Le prix Kieslowski (du nom du cinéaste polonais) récompense les meilleurs scénarios écrits par de jeunes réalisateurs en herbe. Pour sa troisième édition, le prix Kieslowski a été remis à trois nominés ayant chacun choisi un thème proposé : Intégration - Education - Culture.
Au cours d'une cérémonie se déroulant au MK2 Gambetta, et en présence d'un jury composé, entre autres, de Jérôme Clément (directeur de La Cinquième et La Sept/Arte), du producteur Marin Karmitz (MK2), du réalisateur Dante Desarthe, de l'écrivain Françoise Giroud ou de la comédienne Sylvie Testud (révélée dans Karnaval), la cuvée 2000 du Prix Kieslowski a désigné ses lauréats comme suit :
-le Prix Bleu (sur l'intégration) à David Bouttin pour son scénario Douce France ;
-le Prix Blanc (sur l'éducation) remis à Laura Pelerins pour L'Homme et le Chien ;
-le Prix Rouge (sur la culture) à Vanessa Bertrand et Diane Morel pour leur travail en binôme sur Les bûchers qu'on ignore.
Le Prix Kieslowski est né de l'imagination de Charles Gillibert (des productions Nada) et de Marin Karmitz (Mk2). Tous les deux ont souvent été en contact avec Krzystov Kieslowski, le célèbre réalisateur polonais de la trilogie Bleu, Blanc, Rouge.
Kieslowski donnait des cours à de jeunes réalisateurs et une de ses principales préoccupations concernait la transmission du savoir. A travers la création de ce prix, Charles Gillibert et Marin Karmitz ont pu perpétuer le testament du cinéaste.
Les lauréats sont parrainés et assistés lors de la réalisation de leur court métrage. Cette récompense est, à la fois, un hommage à un cinéaste marquant et une célébration en mouvement qui prône par dessus tout l'action. "C'est le développement et la célébration de la vie de Kieslowski" affirme Nathanaël Karmitz, fils du producteur.
La réalisation d'un court métrage permet d'être en contact avec un schéma de production traditionnelle. Le réalisateur Dante Desarthe, dont son deuxième long métrage, Cours Toujours, est sorti le 19 janvier, ajoute que "le court métrage est une école de rigueur et de pénurie". Les moyens étant limités, le cinéaste en puissance doit faire appel à son imagination et sa créativité pour dépasser les contraintes matérielles. De plus, le court métrage ne pardonne aucun faux pas. "En quelques minutes une erreur saute aux yeux. Pendant un long métrage on a le temps de digérer et de pardonner les fautes" explique Dante Desarthe.
La rigueur commence avec l'écriture du scénario suivant un thème précis, imposé par le jury du prix Kieslowski. Cet "exercice", ainsi que le qualifie l'actrice Sylvie Testud, membre du Grand Jury, permet au futur réalisateur de s'astreindre à des exigences telles que le délai ou le coût. Il doit créer un scénario développé sans pour autant que celui-ci soit vague.
Le court métrage est accessible parce que peu coûteux. C'est un terrain d'entraînement et de tentatives plus ou moins fructueuses. C'est aussi un espace de liberté qui permet, selon Charles Gillibert (Nada), de "faire avancer le cinéma d'aujourd'hui".
On serait tenté de penser que le court métrage ne reste qu'un pur exercice de style sans public. Cette assertion est vite démontée lors des festivals à l'occasion desquels pléthore de courts métrages sont présentés. Avec un public qui n'hésite pas à se déplacer.
"La télévision est aussi un domaine privilégié pour la diffusion de ces petits chefs-d'oeuvre", comme le souligne Jérôme Clément (La Cinquième et la Sept/Arte). Nathanaël Karmitz, quant à lui, rappelle que le réseau MK2 a pris une bonne intiative en diffusant dans ses salles, des courts métrages avant la projection d'un film, en lieu et place de la sempiternelle publicité.
Nathanaël Karmitz, insistant sur le fait que "ce prix doit continuer à prendre de l'assurance", a annoncé qu'un Prix Kieslowski se déroulait simultanément à Madagascar. Souhaitons que cette initiative fasse le tour du monde. Il y aura donc six courts métrages, au lieu de trois, sur les écrans français en juin.
A.L.