Avec Gad Elmaleh, Régine Elmaleh, David Elmaleh...
De quoi ça parle ? Après trois années à vivre l’« American dream » Gad Elmaleh décide de rentrer en France. Sa famille et ses amis lui manquent. Du moins, c’est la réponse officielle pour justifier son retour… car Gad n’est pas (seulement) rentré pour le couscous de sa mère. Non, c’est une autre femme qu’il vient retrouver à Paris… la Vierge Marie.
Conversion au catholicisme
Né de parents juifs, Gad Elmaleh a eu une éducation talmudique : "je suis allé à la Yeshiva, qui est un centre d’étude de la Torah, j’ai pris des cours d’hébreux, j’ai lu les textes, je continue à les lire et à les étudier. Je n’aurais jamais pu faire ce film si je n’avais pas été en prise directe avec cette matière-là. J’ai grandi au Maroc, il y a toujours eu des synagogues, des églises et des mosquées dans le paysage, on vivait ensemble, juifs, chrétiens et musulmans, ça coulait de source."
Dans Reste un peu, il raconte sa conversion au catholicisme, conscient d'aborder un sujet épineux : "je joue vraiment avec le feu, avec des notions sensibles comme le sacré, l’idolâtrie, la passion, la tentation. Parler de ma fascination pour Marie, moi qui suis juif, d’une certaine manière, c’est un jeu interdit. C’est le péché ultime, l’idolâtrie, dans la religion juive !" Néanmoins, il espère que cette démarche permettra de provoquer des débats.
Diriger ses propres parents
Gad Elmaleh a dirigé ses propres parents dans Reste un peu, en leur évoquant un film sur la crise de la cinquantaine, sans trop rentrer dans les détails afin de capter leur surprise et leur trouble. Si tous les dialogues étaient écrits dans le scénario, il ne leur a pas donné de texte à apprendre afin de conserver leur spontanéité.
"Je leur donnais un cadre, des situations. Ma mère n’a pas réfléchi, elle a joué, comme le font les enfants, comme le font les acteurs. Mes parents étaient heureux, on était chez eux, il y avait un peu de monde, on faisait à manger. Ça a été un tournage très joyeux." Il ajoute : "Ce film, il fallait le faire avec une économie réduite, en équipe réduite, avec deux caméras légères, avec mes proches et pas des acteurs professionnels ultra identifiés. J’en suis convaincu."
Une forme déroutante et modeste
Reste un peu flirte avec le documentaire ou le mockumentaire, une forme déroutante pour le spectateur mais Gad Elmaleh tenait à "faire tomber le masque et raconter ce que j’ai au fond du cœur, des doutes existentiels, et un véritable amour pour les religions et pour Marie en particulier."
L'acteur et réalisateur, qui s'est toujours interrogé sur l'identité au sens large dans son travail, s'interroge cette fois sur sa place, en tant qu’homme de 50 ans, dans la société et dans sa famille. Il avait envie cette fois de ne plus se cacher sous des artifices : "Si vous saviez tout ce que j’ai retiré comme gras au montage, comme gags, comme grimaces ! Il y a de l’humour dans le film, mais l’humour naît naturellement des situations, le trait n’est pas forcé. C’est la situation que j’étire, mais pas tant pour l’effet comique que pour la réflexion que ça peut engager en chacun."
Il tenait à ce que la forme de son film soit plus simple que celle de Coco, sa précédente et première réalisation : "je tenais à ce que le dispositif soit plus léger et que ça ne soit pas une superproduction comme Coco par exemple. Je ne voulais pas faire une comédie sur la religion avec des gags et des personnages, d’autres le font très bien."
L'influence de Nanni Moretti
"Je vais être franc, ceux qui s’attendent à voir Coco ou Chouchou vont être déçus !" prévient Gad Elmaleh. Avec son nouveau film, il voulait signer une sorte de journal intime, qui renvoie au titre d'un film de Nanni Moretti qu'il apprécie beaucoup.
"Loin de moi l’idée de cracher dans la soupe, mais c’est vrai que le cinéma que j’ai fait jusqu’ici est très loin du cinéma que j’aime regarder : les films d’Alain Cavalier, de Nanni Moretti, de Woody Allen."
Un grand absent
Si la famille de Gad Elmaleh apparaît dans le film, il manque toutefois son frère, le comédien Arié Elmaleh. Dans les colonnes du Parisien, le réalisateur et acteur explique pourquoi : "Je lui ai proposé mais je pense qu’il ne m’a pas pris au sérieux. Il a pensé que je faisais une sorte de documentaire, il n’a pas mesuré l’importance du projet… mais il va le regretter (rires)."