Coeurs perdus en Atlantide sort ce mercredi 16 janvier en France. Adapté d'un livre de Stephen King, ce long métrage relate la rencontre d'un garçon de onze ans et d'un mystérieux individu incarné par Anthony Hopkins. Une relation qui changera à jamais l'existence du jeune homme... AlloCiné s'est entretenu avec le réalisateur australien Scott Hicks qui, six ans après Shine, rend avec Coeurs perdus en Atlantide un hommage nostalgique mais également réaliste à une période aussi magique que cruelle : l'enfance.
AlloCiné : Comment est né le projet "Coeurs perdus en Atlantide" ?
Scott Hicks : En fait, une première mouture du script m'a été envoyée et ma femme, qui produit mes films, l'a lu en premier. C'était adapté d'une oeuvre de Stephen King et quand je me suis mis à le lire à mon tour, cela m'a tout de suite intéressé. Tout le monde à un peu de Stephen King en soi, vous savez ! (rires) J'ai donc lu le script et j'ai tout de suite été très ému par ces personnages, originaux et forts, et par les merveilleuses relation humaines qui se tissaient entre eux. C'est cela qui m'a touché et j'ai donc appelé le studio Castle Rock pour leur dire que j'aimerais adapter cette histoire. Ils ont immédiatement été enthousiasmés à cette idée et en quelques jours, le projet s'est concrétisé...
Avant de réaliser le film, étiez-vous fan de Stephen King ? Avez-vous collaboré avec lui durant le développement du projet ?
Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas un grand fan de Stephen King et j'en ai honte, bien que j'ai évidemment lu Coeurs perdus en Atlantide. Son écriture est remarquable, mais je ne peux pas clamer être véritablement un fan. Pour le film, je n'ai pas du tout été en contact avec lui. Le scénariste William Goldman et lui se sont entretenus quelques fois ensemble, mais moi et le romancier n'avons jamais été en relation durant le développement du film.
Plus précisément, comment s'est déroulée l'adaptation de cette oeuvre pour le grand écran ?
Le scénariste William Goldman, qui s'est penché en premier sur l'adaptation, avait d'abord décidé de se concentrer sur l'une des nouvelles du recueil, Coeurs perdus en Atlantide, et d'y inclure quelques éléments d'une autre de ces nouvelles. Mais quand j'ai été impliqué dans le projet, j'ai décidé d'y apporter encore quelques touches supplémentaires. J'ai notamment décidé que la relation humaine dans l'histoire était quelques chose de plus attrayant, de plus attachant que la dimension surnaturelle présente dans l'oeuvre de Stephen King. J'ai donc éludé les références aux aliens présentes dans le livre pour me concentrer uniquement sur les relations humaines qui, je pense, sont le vrai coeur de l'histoire. Les personnages sont vraiment forts, comme à chaque fois chez Stephen King. C'est ce qui m'a vraiment plu...
"Coeurs perdus en Atlantide" traite de l'enfance et des moments de bonheur intenses qu'elle procure. Mais il y a également une grande part de cruauté dans votre film...
Oui. J'ai voulu créer un film qui soit une réminiscence de l'enfance, mais pas uniquement avec son côté romantique, nostalgique : je n'ai pas seulement voulu montrer la période dorée de l'enfance. J'ai aussi voulu laissé entendre que des forces obscures se cachent parfois lorsqu'un enfant grandit. J'ai voulu exprimer le fait que l'enfance a également une part d'ombre en elle. Bien sûr, c'est un élément fort dans l'histoire de Stephen King, mais j'ai tenté d'incorporer tout cela au style visuel du film. L'enfance est souvent dorée, possède souvent une belle image, mais il y a également des recoins sombres, des endroits obscurs qui font allusion à l'aspect plus difficile de la vie adulte...
Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec l'acteur Anthony Hopkins. Comment a-t-il été impliqué dans ce projet ?
Quand le projet s'est concrétisé et qu'il était acquis que j'allais le réaliser, la première question que le studio Castle Rock m'a posé était : "Quel acteur verriez-vous pour incarner le personnage de Ted Brautigan ?". J'ai alors proposé Anthony Hopkins, l'un de mes acteurs préférés et ils ont carrément dit : "Ok, on va lui proposer le rôle!" (rires). Et ça a alors été très vite... Le script lui a été remis, il l'a lu, il l'a adoré, il avait apprécié mon travail sur Shine et La Neige tombait sur les cèdres, nous nous sommes rencontrés et, tout d'un coup, il s'est retrouvé engagé dans l'aventure... C'était un vrai rêve, aucune complication. C'est toujours une expérience formidable de travailler avec des gens de ce calibre. C'est comme conduire une Rolls Royce ou une Citroën ! (rires) C'est toujours du haut de gamme !
Face à Anthony Hopkin, il y a le jeune Anton Yelchin, véritablement impressionnant. Comment s'est passé leur rencontre ?
C'était extraordinaire ! On avait dû faire une énorme recherche pour trouver le garçon capable de jouer un rôle tellement imposant, en tête à tête avec Anthony Hopkins. Et quand j'ai trouvé Anton, c'était comme si le rêve devenait réalité. Il joue remarquablement bien, il possède une sensibilité européenne... Il est conscient du privilège d'être un artiste et sait ce que c'est que de travailler dur en tant qu'artiste ou acteur. Il est très sérieux, très concentré. Dès la première fois où il a rencontré Anthony Hopkins, ce dernier l'a regardé et s'est exclamé : "Tu es incroyable !" (rires). Quand ils se sont mis à lire ensemble pour une scène et que j'ai dit "Action", Anton défiait carrément Anthony Hopkins ! Ils se livraient un véritable combat avec les mots et c'était incroyable de sentir cette connection entre eux. Quand on est réalisateur, ce sont vraiment ces instants-là que l'on recherche...
Propos recueillis par Clément Cuyer