"Nous sommes estomaqués. C'est triste. La sortie de Laissez-passer devait être une fête pour Jean Devaivre", nous a expliqué Frédéric Bourboulon, l'un des producteurs de Laissez-passer, le prochain film de Bertrand Tavernier attendu le 9 janvier dans les salles. Le réalisateur Jean Devaivre, incarné par Jacques Gamblin, et le scénariste Jean Aurenche, interprété par Denis Podalydès, sont les personnages principaux de ce long métrage qui retrace la vie de plusieurs cinéastes sous l'Occupation. Amis de Bertrand Tavernier, ils lui avaient raconté de nombreuses anecdotes sur cette période.
Or Jean Devaivre a assigné le cinéaste en justice et demande que la sortie du film soit interdite. L'audience s'est tenue ce mercredi 3 janvier et le résultat du référé sera rendu le 5 janvier. Jean Devaivre se dit blessé par le fait que son nom n'apparaisse que comme si le scénario était "librement inspiré" de ses mémoires, à paraître en mars prochain chez Fayard. Il revendique un statut de co-auteur du film, dont le scénario est signé Bertrand Tavernier et Jean Cosmos. Il proteste également contre "la déformation de la vérité historique de son personnage et de sa famille, portant atteinte à sa vie privée".
"Ne pas se faire payer"
Frédéric Bourboulon déclare ne pas comprendre la réaction de Jean Devaivre qui a vu le film le 13 juillet et qui avait déclaré l'avoir beaucoup apprécié. "Au moment de la préparation du film, je voulais faire un contrat avec lui mais il nous a écrit pour nous dire qu'il ne voulait pas se faire payer par reconnaissance pour Bertrand Tavernier". Ce dernier s'était battu à l'Institut Lumière de Lyon pour faire ressortir La Ferme des sept péchés et La Dame de onze heures, deux films de Jean Devaivre.
Marie-Claude Harrer