Elisabeth Moss : de Mad Men à The Handmaid's Tale, retour sur le parcours d'une actrice engagée

Après les succès de "Mad Men" et "Top of the Lake", Elisabeth Moss reste fidèle au petit écran, avec "The Handmaid’s Tale". L'actrice ajoute ainsi à sa liste de rôles, forts et vulnérables à la fois, celui de la malheureuse Offred.

Diffusée à partir de ce mardi 27 juin sur OCS Max, The Handmaid's Tale fait déjà couler beaucoup d'encre depuis son démarrage au printemps dernier outre-Atlantique. Plébiscitée par la critique, l'adaptation du roman de Margaret Atwood nous plonge dans une société dystopique et totalitaire, où les femmes sont divisées en trois catégories. Elisabeth Moss y incarne Offred, une "Servante", vouée à la reproduction. Portrait d'une personnalité engagée.

LA "FILLE DE" LA PLUS CÉLÈBRE DE LA TÉLÉVISION

Débutant sa carrière très jeune, Elisabeth Moss est propulsée assez tôt sous les feux des projecteurs en raison de la popularité de la série A la Maison Blanche. Elle y prête alors ses traits à Zoey Bartlet, la fille cadette du Président des États-Unis, joué par Martin Sheen. Créée en 1999 par Aaron Sorkin, le show suit pendant sept saisons, le quotidien du Commandant en chef et de son équipe de collaborateurs. Récurrent, le personnage de Zoey vaut pour sa relation complice avec son père, laquelle a marqué les fans, comme sa liaison amoureuse interraciale contrariée avec l’assistant personnel du Président, Charlie Young. Quant à son kidnapping par des terroristes, le jour de la remise de son diplôme, il a tenu en haleine des millions de téléspectateurs. Après quelques mois d'attente, le cliffhanger est résolu dès le début de la saison suivante, donnant lieu à une scène de retrouvailles, entre le Président et sa fille, particulièrement émouvante.

UNE FÉMINISTE ENGAGÉE

L’ascension d’Elisabeth Moss coïncide favorablement avec un nouvel essor des séries télévisées, lesquelles deviennent plus ambitieuses et complexes. Ainsi, la comédienne décroche deux rôles particulièrement remarquables pour leurs trajectoires féministes. D’abord, celui de Margaret "Peggy" Olson dans Mad Men, dont le développement personnel est en adéquation avec son style vestimentaire. En effet, au fil des sept saisons, la secrétaire de Don Draper délaisse sa garde-robe conservatrice et sa queue-de-cheval, pour devenir une femme élégante et affirmée, au sein du milieu publicitaire misogyne du New York des années 60. Puis, dans un registre plus sombre, celui de Robin Griffin, détective mélancolique spécialisée dans la protection de l’enfance, dans Top of the Lake. Son interprétation, dans la peau d'une enquêtrice aux souvenirs douloureux enfouis, lui vaut le Golden Globe de la Meilleure actrice dans une mini-série, et lui permet de soutenir la thématique chère à Jane Campion, à savoir, la violence du patriarcat.

DES CHOIX AUDACIEUX

Du côté du grand écran aussi, certains de ses projets ne laissent pas indifférents. A l’âge de 17 ans, Elisabeth Moss interprète la patiente d’un institut psychiatrique dans Une Vie Volée, et campe une adolescente convaincue d’être enceinte de Dieu dans Virgin. Plus récemment, l’actrice a enchaîné les films aux sujets ambivalents et parfois controversés : hiérarchie des classes et dépendance aux technologies dans High-Rise, adapté du roman de science-fiction éponyme de J.G Ballard ; corruption supposée du Président des États-Unis dans le biopic Truth : Le Prix de la Vérité ; ou encore, faiblesses de la nature humaine dans le drame suédois de Ruben Östlund, The Square. Lauréat de la Palme d’Or du Festival de Cannes 2017, ce dernier a divisé la presse et suscité de vives réactions.

Avec The Handmaid’s Tale (dont une saison 2 est déjà prévue), Elisabeth Moss réaffirme sa volonté de s’orienter vers des productions ambitieuses, aux résonances contemporaines. Car, si la série se positionne comme une fiction aux accents lugubres d’un futur pessimiste, elle s’articule également comme une remarquable vitrine des mœurs de notre société.