Vous voulez de l'espionnage ? Un peu de Michael Bay ? De la littérature sur grand écran ? Une série policière ? Et même le producteur de Terrence Malick ? Ça tombe bien, on a eu tout ça pour vous à Deauville en ce vendredi 11 septembre.
Le film
Agents très spéciaux de Guy Ritchie - Avec Henry Cavill, Armie Hammer… - Sortie le 16 septembre
Cette année, les films d'espionnage jouent des coudes sur nos écrans. Et plus c'est fun, mieux c'est. Après Kingsman et Spy, Agents très spéciaux le confirme, en adaptant la série homonyme des années 60. Un projet qui a connu de nombreux rebondissements (Steven Soderbergh y a notamment été attaché pendant quelques années) avant d'atterrir entre les mains de Guy Ritchie, qui nous offre un cocktail semblable à celui de ses Sherlock Holmes.
Devant sa caméra, Henry Cavill et Armie Hammer sont donc contraints de faire équipe pour faire tomber une organisation bien décidée à faire trembler le monde alors sous le coup de la Guerre Froide. Tandis que les espions tentent d'empêcher un conflit nucléaire, tout en se cherchant des noises, Alicia Vikander fait plus que tirer son épingle du jeu, avec une poignée de scènes réjouissantes. Et même si les rebondissements ne sont pas tous surprenants, Agents très spéciaux réussit sa mission qui est de divertir.
Etaient également présentés
Babysitter (Compétition) - Quelques jours après Emelie, un autre Babysitter débarque dans la Compétition. En moins psychopathe, puisque celui du premier long métrage de Morgan Krantz aura une influence bénéfique sur la famille dysfonctionnelle dans laquelle il œuvre.
October Gale (Première) - Rencontre salvatrice, épisode 2. A la veille de l'hommage qui lui sera rendu pendant la cérémonie de clôture, Patricia Clarkson s'est illustrée dans ce thriller qui voit son personnage, habitante d'une île isolée à la suite d'une tempête, recueillir un homme blessé par balles. Mais les choses vont se gâter lorsque son aggresseur va les retrouver.
Dope (Compétition) - La Compétition a-t-elle trouvé dans le dernier participant son favori ? Comme à Cannes en mai, le film de Rick Famuyiwa a enthousiasmé les festivaliers grâce à son énergie et sa bande-originale, produite par Sean Combs et Pharell Williams. Prix du Public en vue ? Voire mieux ?
L'hommage
Passer de Terrence Malick à Michael Bay relève du grand écart que Jean-Claude Van Damme n'oserait pas tenter. Mais c'est pourtant ce qu'a fait le 41ème Festival du Cinéma Américain de Deauville : après le réalisateur de The Tree of Life, c'est à celui de Rock et Transformers qu'un hommage a été rendu : "Vous avez l'impression d'être foutrement vieux quand même", nous déclare-t-il en interview. "Je n'aurais jamais pu imaginer que je recevrais un hommage ou un prix même si je sais que j'ai beaucoup de fans dans le monde qui voient mes films. J'en ai encore beaucoup en moi et je veux essayer d'autres types de films."
Drôle, détendu et passionné, Michael Bay paraît ainsi très éloigné des idées préconçues que certains peuvent avoir à son sujet : "Les gens pensent que je suis un méchant, alors que je suis quelqu'un de très gentil. Je suis attentionné et loyal, et je travaille très dur. Je connais chaque aspect et le boulot de chacun sur un plateau, et je ne le quitte jamais : certains réalisateurs vont dans leur loge, mais pas moi. Je vis et respire, j'encourage les gens et j'utilise les caméras." Et Michael Bay de nous expliquer qu'il n'hésite pas à se salir les mains, en nous montrant une cicatrice qu'il s'est faite au doigt en bougeant une caméra.
Personne n'est obligé d'aimer mes films
Pour autant, il se montre lucide vis-à-vis de ses rapports parfois difficiles avec les critiques : "Parfois, ils en publient avant même de voir le film. Mais on peut avoir 500 critiques grincheux et, dans le même temps, 800 millions de fans qui vont voir Transformers. Moi je préfère les 800 millions, surtout que ça ne s'est pas produit qu'une fois. Ça continue à chaque film que je fais. J'ai l'impression que, à force d'écrire dessus, certains ont perdu le plaisir du cinéma."
"A l'époque du premier Transformers, j'ai vu des salles où les gens riaient et applaudissaient, puis j'ai lu les critiques des grincheux, et je me disais 'Mais vous étiez dans quelle salle ?? Vous n'avez pas vu la joie des spectateurs, entendu leurs applaudissements à la fin ?' Personne n'est obligé d'aimer mes films, mais on peut dire que ça n'est pas sa tasse de thé."
Après un montage explosif et extrêmement bien rythmé d'extraits de ses films appuyant un peu plus son statut de roi de l'action, Michael Bay a, sur la scène du C.I.D., tenu à faire amende honorable : "Je souhaite m'excuser, sur le sol français et du fond du cœur, pour avoir détruit Paris dans Armageddon." Puis il a rappelé en quoi, selon lui, Deauville est si important : "Ce festival donne une leçon de cinéma américain aux Français, mais il montre également aux Américains ce qui est formidable dans leur propre cinéma. Je suis donc honoré et touché d'être reconnu dans un Festival qui rend hommage à ce qu'il y a de meilleur et de plus varié dans le cinéma américain."
Et puisque l'on parle de diversité, Michael Bay a également présenté la bande-annonce de son prochain film, 13 Hours, film de guerre centré sur l'attaque de l'amabassade américaine à Benghazi en Libye, le 11 septembre 2012, et dont la sortie est prévue chez nous le 27 janvier 2016.
La musique
Action et humour sont 2 des ingrédients principaux d'Agents très spéciaux, comme nous l'avons vu plus haut. Et une scène, que nous ne décrirons que brièvement pour ne pas spoiler quiconque envisage de voir le film dès le 16 septembre, l'illustre bien, lorsqu'une poursuite en bateau à Rome prend une issue inattendue, aussi bien à l'image que dans la bande-originale, avec l'utilisation de cette chanson. Laquelle participe un peu à la pointe d'émotion qui se dégage de la fin de cette séquence.
Au micro
Terrence Malick absent car pris par le montage de Weightless, son prochain film, c'est Nicolas Gonda, son producteur depuis Le Nouveau monde, qui est venu sur les planches pour l'hommage au réalisateur et la présentation de Knight of Cups. L'occasion d'essayer, en sa compagnie, de percer le mystère qui entoure le cinéaste, dont la dernière interview remonte à… 1982 ! Il a depuis changé sa façon de faire des longs métrages, plus que jamais devenus des poèmes visuels.
Un planning très précis que nous respectons
Mais ce n'est pas pour autant qu'il tourne n'importe comment : "Nous avons un planning très précis", nous répond Nicolas Gonda. "Même s'il est très créatif, Terry est quelqu'un de très responsable. Il peint sur la toile et pas en-dehors. Il y a un planning très précis que nous respectons. En général, il n'y a pas de dépassement et nous faisons en sorte que l'équipe puisse se reposer car nous tournons de façon intensive. Les gens imaginent que les films sont faits de façon très orgnanique et hasardeuse, tout est très calculé et organisé."
Avec "assez d'images tournées pour ne pas avoir à faire de reshoots", la phase de montage dure alors très longtemps. Mais, là encore, les choses sont cadrées : "Afin de travailler de façon responsable, nous faisons en sorte de ne pas presser Terry et de lui laisser le temps dont il a besoin. Du coup, nous sommes toujours dans les temps, et pas en retard. Nous avons juste établi un planning très long. Il a toujours été prévu de consacrer beaucoup de temps au montage d'un film comme Knight of Cups." Rendez-vous le 25 novembre pour découvrir le résultat dans les salles.
Bovary, le retour
Quelques semaines plus tôt, le 4 novembre pour être précis, le public français pourra découvrir l'adaptation de Madame Bovary par Sophie Barthes, réalisatrice à qui l'on devait l'étonnant Âmes en stock en 2009. Soit un changement de registre total : "Je n'avais jamais imaginé que je ferai ce film, mais j'ai reçu le scénario par mon agence", nous explique-t-elle. "Et je me suis dit que je n'allais jamais pouvoir me comparer à Renoir, Chabrol et Minnelli. Mais comme je suis franco-américaine, mon agent me disait qu'il fallait que je le lise. J'ai fini par le faire et j'ai vachement aimé."
"J'adore Flaubert, j'ai lu ce roman à différents âges et le personnage a toujours été un mystère pour moi. Mais j'ai aimé, ici, qu'elle soit très jeune, qu'elle n'ait pas encore connu la maternité, ni même eu le temps de vivre qu'elle sombre dans une spirale de destruction et meurt. Et il y a ce thème du capitalisme, plus développé dans cette adaptation que dans le livre, grâce au personnage de Lheureux, un Machiavel qui arrive à la manipuler. Flaubert a pu pressentir ce que le consumérisme allait devenir et la façon dont il peut ruiner la vie de quelqu'un."
En ce sens, Madame Bovary n'est pas si éloigné que 99 Homes dans son sujet, à tel point que Sophie Barthes et Ramin Bahrani ont fait une conférence de presse commune, pendant le Festival de Telluride en août et septembre 2014, dans la mesure où leurs films se rejoignaient.
Deauville saison 6
Chaque année depuis 2010, le Festival met également les séries (américaines forcément) à l'honneur. Dans le cadre de cette 41ème édition, les spectateurs ont donc pu découvrir les 3 premiers épisodes de Bosch en présence d'Eric Overmyer, co-créateur du show en compagnie de Michael Connelly, puisque les scénarios adaptent les romans mettant en scène le détective aux homicides de Los Angeles, dont le passé est fortement lié à un meurtre.
Diffusée sur Amazon, la saison 1 est emmenée par Titus Welliver, l'Homme en Noir de Lost. Mais trouver l'interprète d'Harry Bosch n'a pas été une mince affaire : "Le casting a été ardu", nous explique Eric Overmyer. "Nous avons vu beaucoup d'acteurs et nous étions sur le point de reporter la série car nous ne trouvions pas celui qui incarnait Bosch le mieux. C'est un personnage vraiment blessé, donc il nous fallait un acteur avec une vraie expérience de la vie."
Il aurait été génial d'avoir Lee Marvin ou Steve McQueen dans le rôle
"Beaucoup des acteurs américains contemporains sont certes beaux, mais ils n'ont pas ce vécu. Il y a eu un génération de comédiens dont beaucoup étaient des vétérans de la Seconde Guerre Mondiale, et nous nous disions qu'il aurait été génial d'avoir Lee Marvin ou Steve McQueen dans le rôle. Titus est le dernier acteur que nous avons vu, et il y avait une grande expérience de la vie en lui. On peut lire son vécu sur son visage, et il transpose ça dans son jeu, ce que nous cherchions."
"Nous étions cependant nerveux car il y a beaucoup de fans des livres de Michael, qui ont tous une idée différente de celui qui pourrait jouer Bosch. Heureusement, et c'était gratifiant, la plupart a accepté Titus, même s'il ne l'avaient pas imaginé ainsi. Michael non plus ceci dit, parce qu'il l'avait toujours vu comme un homme plus grand. Ou plus petit. J'ai parfois l'impression qu'il n'avait pas de description précise car il n'en met pas dans les livres."
Alors qu'une chaîne française négocie actuellement les droits de Bosch, comme Eric Overmyer nous l'a révélé sans pouvoir dire de laquelle il s'agissait, la saison 2 sera sur Amazon en 2016.
Ça tweete sur les planches
Difficile fin de Festival
Awesome !
Awesome (bis) !
Et sinon
- La date de sortie de Weightless, prochain film de Terrence Malick devrait bientôt être annoncée selon son producteur Nicolas Gonda, qui décrit le long métrage comme "un shoot d'adrénaline, avec une énergie jamais vue dans un film de Malick auparavant."
- En parallèle de Bosch, Eric Overmyer travaille sur un projet de mini-série pour HBO avec David Simon, avec qui il a collaboré sur The Wire et Treme
- Michael Bay, de son côté, ne sait pas encore s'il va rempiler sur Transformers 5, actuellement en cours d'écriture. Et même s'il juge "difficile de passer son bébé à quelqu'un d'autre", il veut que son éventuel successeur fasse quelque chose de différent, et pas la même chose que lui.
- En attendant, le réalisateur n'exclut visiblement pas de faire exploser les planches de Deauville.
("C'est une ville magnifique. Je veux faire un film dans cet endroit incroyable !")
Suite et fin de cette 41ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville demain, avec le palmarès, le film de clôture, Patricia Clarkson au micro, et un bilan en compagnie de l'un des membres du jury.
Deauville 2015 : le jour 8 en images
Michael Bay wants you
Deauville 2015 : le jour 8 en images
Le saviez-vous ? Michael Bay voulait être photographe (entre autres) avant de devenir réalisateur. Ça se sent.
Deauville 2015 : le jour 8 en images
Michael Bay s'appuie sur son nom
Deauville 2015 : le jour 8 en images
Michael Bay a officiellement sa cabine
Deauville 2015 : le jour 8 en images
Awesome selfie !
Deauville 2015 : le jour 8 en images
Awesome selfie, volume II
Deauville 2015 : le jour 8 en images
Soko entre Luke Baybak et Morgan Krantz, le producteur et le réalisateur de Babysitter
Deauville 2015 : le jour 8 en images
Avant son hommage, Patricia Clarkson assiste à celui de Michael Bay
Deauville 2015 : le jour 8 en images
Michael Bay, la classe américaine
Deauville 2015 : le jour 8 en images
"Ça en fait des marches", dira Michael Bay quelques instants plus tard
Deauville 2015 : le jour 8 en images
Michael Bay : tout l'honneur est pour lui