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    L'Envol : qui est Juliette Jouan, l'héroïne vibrante de ce conte historique et féministe ?
    Laurent Schenck
    Laurent Schenck
    -Journaliste rédacteur base de données
    Passionné par les films qui traitent de la criminalité au sens large, Laurent Schenck travaille sur la base de données cinéma du site. Ses missions sont les suivantes : la rédaction de biographies et secrets de tournage, l'enrichissement de castings/fiches techniques et la revue de presse.

    A l'occasion de la sortie de "L'Envol", présenté à la Quinzaine des Réalisateurs cannoise, voici cinq choses à savoir sur ce conte romanesque et onirique de Pietro Marcello.

    CG Cinema

    L'Envol de Pietro Marcello

    Avec Raphaël Thiéry, Juliette Jouan, Louis Garrel...

    L'Envol
    L'Envol
    Sortie : 11 janvier 2023 | 1h 45min
    De Pietro Marcello
    Avec Juliette Jouan, Raphaël Thiéry, Noémie Lvovsky
    Presse
    3,2
    Spectateurs
    3,2
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    Adaptation libre du roman Alye parusa d’Aleksandr Grin.

    De quoi ça parle ? Quelque part dans le Nord de la France, Juliette grandit seule avec son père, Raphaël, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. Passionnée par le chant et la musique, la jeune fille solitaire fait un été la rencontre d’une magicienne qui lui promet que des voiles écarlates viendront un jour l’emmener loin de son village. Juliette ne cessera jamais de croire en la prophétie.

    Qui est Juliette Jouan, l'héroïne du film ?

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    Née en 2001, Juliette Jouan grandit à Caen dans une famille d’artistes. Elle baigne ainsi dans un univers de spectacle de rue, de théâtre et de musique. Fort de son talent, elle rejoint le Conservatoire de Caen où elle apprend le piano et celui de Cherbourg où elle pratique le chant lyrique. Puis, elle étudie le Cinéma et l’Anglais à l’université.

    Parallèlement, Juliette joue dans différents groupes de musique et compose ses propres morceaux. Ayant toujours eu un attrait pour le cinéma et le théâtre, elle décide de franchir le pas et de postuler pour jouer le personnage principal de L'Envol de Pietro Marcello. Avant de la trouver, le metteur en scène a fait des centaines d’essais partout en France :

    "On m’a proposé des actrices connues ou non. Elle m’a frappé. Cinématographiquement parlant, je suis tombé amoureux d’elle. Elle sait chanter, écrire, elle porte en elle une vraie force. Elle a beaucoup contribué à la construction du personnage. C’est elle qui a adapté en musique le poème de Louise Michel L’Hirondelle, ce qui n’était pas prévu."

    Le choix Raphaël Thiéry

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    Tout comme pour trouver l'interprète de Juliette, le casting de Raphaël a été long. Pietro Marcello avait en tête une idée précise qu'il ne retrouvait pas dans les visages qu'on lui proposait pour ce rôle. Le cinéaste voulait quelqu’un dont la corpulence extraordinaire contraste avec la délicatesse de sa petite fille. Il confie :

    "Il était impératif que ses mains soient épaisses et mal dégrossies, de manière à ce qu’on soit étonné de la finesse des gestes dont elles sont capables. Personne ne convenait. Puis, quand mon producteur m’a proposé Raphaël Thiéry, j’ai tout de suite dit : c’est lui. J’ai été conquis par son talent et pas l’expression antique de son visage."

    Naissance du projet

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    L'Envol est librement adapté du roman Les Voiles écarlates de l’écrivain soviétique Alexandre Grin. A l'origine, Pietro Marcello n'avait pas prévu de l'adapter. C’est son producteur, Charles Gillibert, et son collaborateur, Romain Blondeau, qui lui ont proposé de le lire :

    "Ce qui m’intéresse en premier lieu dans le roman, c’est le rapport entre le père et la fille. La mère meurt, c’est au père de s’occuper de l’enfant. Le lien qui se crée entre eux me passionnait. Et il me passionnait encore plus d’imaginer ce qui arrive à partir du moment où le père meurt."

    "Car, dans le roman, la fille passe d’un homme, son père, à un autre, son mari – qui entre dans sa vie comme un prince charmant. Dans mon film j’ai voulu que les choses se passent différemment. Un homme arrive, en effet. Il s’agit d’un aviateur, mais il n’est pas du tout un prince charmant."

    "Jean [Louis Garrel] représente à mes yeux le prototype de l’homme moderne. Tout l’oppose à Raphaël [Raphaël Thiéry] qui est comme un rocher. Jean est un homme fragile, instable et casse-cou. Il ignore sa place dans le monde. Juliette ne se laisse pas sauver par lui, comme une demoiselle en détresse."

    "C’est elle au contraire qui prend l’initiative, elle qui l’embrasse, qui le soigne et qui enfin le laisse partir. Un second élément du roman m’avait frappé. C’est celui de l’étrange famille élargie qui accueille le père après la mort de sa femme. C’était inattendu, et j’ai trouvé cela très moderne."

    Changements par rapport au roman

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    Pietro Marcello voulait développer le thème du féminicide, qui n’est pas dans le roman. Avec les scénaristes Maurizio Braucci et Maud Ameline, le réalisateur a changé beaucoup d'autres choses : "Renaud [Ernst Umhauer] réitère le crime de son père Fernand [François Négret] lorsqu’il tente, sans succès, de violer Juliette."

    "Or c’est moins une question d’héritage que d’éducation. Fernand n’a pas été condamné pour ses méfaits – même pas honni. Au contraire, c’est paradoxalement du veuf Raphaël dont on se méfie lorsqu’il revient de la guerre, parce qu’il est étranger. C’est dans cette culture-là que le viol devient un destin qui frappe une génération après l’autre."

    Images d'archives

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    Comme dans les précédents films de Pietro Marcello, on trouve dans L’Envol des images d’archives. Le réalisateur explique : "Celles que l’on voit au tout début du film, montées en parallèle avec le retour de Joseph au village, ce sont des images très précieuses du jour de l’Armistice dans la Baie de Somme. Plus loin dans le film, il y a des plans extraits de Au bonheur des dames. C’est la séquence où Raphaël et Juliette vont en ville pour vendre des jouets."

    "Mais ce n’est pas un film riche d’archives. Ces images sont nécessaires, car il est impossible aujourd’hui de reconstruire le décor d’une ville d’entre les deux guerres. C’est bien trop complexe et coûteux. Est- ce la peine de dépenser des millions pour deux ou trois plans ? Admettons qu’on ait les moyens de le faire, est- ce éthiquement responsable ? Alors que je peux obtenir la même émotion, voire davantage, avec des images qui existent déjà. Cela donne à réfléchir."

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