Shining et ses deux sélections aux Razzie Awards de 1981
Pour sa toute première édition, on ne peut pas franchement dire que les Razzie Awards ont eu le nez creux... Classique absolu du cinéma d'horreur / épouvante signé par le maître Stanley Kubrick, Shining récolta deux sélections : celle de pire réalisateur (!) et pire actrice pour Shelley Duvall, qui fut au passage particulièrement maltraitée par le cinéaste sur le tournage.
Ennio Morricone, le maître trois fois nommé en 1983 !
On ne présente plus le maestro Morricone, légende vivante qui a signé quelques unes des plus belles BO de l'Histoire du cinéma. Ce qui ne l'a pas empêché de figurer en tête de liste des Razzie Awards en 1983 avec pas moins de trois sélections. D'abord pour la pire chanson pour le film Butterfly, partagée avec la chanteuse Carol Connors, pour la chanson "It's Wrong For Me To Love You". Il est aussi nommé pour la pire musique, toujours pour le même film. Et enfin une terrible injustice, limite scandaleuse : celle de la pire musique pour The Thing de John Carpenter !
Les Razzies du Président
Les Razzies aiment bien se payer la tête des chefs du gouvernement ! Ainsi, dès sa première édition, la cérémonie a tenu à rendre hommage au président et ancien comédien Ronald Reagan en lui décernant la récompense de la pire carrière. George W. Bush a lui été sacré pire comédien et pire couple à l'écran (avec Condoleezza Rice) pour Fahrenheit 911 de Michael Moore. Prophétique : avant d'être élu président des Etats-Unis, Donald Trump a remporté le Razzie du pire acteur dans un second rôle en faisait une apparition dans Ghosts Can't Do It en 1991 !
Ils sont venus chercher leur Razzie
On ne peut pas en vouloir aux lauréats : rares sont ceux qui ont l'audace de venir récupérer fièrement leur trophée. Quatre célèbres courageux ont tout de même affronté la critique. En 1996, Paul Verhoeven a récupéré la récompense du pire réalisateur en déclarant : "J'ai été célébré pire réalisateur et c'était bien plus marrant que de lire les critiques en septembre dernier". En 2002, Tom Green a déroulé son propre tapis rouge sur le trottoir, avant d'entrer dans le cinéma Abracadabra de Magicopolis à Santa Monica où se tenait la réception. Les comédiennes Halle Berry (accompagnée de son Oscar en 2005) et Sandra Bullock (avec des cartons du DVD de All About Steve) sont également montées sur la scène des Razzie Awards.
Wall Street (1987)
Wall Street, le film d'Oliver Stone sur les dérives du monde de la Finance et ses Wonder Boys déconnectés de la réalité, a réussi une doublette historique en 1988, seul exemple connu à ce jour. Le film remporte en effet l'Oscar du Meilleur acteur pour Michael Douglas, tandis que Daryl Hannah, qui partage également l'affiche, a remporté le Razzie de la pire actrice dans un second rôle.
La Porte du Paradis, 5 sélections et une (triste) récompense
Chef-d'oeuvre absolu signé Michael Cimino, cruelle démystification de l'Ouest et du rêve américain, La Porte du Paradis causa la quasi faillite d'un studio et tua la carrière du cinéaste. Des années après sa sortie, certains à Hollywood ne pardonnaient toujours pas au réalisateur d'avoir fait un film de démiurge. Le film a ainsi le triste privilège d'avoir été nommé cinq fois aux Razzie en 1982 : pire film, pire réalisateur, pire musique, pire acteur pour Kris Kristofferson, et pire scénario. Cimino fut élu pire réalisateur cette année-là.
Dans la série des sélections (totalement) farfelues...
Dans la grande tradition décalée de cette récompense, le jury des Razzie Awards n'hésite pas à faire des sélections farfelues et absurdes notamment en ce qui concerne les pires couples à l'écran. On trouve ainsi quelques vraies pépites. Dans le désordre : en 1984, Barbra Streisand était nommée pour Yentl dans la catégorie "pire acteur". Pourquoi ? Parce que l'actrice joue dans ce film une femme travestie en homme ! Amy, le gorille qui parle dans Congo, fut nommée pour le razzie du pire second rôle féminin (!); Jon Voight et l'anaconda animatronique pour Anaconda en 1998 au rayon du pire couple à l'écran. En 1997 d'ailleurs, toujours dans cette catégorie, Pamela Anderson et ses prothèses mammaires impressionnantes (!) furent nommées pour Barb Wire ! En 2009, l'inénarrable Uwe Boll "et n'importe quel acteur, caméra et scénario" fut aussi nommé au rayon "pire couple à l'écran".
Sylvester Stallone, le champion des sélections
Incontestablement, Sylvester Stallone détient la palme du plus grand nommé aux Razzie Awards depuis leur création en 1981. Il totalise au compteur 32 sélections et 11 Razzies (Pire acteur : Rhinestone, 1985, Rambo II : la mission & Rocky IV, 1986, Rambo III, 1989, Arrête ou ma mère va tirer !, 1993, Pire acteur dans un second rôle : Mission 3D Spy kids 3, 2004, Pire acteur de la décennie 1980, Pire acteur du XXe siècle, Pire réalisateur : Rocky IV, 1986, Pire scénario : Rambo II : la mission, 1986, Pire couple à l’écran : L’Expert, 1995. Mais quand même un Trophée de la rédemption pour Creed, en 2016.)
Madonna, la championne
On ne peut pas vraiment dire que les incursions de Madonna au cinéma lui ont porté chance... La chanteuse - comédienne à ses heures perdues est une championne des sélections. 16 sélections et 9 Razzies au compteur. Pire actrice : Shanghai Surprise,1986; Who's That Girl, 1987; Body, 1994; Un Couple presque parfait, 2000; A la dérive, 2003. Pire actrice dans un second rôle : Groom Service, 1995; Meurs un autre jour, 2003; Pire couple à l’écran : A la dérive, 2003; Pire actrice du XXe siècle. Chapeau !
Conan le barbare s'invite aux Razzie Awards
Par Crom, en voilà une sélection qui fait mal pour tous les fans du chef-d'oeuvre de John Milius (et ils sont nombreux) ! Figurez-vous qu'Arnold Schwarzenegger récolta une sélection dans la catégorie du pire acteur pour sa prestation sous les traits du héros Cimérien. Assez ironiquement, c'est une légende du théâtre et du cinéma qui remporta le trophée à sa place en 1983 : Laurence Olivier, pour sa prestation dans le film Inchon. Et oui, être considéré comme l'un des plus grands acteurs shakespearien n'empêche pas de traîner quelques casseroles artistiques...
Brian de Palma, nommé pire réalisateur 6 fois
Les Razzie Awards sont parfois injustes; on l'a vu avec Shining. Un autre exemple est à chercher du côté de Brian de Palma. Le cinéaste fut en effet nommé trois fois au titre de pire réalisateur, pour des oeuvres qui sont devenues des classiques ! Il ouvre ainsi le bal en 1981 avec Pulsions. Trois ans plus tard, il rempile avec Scarface, puis en 1985 avec Body Double. En 1991, il récolte deux sélections, dont une du pire film, pour Le Bûché des vanités. Dix ans plus tard, il est nommé au titre de pire réalisateur pour Mission to Mars.
Un pingouin aux Razzie !
La liste des nommés du millésime 1993 contient au moins une sélection choquante : celle de Danny DeVito au titre du pire acteur dans un second rôle pour Batman, le défi, alors que nombre de Critiques / fans s'accordent à dire qu'il est extraordinaire dans son rôle. C'est finalement Tom Selleck qui remporta la récompense de 5 $, pour sa composition dans le film Christophe Colomb : la découverte.
C'est pas parce qu'on a un Oscar qu'on n'a pas un Razzie
La liste des acteurs qui cumulent un ou plusieurs Oscars et un ou plusieurs Razzie est très longue. Parmi eux : Al Pacino, Halle Berry, Roberto Benigni, Marlon Brando, Laurence Olivier, Faye Dunaway... Notons qu'Eddie Redmayne a remporté l'Oscar du meilleur acteur en 2015 pour Une merveilleuse histoire du temps avant de se payer le Razzie du pire acteur dans un second rôle en 2016 pour Jupiter: Le Destin de l'Univers. Sandra Bullock a fait encore mieux en 2010 : elle va chercher son Razzie le 6 mars pour le film All About Steve avant de remporter l'Oscar de la meilleure actrice le lendemain pour The Blind Side !
Jack et Julie : le grand chelem
Respect pour le film Jack et Julie de Dennis Dugan qui a eu le panache de remporter les dix prix de la cérémonie à lui seul. Du jamais vu ! Parmi les trophées ahurissants décernés : celui du pire acteur dans un second rôle pour Al Pacino, celui de la pire actrice pour Adam Sandler (qui joue Jack... et Julie !), celui du pire plagiat pour avoir copié Glenn ou Glenda d'Ed Wood (qui n'a rien à voir) et celui de la pire distribution pour l'ensemble des comédiens du film... et donc pour Gad Elmaleh aussi.
Epargnés par les Razzies
Certains acteurs "nanardesques" s'en tirent plutôt bien ! C'est notamment le cas de Nicolas Cage qui, malgré ses huit nominations, n'a jamais remporté la terrible Framboise. Quant à notre Christophe Lambert national, malgré les navets enchaînés à grande vitesse dans les années 1990 (Fortress 1 & 2, Beowulf, Resurrection, Deux doigts sur la gachette, Mean Guns, Highlander 2 & 3, Mortal Kombat, Nirvana...), il n'a jamais été cité. Mais tout espoir n’est certainement perdu pour personne...
L'année du dragon, 5 sélections aux Razzie en 1986
Après La Porte du Paradis et ses cinq (scandaleuses) sélections, le jury s'acharne à nouveau sur le cinéaste. Là aussi sur un très grand film, qui avait d'ailleurs provisoirement remis en selle Michael Cimino : L'année du dragon. Le film fut nommé dans les catégories de pire film, pire réalisateur, pire actrice, pire scénario et pire nouvelle star de l’année. Hollywood a décidément la rancune tenace...
Les Ailes de l'enfer, élu au pire manquement de respect à la vie humaine !
Dans le sillage des nominations farfelues, les Razzie Awards dégaînent aussi des récompenses spéciales qui valent leur pesant de cacahuètes. Le 100% testostéronné Les Ailes de l'Enfer s'est ainsi vu décerner en 1998 un trophée au titre de "pire manquement de respect à la vie humaine et aux édifices publics". L'année précédente, Twister récoltait le "pire scénario pour un film ayant dépassé 100 millions de dollars de recettes". Et comment ne pas citer (à nouveau) Sylvester Stallone, élu pire acteur du siècle "pour 99,5 % de tout ce qu'il a fait" ?