C'est un motif récurrent dans l'histoire du cinéma. Celui du créateur et de sa créature. Le créateur : tantôt savant fou, tantôt à la pointe de l'innovation, tantôt seulement en manque d'amour. La créature : puissante et fragile, innocente et monstrueuse. Souvent, le rapport de la créature à son créateur et celui du créateur à la créature sont un prétexte pour questionner, explorer quelque chose de l'humain.
Vouloir être humain à tout prix
Qu'il s'agisse du jeune David dans A.I. Intelligence artificielle ou d'Edward dans Edward aux mains d'argent, la créature est souvent mue par le désir d'être humaine à tout prix et par la souffrance de ne pas y parvenir complètement, par-dessus tout aux yeux des autres. Le robot, le monstre, est plongé dans un monde dont il n'a pas les clés, un univers hostile dans lequel il est difficile, voire impossible, de s'intégrer. C'est extrêmement cinématographique et cela donne des séquences déchirantes, d'une grande force émotionnelle. Le robot, le monstre, est une projection qui renvoie l'être humain à sa propre incapacité à tout à fait exister avec les autres, à sa propre solitude.
L'artiste et son oeuvre
Dans une certaine mesure, le créateur s'invente en tant que tel pour combler la solitude. Dans Buffy contre les vampires, Warren crée une jeune femme idéale, la jeune femme "parfaite", programmée pour être sa petite-amie. Sauf que l'humanité est aussi dans l'imperfection et très vite, ce modèle idéal s'étouffe dans la réalité. Créer un autre plus parfait que soi, c'est aussi imposer à cet autre un réel dans lequel il ne peut trouver sa place. Par un jeu de transmission, la créature hérite de la solitude et cède alors sous son poids. La question de l'intégration est une question primordiale. Pour l'être idéalisé, l'idéal devient l'humanité.
Le désir de grandeur
Le rapport de force qui s'installe a forciori entre le créateur et sa créature interroge les limites de la création, et le danger qui en découle. Vient toujours le moment où la créature échappe au contrôle de son créateur, il en va ainsi du monstre de Frankenstein. Un autre exemple probant est celui de Jurassic Park. Les motivations de John Hammond sont régies par un désir de grandeur, par le besoin mégalomaniaque de créer quelque chose de plus grand que soi, quelque chose qui le dépasse. Vient toujours le moment où la progéniture s'affranchit du géniteur. Et de forcer l'humilité du créateur. Oui, nous sommes humains, mais nous ne sommes qu'humains. Dans un sens, la créature, sans son inhumanité, permet au créateur d'identifier sa propre humanité, d'en définir les contours. Les premiers épisodes de Westworld semblent pointer dans cette direction. Façonner "à son image", dans une démarche d'ordre divin, c'est prendre le risque que l'image renvoyée soit celle de sa propre imperfection.
A se prendre pour un dieu, l'homme est renvoyé à sa propre condition.
La bande annonce de Westworld :
Westworld
Frankenstein
Le Dr. Frankenstein et le monstre, interprété par Boris Karloff en 1931
A.I. Intelligence artificielle
Une créature de rêve
Jurassic Park
Buffy contre les vampires
Warren et April dans la saison 5
Edward aux mains d'argent
Star Wars - Episode 1 : La Menace fantôme
C3PO et Anakin, son créateur