans, tu seras fier d’avoir fait ce film !". C’était très généreux de sa part et je crois qu’il a eu raison, car maintenant le film est considéré comme "culte". Kurt avait beaucoup d’expérience et il savait qu’avec le temps ce film trouverait un large public.
Notre-Dame dans l'espace
Paul W.S. Anderson (réalisateur) : Ce vaisseau spatial, c’est Notre Dame de Paris ! Quand j’ai préparé notre film, je savais que je devais trouver une inspiration originale pour le vaisseau spatial. J’ai commencé par regarder deux grands classiques : Alien et 2001. Ces deux films avaient un look marquant et unique. Pour 2001, ils ont collaboré avec la NASA pour concevoir le vaisseau du film de Kubrick. Quant à Ridley Scott, il a eu la chance de collaborer avec l’artiste suisse H.R. Giger, dont l'approche biomécanique était géniale. Je me suis donc demandé qui allait être mon Giger ou ma NASA ? Au moment de la préparation du film, je me suis retrouvé à Paris et je me suis rendu à Notre Dame pour la visiter. J'ai alors été surpris par la présence massive de cet édifice ! On se sent tout petit face à Notre Dame, comme si on était face à Dieu lui-même. J’ai eu une révélation. Je me suis dit que l’Event Horizon devait ressembler à la structure impressionnante de Notre Dame. Revenu à Los Angeles, nous avons reconstruit dans l’ordinateur la structure complète de Notre Dame. Ensuite, avec mon designer, Joseph Bennett, nous avons détaché toutes les parties principales du bâtiment. Finalement nous les avons réarrangées pour en faire un vaisseau spatial. La forme "crucifix" du vaisseau vient bien de la forme de cette cathédrale, comme l’est d’ailleurs la forme de toutes les cathédrales. Les moteurs principaux sont bien les deux tours de Notre Dame. Et les vitraux de Notre Dame se retrouvent un peu partout. Tout l’intérieur du vaisseau est donc entièrement inspiré de la structure gothique interne de Notre Dame. Je crois que ce design très "chrétien" a donné aussi un ton religieux au film. C’est comme si j’avais construit une maison hantée d’après une structure chrétienne : l’enfer qui se trouve à l’intérieur fait écho à la dimension religieuse qui habite mon film.
Des combinaisons très lourdes
Paul W.S. Anderson (réalisateur) : John Mollo (Star Wars, Alien) a été le créateur de ces combinaisons. Il nous a expliqué, notamment, les problèmes qu’ils avaient eus avec les costumes d’Alien où le casque n’était pas correctement arrimé à la combinaison principale. Il a réussi à nous faire des costumes incroyables avec un système de tuyaux pour que l’air puisse rentrer dans le casque et donner de l’oxygène aux acteurs. Mais au final, ses créations étaient vraiment lourdes à porter, plus de 40 kilos pour chaque acteur ! Ils ont tous souffert et ils ne pouvaient pas vraiment s’asseoir car le poids aurait cassé toutes les chaises disponibles. Nous avons donc dû construire des postes élevés pour que les acteurs puissent se reposer en s’y appuyant tout en restant debout. Ces costumes n’étaient pas faciles à enlever et donc il fallait obligatoirement aller aux toilettes avant de les mettre et de pouvoir tenir toute la durée du tournage...
Un barbecue de Sam Neill ?
Paul W.S. Anderson (réalisateur) : Je ne sais pas s’il a vraiment failli mourir. Mais c’est vrai qu’il a eu un peu "chaud" pendant le tournage ! Nous avons filmé à Pinewood Studios sur le plateau normalement utilisé dans les James Bond. C’est une structure métallique gigantesque avec un sol en béton. Pendant l’hiver, il y fait tellement froid qu’on se croirait dans un congélateur géant. À la fin du film, Sam Neill était nu et couvert d’un costume en plastique impressionnant et recouvert de faux sang. Sam avait tellement froid que nous avions installé des lampes ultra-chauffantes tout près de lui. Et nous n’arrêtions pas de lui dire de faire attention car s’il s’en approchait trop près, il pourrait brûler vif ! Mais tout s’est bien passé au final.
Des easter-eggs très personnels
Paul W.S. Anderson (réalisateur) : Au début du film, il y a un livre qui apparaît à l’écran : c'est mon autobiographie Paul Anderson: A Life. C’est amusant car j’étais jeune à l’époque pour avoir une biographie. Il y a aussi d’autres objets qui flottent, dont la montre que je portais vraiment à l’époque du tournage. (...) Ce qui est certain, c’est que l’équipe technique a, pendant le tournage et en post-production, mis un maximum d'easter eggs dans le film. (NDLR : un X-Wing de Star Wars se cacherait ainsi sur le vaisseau)
Une influence majeure du space-horror
Paul W.S. Anderson (réalisateur) : Il y a eu plusieurs jeux inspirés par notre film. Notamment Dead Space. Cela saute vraiment aux yeux quand vous y jouez. Beaucoup de choses, apparemment, ont été inspirées par Event Horizon. Je me souviens, par exemple, que le film Ad Astra avec Brad Pitt est en partie inspiré par notre film. Et quand Solaris est sorti, tout le monde a pensé qu’Event Horizon avait inspiré ce film avec George Clooney... sans réaliser qu’en fait il avait été inspiré, en toute évidence, par le film russe Solaris.
Une scène reprise dans Interstellar
Paul W.S. Anderson (réalisateur) : Oui, j’avais oublié cela ! C’est la scène où l’un des acteurs transperce une feuille de papier pliée pour expliquer un concept scientifique. C’est totalement tiré de la même scène dans Event Horizon. Comme on dit : "Si vous devez voler, volez aux meilleurs". Alors, si on me vole quelques idées, je ne peux pas vraiment m’en plaindre !
Le plus grand défi du film
Paul W.S. Anderson (réalisateur) : Techniquement, Event Horizon a été un défi colossal avec des mouvements de caméra complexes et des décors vertigineux. Mais au final, pour moi, le vrai défi a été de travailler avec des acteurs de ce calibre. Car à l’époque, j’ai été intimidé par Laurence Fishburne dont la légende a été écrite avec Apocalypse Now et Sam Neill qui venait de faire Jurassic Park de Spielberg. J’ai vraiment eu de la chance d’avoir ces acteurs avec moi, et qu'ils me fassent entièrement confiance. J’ai appris beaucoup de choses avec eux et je leur en suis vraiment reconnaissant.