Acteur, réalisateur, professeur, cascadeur, photographe, maquilleur et créateurs d'effets spéciaux... Artiste protéiforme, surnommé "le parrain du gore", Tom Savini est, aux côtés de son illustre collègue Rick Baker, un des grands noms de l'industrie hollywoodienne, dont la réputation, en particulier dans les films de genre horreur, n'est plus à faire.
Son envie d’aller vers le maquillage vient de sa fascination pour l’acteur Lon Chaney et le film qui lui est consacré, L’homme aux mille visages, dont le titre est une référence directe au surnom de Chaney et surtout sa science absolue du maquillage, au point d'ailleurs que ce dernier écrira même un article à ce sujet dans la prestigieuse Encyclopedia Britannica. En 1968, il est mobilisé durant la guerre du Vietnam comme photographe de guerre. Il sera durement marqué par les horreurs et les atrocités dont il sera témoin durant le conflit. "On me demande souvent si mon expérience au Viêtnam a eu une incidence sur mon travail concernant les effets visuels et les maquillages. J'ai vu beaucoup de vraies choses gores là-bas. [...] Si je créé un effet visuel gore et que je n'ai pas le même sentiment que j'ai éprouvé à la vue de vraies mutilations, je ne suis pas satisfait". Sa mobilisation ne l’empêche pas de continuer à cultiver son talent pour le maquillage. Il apprend en autodidacte, d’abord, puis se perfectionne à la Carneggie Mellon University.
Rencontre avec un futur maître du genre
En 1976, après avoir travaillé sur de petits films de genre, George A. Romero, qui l’avait déjà pressenti pour participer à La Nuit des morts-vivants (ce qu'il avait dû refuser en raison de son départ pour le Viêtnam), l’engage comme maquilleur pour son film Martin, et lui donne également un rôle dans le métrage. C’est le début d’une longue collaboration et d'une vraie amitié entre les deux hommes, de Zombie à Diary of the Dead, en passant par Creepshow, Day of the Dead et Land of the Dead.
En plus de sa fidèle collaboration avec le grand maître du film de zombies, Tom Savini met son talent au profit des films les plus cultes du cinéma d’horreur, faisant souvent l’acteur dans les oeuvres dont il signe les effets spéciaux maquillages. Ainsi, Savini apparaît au générique du Vendredi 13 de Sean S. Cunningham ainsi que du Maniac de William Lustig. Il réalise les maquillages de Massacre à la tronçonneuse 2, et de plusieurs films de Joseph Zito, ainsi que ceux du thriller ultra-violent de Roger Avary, Killing Zoe.
Comme acteur, en plus de nombreux caméos où il apparaît en motard à grosse moustache, il incarne souvent des personnages de "bad-ass", délaissant assez rarement le film de genre : en 1996, il est l'impayable (et drôle !) Sex Machine dans Une Nuit en Enfer, réalisé par Robert Rodriguez sur un scénario de Quentin Tarantino. Plus de dix ans après, il retrouve Rodriguez pour le double programme Grindhouse et interprète l’adjoint du shérif dans Planète Terreur. Deux autres collaborations s’en suivent, avec Machete et Machete Kills dans lesquels il interprète Osiris, un Mexicain assez peu sympathique. Puisque le monde est petit – et surtout celui du cinéma –, Quentin Tarantino, le grand copain de Rodriguez, lui donne un petit rôle dans son Western Spaghetti Django Unchained.
Ci-dessous, pour le plaisir, (re)voici une séquence de Sex Machine dans "Une nuit en enfer"...
Tom Savini se prête également plusieurs fois à l’exercice de la réalisation. En 1990, d’abord, avec le tournage du remake de La nuit des morts-vivants, expiant ainsi sa frustration de n’avoir pu mettre son grain de sel dans le film original à cause de sa mobilisation au Viêtnam. Il réitère l’expérience dix ans après, en coréalisant deux films collectifs, Deadtime Stories et The Theatre Bizarre, film à sketches rendant hommage à la tradition du Grand-Guignol.
Maître incontesté du maquillage et des effets visuels, Tom Savini transmet aussi son savoir dans une école qu'il a fondé et située à Monesson, dans l'Etat de Pennsylvanie. Facétieux, l'homme possède même une maison hantée de fête foraine, qu'il a baptisé Terrormania, dans laquelle ses étudiants peaufinent leurs dernières créations macabres et particulièrement sanguinolentes, pour la plus grande joie des spectateurs venus s'offrir un bon coup de frayeur. Pas convaincu ? Jetez donc un coup d'oeil à la vidéo ci-dessous !