"Le cinéma de bandes, c'est un cinéma très américain", nous disait Jimmy Laporal-Trésor au Festival de Deauville, au lendemain de la projection triomphale des Rascals, son premier long métrage. "On s'est rendus compte qu'il n'y avait pas de films français sur cette réalité, alors qu'on a une histoire de bandes assez incroyable en France. On a une vraie culture de bandes."
C'est désormais chose faite grâce au film sorti ce mercredi 11 janvier dans les salles, et qui est le premier choc de l'année cinématographique. Un récit qui confronte les Rascals, une bande de jeunes issus de la banlieue, à un groupe de skinheads, dans le Paris des années 80.
En résulte un propos fort (et malheureusement très actuel), développé avec de grandes envies de cinéma. Et de nombreuses références, que Jimmy Laporal-Trésor et ses co-scénaristes, Virak Thun et Sébastien Birchler, nous dévoilent, à raison de trois chacun.
Des influences auxquelles le metteur en scène ajoute les travaux photographiques de Saül Leiter ("pour sa gestion des couleurs vives, ses lumières en contre") et de Gilles Élie Cohen et Philippe Chancel ("pour la direction artistique des costumes").
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 10 janvier 2023
Virak Thun
Les Guerriers de la Nuit de Walter Hill. Boyz'n the Hood de John Singleton. L'Enfer des armes de Tsui Hark.
"Les trois films ont en commun la jeunesse et le rapport avec la violence, qui est presqu'un mode de vie pour les jeunes des trois histoires. Il y a aussi la notion d'engrenage de la violence, que l'on retrouve dans Les Rascals.
La notion d'une certaine jeunesse du milieu populaire. Une violence souvent subie dans un premier temps ... Il y a un côté fataliste surtout dans Boyz'n the Hood, que je retrouve dans nos Rascals."
Sébastien Birchler
Akira de Katsuhiro Otomo : "Pour l’organicité de la bande et la relation conflictuelle entre Kaneda et Tetsuo."
Orange Mécanique de Stanley Kubrick : "Pour la réflexion sur la violence et la dépiction graphique de celle ci."
Black Rain de Ridley Scott : "Pour une scène précisément. Celle du parking où le personnage principal joué par Michael Douglas est dans l’impossibilité physique de venir en aide à son collègue joué par Andy Garcia."
Jimmy Laporal-Trésor
Les Seigneurs de Philip Kaufman (photo) : "Pour les blousons, la trajectoire de vie de cette bande de copains qui quittent l'enfance. C'est le film de bande par excellence, qui pose les standards du genre : drague, baston, trahison."
Tchao Pantin de Claude Berri : "Pour la direction artistique de ce Paris poisseux, crade, loin des représentations habituelles."
Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée... d'Uli Edel : "Pour la photographie du film. Loin du cliché des ambiances 80's aux couleurs vives et saturées."