Peter Biskind, ancien journaliste au Première américain, signe aujourd'hui, aux éditions Le Cherche-Midi, un livre intitulé Le Nouvel Hollywood. Un ouvrage qui se penche sur l'éclosion, dans les années soixante-dix, des Francis Ford Coppola, Steven Spielberg et autres Martin Scorsese, et qui retrace leur lutte contre l'"establishment". Rencontre avec un journaliste dont la vie rime avec cinéma...
Le Nouvel Hollywood, Peter Biskind, Editions Le Cherche-Midi, 513 pages, 21 euros.
AlloCiné : Comment résumeriez-vous votre livre ?
Mon livre parle de la période créatrice qui a suivi la guerre du Vietnam aux Etats-Unis. A cette époque, l'industrie cinématographique était régie par les gros studios, mais ceux-ci commençaient à perdre de l'audience et de l'argent. Des personnes âgées étaient à leur tête, qui n'avaient aucune connexion avec la jeune génération. Quand Easy Rider est sorti en 1969 et a remporté un succès colossal, les gros studios ont vu arriver une nouvelle génération, hippie, avec des cheveux longs, qui prenait de la drogue... C'était un nouveau public. Soudain, la porte a été ouverte, l'ancienne génération a été mise de côté et une nouvelle génération – les Scorsese, Coppola, Spielberg, Robert Altman – s'est immédiatement mise à rencontrer le succès avec des films comme Les Dents de la mer ou La Guerre des étoiles.
Comment vous est venue l'idée d'écrire "Le Nouvel Hollywood" ?
En fait, tout a commencé au début des années quatre-vingt-dix. Je travaillais alors pour le Première américain, et j'interviewais de nombreuses personnalités comme Paul Schrader ou Martin Scorsese pour le compte du magazine. En les écoutant évoquer cette merveilleuse période qu'étaient les années soixante-dix, quand sortaient sur les écrans Shampoo, Taxi Driver et tous ces grands films, j'ai eu envie d'en parler à travers un livre, tout simplement...
Quels souvenirs gardez-vous, personnellement, de cette période ?
A cette époque, personne ne réalisait qu'il y avait un âge d'or qui était en train de naître, les gens se rendaient simplement compte que les films étaient très bons. Quand j'ai vu Le Parrain et 2001 : l'odyssée de l'espace à leur sortie, je peux vous assurer qu'il y avait une excitation énorme. Il y avait une "culture du film" très vivante à ce moment-là. Chacun attendait le film suivant, parlait cinéma tout le temps. C'était une période très excitante, très stimulante, et ça m'a intéressé de l'étudier.
Combien de temps avez-vous travaillé sur ce projet ?
J'ai travaillé durant six ans sur ce projet. J'ai interviewé des centaines de personnes, parfois les mêmes personnes plusieurs fois, des centaines d'heures. J'ai des centaines de cassettes audio dans des petites boîtes chez moi, c'était un travail énorme...
Avez-vous une anecdote en particulier à nous raconter, issue de vos entretiens avec les plus grandes légendes du septième art ?
C'est une question difficile... Je n'ai pas d'anecdotes en particulier, ce sont plutôt des moments partagés avec ces vedettes qui me viennent à l'esprit. Je me rappelle d'une interview avec Warren Beatty en pleine nuit, à trois heures du matin, dans une voiture. Rouler avec lui à Hollywood, la nuit, était une magnifique opportunité pour moi, d'autant qu'il n'aimait absolument pas les interviews. Cela posait d'ailleurs un problème : il était charmant, me racontait de magnifiques histoires, il était très drôle, mais lorsque j'allumais mon magnétophone, il ne disait plus rien ! Quand j'ai interviewé George Lucas dans son ranch, le Skywalker Ranch, c'est également un grand souvenir...
Après avoir évoqué l'âge d'or d'Hollywood, envisagez-vous de vous pencher sur une autre période de l'histoire du cinéma américain ?
J'écris actuellement un nouveau livre sur la vague de cinéastes indépendants américains qui est née au début des années quatre-vingt-dix. Je trouve cela passionnant. Le livre devrait sortir dans un an environ.
Propos recueillis par Clément Cuyer
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