Sage Femme (2017)
"C’est le moment où le personnage de Béatrice se retrouve chez Claire. Elle habite dans une cité à Mantes-la-Jolie, un petit 3 pièces. Et le personnage flamboyant de Catherine Deneuve qui est en pleine déroute, en pleine débâcle, se retrouve là et est obligé de vivre le quotidien de Claire avec elle. Il va se passer un truc magnifique entre elles, assez charnel en fait, des retrouvailles. Autrefois, c’étaient les sages-femmes qui accompagnaient les mourants. Elle sait faire avec la vie, donc elle sait faire avec la mort. Béatrice, qui est en difficulté, va se laisser approcher, se laisser toucher, se laisser masser par Claire. C’est un moment très beau dans le film, très joyeux. Il n’y a rien de dramatique. Elles se livrent l’une à l’autre. Claire va la rendre encore plus belle qu’elle n’est et en même temps l’accompagner vers sa fin."
Violette (2013)
"C’est un film que j’aime beaucoup. C’est Emmanuelle Devos qui jouait Violette Leduc qui est absolument extraordinaire dans ce film. C’est une image assez belle et assez juste du film. D’ailleurs c’était l’affiche. C’est cet amour impossible que Violette a pour les femmes et cet amour qu’elle va trouver chez Simone de Beauvoir, incarnée par Sandrine Kiberlain qui est absolument géniale. Il y a dans cette photo toute la problématique de Violette, c’est à dire cette impossibilité à rencontrer l’autre et qui créé une œuvre. L’œuvre, c’est le chant en fait. Je pense toujours aux inséparables qui ne chantent que si on les sépare. Cette photo m’évoque ça."
Où va la nuit ? (2011)
"Elle était extraordinaire Yolande Moreau dans Ouvert la nuit. C’est l’histoire d’une femme qui assassine son mari parce qu’il la bat. C’est un film très fort pour moi. La parité n’existe toujours pas dans notre société, on en parle beaucoup en ce moment. Et pour moi, c’est vraiment un film qui parle de ça. Ce film est une ôde à la liberté aussi, mais il y a un prix à ça et elle va le payer très très cher. Mais elle aura vécu ce moment là dans sa courte vie. Elle aura vécu ce moment de liberté, avec une cavale, avec Edith Scob. C’est vertigineux ce que fait Yolande Moreau. Je dis : Yolande, c’est une actrice métaphysique ! Elle me dit : ah bon, ça veut dire quoi ? (sourire)"
Séraphine (2008)
"Ca aussi, c’était magique, car je me souviens quand j’ai eu l’idée de faire ce film… J’habite à la campagne, dans le Vexin, là où j’ai tourné Séraphine d’ailleurs. C’est là où on a tourné aussi Sage Femme. Je savais que Yolande habitait dans le coin. L’entrepreneur qui était en train de refaire ma maison se vantait toujours d’avoir fait celle de Yolande. Je lui ai dit : Gérard, est-ce que tu peux me présenter Yolande pour que je lui parle de quelque chose ? Il m’a dit : je te rappelle. Et deux minutes après, il m’a dit : elle t’attend. J’ai pris tout ce que j’avais sur Séraphine et je suis allé chez Yolande Moreau.
Je suis arrivé chez elle, elle était en train de boire un coup de blanc dans son jardin. Il y avait des fleurs absolument partout. Je me souviens de ce moment comme si j’entrais dans le cœur de Séraphine. Comme s’il y avait quelque chose qui était déjà là. J’ai eu la même chose pour Catherine Frot et Sage Femme, ou Emmanuelle Devos pour Violette. C’est le travail que j’aime faire, aller au-delà de l’individu, de l’acteur, vraiment entrer au cœur du mystère de chaque individu et y trouver quelque chose que même l’acteur ne soupçonne pas."
Le Ventre de Juliette (2003)
"C’est Le Ventre de Juliette avec Julie-Marie Parmentier et Tom Novembre. C’est un film aussi sur la maternité, sur une jeune fille qui veut faire son bébé toute seule absolument, contre le père. Je vois que dans mes films il y a toujours un homme absent. Le père est toujours absent. Il y avait des choses très belles.
C’est marrant, en remontant le temps, avant Séraphine qui a marqué un cap pour moi, je suis toujours devant les imperfections. Je n’ai pas revu le film depuis longtemps, mais je crois que je n’aimerais pas trop car ce sont des brouillons. Mes premiers films, ce sont comme des brouillons, comme si je n’étais pas encore né moi-même. C’est très important ça. Dans le cinéma aujourd’hui, on voudrait que le premier film soit un chef d’œuvre… J’espère faire un chef d’œuvre avant de mourir, mais pas avant. C’est très important de faire des films très imparfaits, très maladroits. D’explorer. Et de permettre ça aux jeunes, c’est très important. De permettre l’erreur.
Tortilla y cinéma (1997)
"Il paraît que le film n’existe plus. C’est un film que j’ai fait grâce à Carmen Maura. J’essayais de faire mon premier film et je n’y arrivais. Et à un moment, elle m’a dit : « Martin, si tu ne passes pas l’acte, tu ne le feras pas. » Elle est géniale… On a tourné en 15 jours, je crois. « Tu m’as de telle date à telle date gratos, tu te démerdes ! » J’ai imaginé le scénario d’un jeune metteur en scène qui n’arrive pas à faire son premier film… L’histoire dans l’histoire. Ce serait intéressant quand je serai très vieux de se replonger car il y a là-dedans tout ce que je fais. J’ai beaucoup de tendresse pour les premiers films, il y a toujours de la maladresse, des imperfections, mais il y a la racine de tout ce qui va être plus tard."
Catherine Frot, à propos de sa préparation pour son rôle de Sage femme :
Diaporama - Les actrices de la carrière de Martin Provost
A l'occasion de la sortie de "Sage femme, le réalisateur et scénariste Martin Provost, ici entouré de Catherine Frot et Catherine Deneuve, commente en photos les films et les actrices qui ont jalonné sa carrière, de Carmen Maura à Catherine Frot en passant par Yolande Moreau. Découvrez notre diaporama commenté...
Catherine Deneuve et Catherine Frot dans "Sage Femme" (2017)
"C’est le moment où le personnage de Béatrice se retrouve chez Claire. Elle habite dans une cité à Mantes-la-Jolie, un petit 3 pièces. Et le personnage flamboyant de Catherine Deneuve qui est en pleine déroute, en pleine débâcle, se retrouve là et est obligé de vivre le quotidien de Claire avec elle. Il va se passer un truc magnifique entre elles, assez charnel en fait, des retrouvailles."
Emmanuelle Devos et Sandrine Kiberlain dans "Violette" (2013)
"C’est une image assez belle et assez juste du film. D’ailleurs c’était l’affiche. C’est cet amour impossible que Violette a pour les femmes et cet amour qu’elle va trouver chez Simone de Beauvoir, incarnée par Sandrine Kiberlain qui est absolument géniale. Il y a dans cette photo toute la problématique de Violette, c’est à dire cette impossibilité à rencontrer l’autre et qui créé une œuvre."
Yolande Moreau dans "Séraphine" (2008)
"Je suis arrivé chez Yolande Moreau. Il y avait des fleurs absolument partout. Je me souviens de ce moment comme si j’entrais dans le cœur de Séraphine. Comme s’il y avait quelque chose qui était déjà là. (...) C’est le travail que j’aime faire, aller au-delà de l’acteur, vraiment entrer au cœur du mystère de chaque individu et y trouver quelque chose que même l’acteur ne soupçonne pas."
Yolande Moreau dans "Où va la nuit" (2011)
Julie-Marie Parmentier dans "Le Ventre de Juliette" (2003)
"C’est un film aussi sur la maternité, sur une jeune fille qui veut faire son bébé toute seule, absolument, contre le père. Je vois que dans mes films il y a toujours un homme absent. (...) Je n’ai pas revu le film depuis longtemps, mais je crois que je n’aimerais pas trop car ce sont des brouillons. Mes premiers films, ce sont comme des brouillons, comme si je n’étais pas encore né moi-même."
Carmen Maura dans Tortilla y Cinema (1997)
"C’est un film que j’ai fait grâce à Carmen Maura. J’essayais de faire mon premier film et je n’y arrivais. Et à un moment, elle m’a dit : « Martin, si tu ne passes pas l’acte, tu ne le feras pas. Tu m’as de telle date à telle date gratos, tu te démerdes ! » J’ai imaginé le scénario d’un jeune metteur en scène qui n’arrive pas à faire son premier film… L’histoire dans l’histoire."