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    Marlon Brando, éternelle icône du cinéma...
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Icône absolue du cinéma et un des plus influents acteurs américains du XXe siècle, Marlon Brando nous a quitté il y a tout juste dix ans. L'occasion de revenir en images sur une grande carrière constellée de chefs-d'oeuvre..

    C'était des hommes (1950)

    A la suite de son renvoi d'une école militaire, Marlon Brando intègre l'Actors Studio de New York. Sous la direction de Lee Strasberg, il développe ses talents d'acteur et devient un inconditionnel de la méthode de Konstantin Stanislavsky. Au départ, il joue énormément au théâtre mais refuse les propositions des studios hollywoodiens. En 1950, il interpréte son premier rôle sur grand écran sous la direction de Fred Zinnemann; celui d'un infirme de guerre dans C'étaient des hommes. Signe de son perfectionnisme, il passe de nombreux mois dans un hôpital militaire pour rendre son interprétation convaincante.

    Un Tramway nommé désir (1951)

    Un Tramway nommé désir, second film à peine de Brando, qui crève littéralement l'écran dans son rôle du polonais violent Stanley Kowalski aux prises avec une Vivien Leigh nymphomane. Névroses, pulsions sexuelles et contexte social hyperréaliste se mélangent dans cette brillante adaptation de la pièce de Tennessee Williams par Elia Kazan. Brando impose une nouvelle image ravageuse, celle d'un authentique Sex-Symbol. Démarche athlétique, pose et regard ténébreux, il redéfiniera à lui-seul les canons de la beauté masculine dans la seconde moitié du XXe siècle. Son image de Sex symbol reste d'ailleurs encore très forte, tout comme elle reste un modèle. Par l'intensité et le naturel de son jeu d'acteur, Brando eut non seulement une énorme influence sur des acteurs de sa génération comme Paul Newman ou Robert Redford, mais aussi sur les acteurs de la génération suivante, comme Al Pacino, Robert de Niro ou Dustin Hoffman. Brando est, à juste titre, considéré comme un des plus influents acteurs américains du XXe siècle.

    Viva Zapata ! (1952)

    Seconde collaboration entre Elia Kazan et Brando, Viva Zapata ! est un film tout ce qu'il y a de plus recommandable, à défaut d'être un chef-d'oeuvre. Brando prête ses traits au célèbre rebel mexicain, à la déception d'Anthony Quinn qui pensait qu'avec ses traits nettement plus latins, il obtiendrait le rôle-titre. Il se consolera en incarnant le frère d'Emiliano Zapata, et sera couronné par l'Oscar du Meilleur Second rôle.

    L'équipée sauvage (1953)

    Blouson de cuir Perfecto assorti aux bottes sur Jean, moto Triumph Thunderbird 6T, Marlon Brando a des airs de gros dur et de voyou. C'est Johnny, le chef d'un gang de motards qui terrorise une petite ville dans L'équipée sauvage de Laslo Benedek. Un film et un Look emblématique de la culture Rock, qui marqua toute une génération.

    Jules césar (1953)

    Taclé par ses détracteurs qui lui reprochent souvent de marmoner son texte plutôt que d'articuler de manière intelligible, Brando leur rend la monnaie de leur pièce avec sa brillante composition de Marc Antoine dans l'adaptation de la pièce Jules César de Shakespeare, signée par le grand Joseph L. Mankiewicz.

    Sur les quais (1954)

    Troisième collaboration avec Elia Kazan, le rôle tenu par Brando, Terry Malloy, devait à l'origine être joué par Frank Sinatra. La réussite de Sur les quais doit énormément à la performance toute en finesse de Marlon Brando, qui livre ici une des plus belles prestations de sa carrière. "Ce que je trouve extraordinaire dans sa performance, c'est ce contraste entre son apparence de dur et la délicatesse de ses gestes" dira Elia Kazan à propos du comédien; "quel autre acteur poserait calmement la main sur le pistolet avec lequel le menace son frère pour le repousser d'une caresse ? Qui d'autres pourrait dire "oh, Charley !" avec un ton de reproche si mélancolique et si poignant qu'il fait ressentir toute la profondeur de sa peine ?".

    A la cérémonie des Oscars en 1955...

    Marlon Brando, tout juste auréolé de l'Oscar du Meilleur acteur pour sa composition dans Sur les quais, embrasse affectueusement Grace kelly, qui vient quant à elle de remporter l'Oscar de la Meilleure actrice dans Une Fille de la province.

    Le Bal des maudits (1958)

    Chez Edward Dmytryk, Brando est l'impeccable officier allemand Christian Diestl, en désaccord avec l'idéologie nazie, dans le chef-d'oeuvre Le Bal des maudits,. Brando se décolora les cheveux qui virèrent au blond platine, pour accentuer le côté "Aryen" de son personnage.

    L'homme à la peau de serpent (1959)

    En 1959, Brando est extraordinaire sous la direction de Sydney Lumet dans L'homme à la peau de serpent, où il a pour partenaire Anna Magnani. L'acteur incarne Val Xavier, jeune musicien révolté et vagabond, chassé de la Nouvelle-Orléans, qui échoue dans une bourgade du Mississippi. Il travaille pour une commerçante, Lady Torrance, dont il devient l'amant. Mais l'ex compagne du musicien le poursuit de ses assiduités depuis la Nouvelle-Orléans, et décide de le perdre...

    La Vengeance aux deux visages (1961)

    Unique réalisation de Marlon Brando alors au sommet de sa gloire, le western La Vengeance aux deux visages devait à l'origine être réalisé par Stanley Kubrick, finalement débarqué du projet. Très peu à l'aise derrière la caméra, le tournage fut pas loin d'être un supplice pour lui. Il le dira d'ailleurs dans son autobiographie parue en 1994 : "je ne savais absolument pas quoi faire"... Il utilisa une quantité astronomique de pellicule (gâchée donc), attendait des heures pour faire ses plans...En 5 jours de tournages, il accusait déjà 15 jours de retard sur le planning du tournage. Petite anecdote savoureuse : en bon adepte de la méthode Actors Studio, il insista pour être authentiquement ivre pour une scène où son personnage devait l'être...Sauf qu'il fut tellement ivre qu'il fut incapable de réaliser. Ce qui ne l'empêcha pas de répéter le même processus dans les jours qui suivirent... Lorsque Paramount découvrit le résultat final, long de 4h42, le studio fut horrifié. Non content d'avoir explosé le budget de départ, passé de 1,8 millions $ à 6 millions de $, le film était tout bonnement inexploitable avec une telle durée. Paramount pris les choses en main en salle de montage, et ramena la durée du film à 2h21, en plus de changer la fin. Le film obtint malgré tout un gros succès, mais Brando se déclara amer : "C'est un bon film pour eux [Paramount], mais ce n'est pas le film que j'ai fait...Les personnages sont désormais en noir et blanc, alors que je les voulais gris et humains".

    Les Révoltés du Bounty (1962)

    Dans la nouvelle version des Révoltés du Bounty signée cette fois-ci par Lewis Milestone, Brando, qui toucha le salaire record de 1,25 millions de dollars- incarne le célèbre chef des mutinés, Fletcher Christian. Le tournage du film, partiellement effectué en Polynésie française, permettra à Brando de découvrir la région et l'incitera même à acheter un Atoll, celui de Tetiaroa. C'est aussi au cours du tournage qu'il rencontre Tarita (sur la photo), celle qui deviendra sa femme et qui a 19 ans.

    La Poursuite impitoyable (1966)

    Visage tuméfié et en sang dans le chef-d'oeuvre absolu d'Arthur Penn, La Poursuite impitoyable. Brando y campe le Shériff Calder, chargé d'arrêter un Robert Redford en cavale. La scène de passage à tabac de Brando dans son bureau, d'une violence terrible, reste encore glaçante 48 ans après la sortie du film. Bien que brillant dans son incarnation du shériff Calder, Brando avait peu de considération pour son personnage. Il déclara d'ailleurs se contenter de le faire errer sur les plateaux de tournage...

    Reflets dans un oeil d'or (1967)

    Sous la direction de l'immense John Huston ( à gauche sur la photo), Brando incarne le Major Weldon Penderton, plongé dans un triangle amoureux alors que son personnage tente de réprimer ses pulsions homosexuelles. A l'origine, c'est Montgomery Clift qui devait interpréter le Major. Mais les assurances doutaient de sa santé physique dont la solidité était nécessaire au rôle. Son amie Elizabeth Taylor renonça même à son salaire pour lui assurer le rôle. Agé de 45 ans, affaibli par de longues années de maladie, il mourut d'une crise cardiaque peu de temps avant que ne débute le tournage. Brando le remplaça au pied levé, moyennant quand même un salaire colossal de 750.000$ et 10% des recettes du film.

    Le Parrain (1972)

    A la fin des années 60, l'étoile de Marlon Brando pâlit nettement. Bien que surdoué, l'acteur a la réputation de devenir de plus en plus ingérable et exigeant sur les plateaux, tandis que ses derniers films, comme Queimada (pourtant un des films préférés de l'acteur) sont des échecs en salle. C'est Francis Ford Coppola qui le remet en selle et qu'il réussit à imposer aux studios alors qu'ils n'en veulent pas, dans ce qui est une des plus grandes compositions du cinéma américain. Celui du Parrain, Don Vito Corleone. Cette célébrissime photo, où Brando carresse un chat et qui composera d'ailleurs l'affiche du film, résulte d'une savoureuse anecdote que nous avait raconté  Coppola en personne. Pour la voir, c'est par ici.

    Le Dernier tango à Paris (1972)

    La chair est triste dans le sulfureux Dernier tango à Paris de Bernardo Bertolucci. Ce film provoque un scandale en raison de scènes érotiques montrant de façon crue les rapports intimes entre un homme mûr et une très jeune femme, incarnée par Maria Schneider. En dépit de la controverse provoquée par le film et l'acteur lui-même, Brando est encore une fois nommé pour l'Oscar du meilleur acteur.

    Superman (1978)

    Mini présence mais maxi cachet pour Brando dans le Superman de Richard Donner. Pour à peine 12 jours de tournage, l'acteur toucha le cachet astronomique de 3,7 millions de dollars, plus un pourcentage sur les recettes du film pour un total de 10 min à l'écran, pour son rôle de Jor-El, le père de Superman. C'est alors le salaire le plus élevé au monde pour un acteur compte-tenu de son temps de présence à l'écran. Brando empochera pas moins de 14 millions de dollars au total.

    Apocalypse Now (1979)

    Brando, l'acteur-monstre, et son hallucinante composition en Colonel Kurtz dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Quand l'acteur débarqua avec trois semaines de retard sur le tournage, Coppola fut horrifié : en surpoids de 40 Kg, Brando n'avait appris aucune ligne de dialogue et n'avait pas lu l'oeuvre de Joseph Konrad dont est tiré le film. A peine arrivé, le réalisateur ferma le tournage pendant une semaine et emmena Brando en bateau, le temps de lui expliquer sa vision du personnage. N'aimant pas ses dialogues, Brando demanda alors à improviser son texte, en fonction des indications que Coppola lui donnerait. Le résultat, tout comme le tournage, est entré depuis dans la légende du 7e art.

    L'île du Dr. Moreau (1996)

    Plombé financièrement par les tragiques affaires familiales (le suicide de sa fille Cheyenne consécutif au meurtre de son amant par son frère, et le procès qui s'ensuivit), Brando n'eut pas d'autre choix que de retourner devant les caméras qu'il avait passablement délaissé dans la décennie 1980-1990. C'est un Brando obèse, n'apprenant toujours pas ses dialogues, grimé comme un gourou de secte des 70's, qui participe ainsi au pathétique naufrage artistique et commercial intégral de cette île du Dr. Moreau.

    The Score (2001)

    Après une poignée de films dans les années 90, dont deux où il a pour partenaire Johnny Depp (Don Juan DeMarco en 1995 et The Brave en 1997), Brando tourne son ultime film en 2001 en donnant la réplique à un autre immense acteur issu du sérail de l'Actors studio, Robert de Niro, dans The Score.

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