AlloCiné : Comment tout a commencé pour vous ? Aviez-vous envie quand vous étiez jeune de faire du cinéma, ou peut être est-ce venu à vous sans que vous ne le cherchiez ?
Damien Bonnard, acteur : Ni l'un, ni l'autre. Quand j’étais jeune, je n’avais pas spécialement envie d’être acteur. Je voyais des films, j’allais un peu au théâtre. J’ai grandi à la campagne principalement, en Bourgogne. J’avais des cassettes vidéo et un cinéma dans lequel je distribuais des programmes en échange de places.
Et puis, c’est venu petit à petit : je me suis retrouvé à faire les Beaux Arts à Nîmes et à Bruxelles. J’y ai un peu touché à tout, et petit à petit, je me suis plus intéressé à la fiction. Je m’amusais à créer des fictions avec des images que je mettais côte à côte, des images papier que je découpais dans des magazines, ou des choses comme ça. J’ai écrit des textes, j’ai fait des petits films, des vidéos. Je faisais des performances, je me mettais en scène en public.
Après les Beaux Arts, j’ai fait plein d’autres métiers : des chantiers, de la pêche au Canada pendant un an. J’ai travaillé au CNRS à Paris. Et puis, je suis devenu coursier et je livrais plein de boites de production. J’ai commencé à me dire que j’avais quand même envie de me rapprocher de ça. J’ai commencé à faire de la figuration, puis des silhouettes, des silhouettes parlantes, puis des petits rôles. Et je m’étais inscrit en parallèle à des cours.
Ca fait quoi de se voir à l’écran la première fois ?
Il y a plein de films dans lesquels je me suis vu faire de la figuration. J’aurais du mal à répondre à cette question. Les premiers visionnages, on vérifie si on a à peu près fait le travail ou pas. Je pense que c’est la même chose pour chaque corps de métier, voir si chacun a réussi ce qu’il souhaitait faire ou ce qu’on lui a demandé. Je vérifie souvent ça. J’aime bien voir un film plusieurs fois pour prendre de la distance, ne pas se regarder, essayer de voir le film dans son ensemble.
Bien sûr, ma participation personnelle m’intéresse, surtout maintenant que j’ai des rôles plus grands, où j’ai plus de temps pour montrer des choses, mais ce qui compte le plus, sans fausse modestie, ça a toujours vraiment été le film dans son entier, en tant qu’œuvre, dans ce qu’il a à dire, et ce qu’il a à montrer. Ca fait aussi partie des choix que je fais. Je fais très attention à ce que dans tous mes films, il n’y ait pas une chose avec laquelle je ne suis pas en accord artistiquement. J’ai besoin de savoir que ce à quoi je participe, je peux le défendre.
C’est avec cela en tête que vous choisissez vos projets donc…
J’ai commencé tard. A 28 ans, j’ai commencé à faire de la figuration. Je me dis que la vie est courte, que je n’ai pas le temps de tout faire et les choses pour lesquelles je n’ai pas un réel désir, je ne les fais pas. Parce que le temps passe et je trouve ça beau de faire des choix.
Premier souvenir marquant de spectateur ?
Le premier film qui m’a marqué, que je regardais en boucle quand j’étais petit, c’était Le Bal des vampires de Polanski. Après, je regardais beaucoup Le bon, la brute et le truand. Amadeus aussi, Ghostbusters... Ce sont tous des films que j’ai dû regarder au moins 30 fois.
Vous êtes à l’affiche de C’est qui cette fille, un film indé franco-américain. Comment vous êtes-vous retrouvé sur ce projet ?
On a tourné à environ 80% en France et 20% à New York à peu près. Ce sont deux amis, Ruben Amar (qui fait partie des producteurs du film) et Lola Bessis (qui joue dedans), qui ont parlé de moi à Nathan Silver, le réalisateur. Il était en recherche d’un acteur. Nathan était de passage en France, on s’est rencontrés et on a tout de suite parlé de plein de choses. J’avais lu son scénario, qui était un script non dialogué, hyper détaillé.
Il y avait plein de libertés possibles, plein de choses à créer. On a parlé de plein de films qui me touchaient et comptaient dans ma vie, d’art, de choses comme ça. Je me suis dit qu’on pouvait faire un truc chouette ensemble. Je me suis lancé dedans, sachant que j’étais complètement naze en anglais, mais je joue un Français qui ne parle pas très bien anglais. Ca donne des choses assez poétiques, auxquelles on ne s’attend pas forcément.
J’ai beaucoup participé au film, j’ai ramené plein de gens que je connaissais comme la directrice de casting, des amis acteurs et actrices. Je les mettais en relation, ça marchait ou pas. Essayer de fabriquer le film ensemble comme on le faisait avec peu d’argent, en peu de temps. Trouver des lieux. Imaginer tout un tas de choses. On a beaucoup construit ensemble. Le fait de jouer en anglais avec ce personnage complètement fou, j’ai eu une liberté que je n’avais peut être pas eu sur d’autres films français. Mais en même temps, c’était un de mes premiers rôles principaux. C’était juste après le film d’Alain Guiraudie, Rester vertical. Là, c’était à l’opposé, un personnage très différent. Et puis le fait de jouer dans une autre langue me donnait plus de liberté corporelle.
Au départ, je trouvais ça hyper triste que nous n’ayons pas de distributeur en France. Nathan Fisher, notre vendeur international, a investi et monté une boite. Il a d’abord distribué le film Le ciel étoilé au-dessus de ma tête, qui était sa première sortie, et nous sommes les 2ème. Il s’est lancé, c’est hyper classe de prendre ce risque. Il est sorti aux Etats-Unis aussi, on a fait des supers festivals.
Passer derrière la caméra, écrire un scénario, une tentation ?
Oui, oui, j’essaye. J’ai co-écrit avec des amis, on essaye de faire des choses ensemble. C’est aussi un problème de temps, à consacrer à ça. Je devrais le faire plus. Je vais essayer de faire un court métrage cette année ou l’année prochaine. J’ai envie. J’ai un peu ce truc des Beaux Arts qui revient, j’ai besoin de créer au-delà du fait de jouer. Ca ne veut pas dire que je jouerai dedans. Je ne sais pas encore.
La bande-annonce de C'est qui cette fille :
Damien Bonnard, retour sur son parcours
Découvrez en images quelques uns de ses rôles au cinéma...
9 doigts de F.J. Ossang (2018)
Damien Bonnard avec Paul Hamy
En Liberté ! de Pierre Salvadori (sortie prochainement)
Damien Bonnard avec Adèle Haenel