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    La misère des courts...

    Alors que se clôt le Festival des Lutins du court métrage ce 14 juin, des producteurs ont confié à AlloCiné leurs difficultés à financer des courts...

    Durant une semaine, du 5 au 11 juin, le cinéma Pathé-Wepler a projeté les courts-métrages du Festival des Lutins. Le palmarès sera connu ce vendredi 14 juin au cours de la soirée de clôture. L'occasion de faire un point sur le financement des courts avec plusieurs producteurs.

    Le parent pauvre du cinéma

    Les maisons de production sont toutes unanimes : le court métrage souffre de sous-financement. Premières incriminées : les chaînes de télévision qui achètent les films à très bas prix. C'est ce que dénonce entre autre Frédéric Nidermayer de chez Moby Dick Films : "Des Anges de Julien Leloup a été acheté pour la somme de 457 euros (3 000 francs) la minute sur une durée de deux ans et pour tout support !". Des prix sans aucun rapport avec le coût de production qui se situe généralement entre 7 622 et 15 244 euros (entre 50 000 et 100 000 francs)...

    Quant au CNC, les producteurs remettent en cause les critères d'attribution des aides sélectives. Exemple représentatif de cette discorde : le film vainqueur du prix Jean Vigo 2001, Candidature d'Emmanuel Bourdieu, n'avait pas obtenu l'aide avant réalisation.

    Le système du 1 % est également mis au banc des accusés. Mis en place en 1959, il est censé favoriser la diffusion des courts en salle en complément des films longs. Seulement le producteur du long métrage reçoit en compensation 1 % des recettes enregistrées sans que personne ne vérifie que les courts soient effectivement projetés et ceux-ci se trouvent parfois remplacés par des publicités plus rentables pour l'exploitant... David Kessler entend d'ailleurs supprimer cette disposition pour la remplacer par un soutien automatique aux distributeurs.

    Producteurs de courts : un investissement à long terme

    Dans ces conditions, pas question la plupart du temps de payer les acteurs, même s'ils s'appellent Denis Podalydès ou Maurice Bénichou. Idem pour les techniciens. Le budget est presque entièrement consacré à la location de matériel et à la post-production. Sans compter les VHS et les copies de films à fournir aux festivals et aux potentiels acheteurs.

    Des conditions qui sont d'autant plus dures que le film est long. Non seulement il est quasi-impossible de vendre un court de plus de dix minutes à un exploitant, mais de plus, les frais sont alourdis par la durée plus importante du tournage. Ce qui fait dire à Mani Mortazavi de 4 à 4 Productions qu'"il faut créer une catégorie moyen métrage !" Sauf que la brièveté n'est pas toujours un gage d'économie. C'est le cas de R. Mertonensis de Nicolas Salis, qui dure cinq minutes mais dont "les effets spéciaux ont nécessité une dizaine de jours de tournage et six mois de post-production" nous a confié sa productrice Laurence Farenc de Lazennec.

    Les producteurs de courts-métrages font donc rarement des bénéfices et travaillent souvent à perte. Mais c'est aussi une façon d'investir sur un jeune réalisateur prometteur et d'accompagner ses premiers pas avant d'attaquer le long métrage. C'est la politique de la maison de production Lazennec, qui a financé les courts puis les longs de Mathieu Kassovitz, Philippe Harel ou encore Cédric Klapisch. Seulement, les réalisateurs remarqués sont sollicités par de grosses maisons de production et oublient parfois de renvoyer l'ascenseur...

    La France, paradis du court métrage

    Paradoxalement, c'est en France que la situation reste la plus favorable aux courts métrages : entre 400 et 500 films obtiennent un visa chaque année. Et le CNC a consacré une enveloppe de 4,944 millions d'euros (32,437 millions de francs) à la production de courts métrages en 2001.

    En outre, l'Hexagone dispose de structures très organisées et efficaces, comme celle de l'Agence du court-métrage, une association qui promeut et diffuse le court. 600 salles de cinéma font appel à ses services, ainsi que des festivals et 230 salles adhérentes au réseau RADI (Réseau Alternatif de Diffusion).

    Notons également que nos courts rayonnent à l'étranger. Par le biais de Clermont-Ferrand notamment, le Festival de courts le plus renommé au monde. Mais aussi grâce à Unifrance, qui propose une aide pour inscrire les courts dans les festivals étrangers ainsi que pour acheminer les copies et les réalisateurs sur place.

    Reste que le CNC a annoncé de nouvelles réformes à venir et que les professionnels sont impatients de connaître leur teneur...

    Amélie Charnay

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