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    Goya par Carlos Saura

    "Goya" de Carlos Saura sort le 28 novembre en France. Le réalisateur est revenu sur son adaptation du destin de ce peintre livré aux aléas de l'Histoire.

    Comment définiriez-vous votre attachement à la figure de Goya ?

    Carlos Saura : Goya est un ancien projet. Mon premier travail cinématographique fut un documentaire sur la Padrera de San Isidro que je n'ai jamais fini. J'avais 20 ans et je m'étais acheté avec mes économies de photographe une caméra 16 mm ; j'ai toujours été un autodidacte. Or la Pradera ressemblait beaucoup au tableau de Goya qui est au Prado, et j'ai essayé de retrouver cette ambiance populaire et vraie avec ma caméra 16 mm. Mais je n'ai pas terminé ce projet...

    Vous livrez des portraits contradictoires de Goya : Francisco Rabal interprète le Goya de la vieillesse et José Coronado celui de la jeunesse. Vous avez cherché une image à la fois sensible et masculine ?

    Il y a de l'étrangeté et du mystère chez certains peintres espagnols exceptionnels : vigoureux , passionnés, sensibles. Quelque chose les unit : Goya, Picasso, Bunuel... Goya a toujours été mon peintre favori. Pour mieux le connaître, j'ai lu des livres et étudié ses peintures, dessins et gravures. J'ai longuement discuté avec mon frère Antonio, peintre lui aussi et expert en la matière, et surtout, je me suis laissé emporter par l'inspiration... "Je ne vois ni lignes ni couleurs, seulement des ombres qui avancent et qui reculent", disait Goya dans son discours d'entrée à l'Académie. Pour mon frère Antonio, ces paroles sont le manifeste le plus lucide qu'il connaisse sur la peinture moderne.

    Un film sur un peintre se doit d'être plus attentif aux détails visuels ?

    Goya, c'est un film argumentaire. J'ai essayé de donner ma propre vision de Goya, réfugié à Bordeaux dans ses dernières années quand il vivait avec son amie et maîtresse, Leocadia Zorilla –qui était beaucoup plus jeune que lui- et avec sa fille Rosarito âgée de 12 ans. J'essaie de raconter ce qu'il était et ce qu'il pensait, ce qu'il faisait à 80 ans dans son exil bordelais : ses passions, ses affections, ses haines, ses hallucinations, ses rêves, ses monstres... Tout lui, dans un monde où l'imaginaire côtoie le quotidien.

    Avez-vous réussi à réunir le casting que vous aviez en tête au commencement du projet ?

    Dès le début, j'ai écrit Goya pour qu'il soit interprété par Francisco Rabal : je ne concevais pas ce film sans lui.José Coronado comme Maribel Verdu s'accordent à leurs personnages. Ce sont des acteurs avec qui je voulais travailler depuis longtemps. Maribel par delà le fait d'être une incroyable actrice, a cette fougue, cette spontanéité et cette beauté que l'on imagine chez la Duchesse d'Albe. José Coronado incarne Goya jeune. José a mûri en tant qu'acteur et il est aujourd'hui l'un des meilleurs.

    Avec Lali Ramon c'est la troisième fois que nous collaborons : Dispara ! Taxi et Pajarico. C'est une de ces actrices qui, à l'instar de certaines grandes comédiennes, ne donne pas l'impression qu'elle joue quand elle se produit. Elle a ce naturel apparent dans l'interprétation qui me surprend toujours.Dafne était dans Mi nina et Pajarico. Du beau travail, c'est pour cela que je la reprends.

    Propos traduits par David Custodio

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