Alors que le film de Kathryn Bigelow avec Harrison Ford et Liam Neeson, K-19 : le piège des profondeurs sort sur les écrans américains ce vendredi 19 juillet, une polémique ressurgit sur la véracité historique du film et la représentation des marins russes.
La tragédie du K-19
K-19 : le piège des profondeurs revient sur l'une des plus dramatiques tragédies de l'histoire de ce submersible russe. Le 4 juillet 1961, le sous-marin nucléaire K-19 est victime d'une avarie du système de refroidissement de l'un de ses réacteurs, alors qu'il est stationné en pleine océan Atlantique. Afin de remettre en marche le système manuellement, huit marins s'étaient sacrifiés pour entrer dans le compartiment du réacteur et avaient été mortellement irradié.
Les survivants du K-19, insultés par Hollywood ?
Pour retranscrire au mieux l'histoire de ces hommes, Kathryn Bigelow et Harrison Ford avaient fait le voyage en Russie pour rencontrer les anciens marins, et un scénario détaillé leur avait été envoyé. C'est à sa lecture que certains ont commencé à mettre en cause les Américains.
L'ancien capitaine de corvette du K-19, Iouri Moukhine, aujourd'hui âgé de 71 ans, s'indigne : "La réalisatrice américaine nous avait promis de nous présenter comme des héros mais nous avons l'air d'alcooliques et d'analphabètes. Avant de faire la plus petite manoeuvre, les sous-mariniers boivent deux verres de vodka et lorsque le signal d'alarme retentit un marin se met frénétiquement à compulser son manuel d'instructions comme s'il le découvrait pour la première fois. C'était le premier sous-marin nucléaire et l'équipage était composé de professionnels de très haut niveau, et pas de voyous". Avant d'ajouter : "Ce ne sont pas des marins russes qui sont représentés dans ce film, mais des pirates".
"L'image que les Américains ont des Russes"
Igor Kourdine, ex-capitaine de frégate et président du club des sous-mariniers de Saint-Pétersbourg, qui a assisté à une partie du tournage au Canada, est quant à lui moins critique mais trouve également que les Russes sont caricaturés. "Ce n'est pas un film sur les Russes mais sur l'image que les Américains ont des Russes", confie-t-il au quotidien Izvestia. Par ailleurs, il juge les critiques des vétérans excessives, mentionnant le fait que "les gens âgés idéalisent toujours leur passé".
Guevorg Nersessian, le distributeur en Russie du film, qui devrait y sortir fin septembre-début août, indique de son côté que 1 % des recettes du film devrait être reversés aux survivants du K-19 et aux veuves des marins décédés.
Le K-19, un sous-marin maudit
L'épisode tragique décrit dans le film n'est pourtant pas le seul qui arriva au K-19. Ce sous-marin, surnommé "Hiroshima" dans la marine russe a, en effet, connu une histoire mouvementée. Ainsi, en novembre 1969, alors qu'il était en plongée en Mer de Barents, zone de manoeuvre de la marine soviétique, le bâtiment avait heurté le sous-marin américain USS Gato.
Le dernier incident, mais également le plus dramatique, se déroula le 24 février 1972, lorsqu'un incendie se déclara à bord alors que le submersible était à plus de 120 mètres de profondeur dans l'Atlantique nord, tuant vingt-huit marins. Après avoir été désarmé en 1991, le K-19 a été mis à la casse en avril 2002.
Michael Atlan
Retrouvez la bande-annonce de "K-19 : le piège des profondeurs"
Format : Quicktime
Et sur le web : Le site officiel du film