En lançant les premiers tours de manivelle de son film, Ed Harris réalise un rêve vieux de six ans : porter à l'écran la vie du peintre Jackson Pollock. Chef de file d'un groupe d'artistes new-yorkais d'après-guerre, Pollock s'est fait connaître du grand public par sa peinture abstraite, s'inspirant du dripping, technique consistant à tremper le pinceau dans la peinture et à le laisser goutter sur la toile. Cet artiste est mort prématurément dans un accident de voiture à l'âge de 44 ans.
Sur un scénario de Barbara Turner et Susan Emshwiller, le film est fondé sur une biographie écrite par Steven Naifeh et Gregory White Smith qui a obtenu le prix Pulitzer en 1991. Malgré un modeste budget de six millions de dollars, Pollock réunit autour de Ed Harris, Marcia Gay Harden (Rencontre avec Joe Black) dans le rôle de la compagne du peintre, Val Kilmer (Le Saint) dans celui du peintre Willem De Kooning mais aussi Amy Madigan (Alamo Bay) et John Heard (Snake eyes). Tourné en décors naturels à New York, Pollock est attendu sur les écrans au second semestre 2000.
Eternel second rôle à Hollywood, Ed Harris assouvit ainsi sa passion pour cette figure centrale de l'art américain. Peintre débutant à ses heures perdues, le bientôt quinquagénaire a voulu ainsi rendre hommage à la liberté de travail et à l'absence de barrières qui entouraient les œuvres de Pollock.
Cette première expérience en tant que réalisateur ne doit pas faire oublier ses qualités de comédien. Il a été tour à tour pionnier de l'espace dans L'Etoffe des Héros de Philip Kaufman, mercenaire cynique dans Underfire de Roger Spottiswoode, directeur de la mission Apollo 13 de Ron Howard, général humaniste dans The Rock de Michael Bay ou producteur divin dans The Truman Show de Peter Weir.
En s'attaquant à la biographie de Pollock, il rejoint les cinéastes qui se sont attelés à la réalisation d'artistes picturaux célèbres, comme ce fut le cas pour Basquiat (Julian Schnabel), Rembrandt (Charles Matton), Lautrec (Roger Planchon), Surviving Picasso (James Ivory) ou Van Gogh (Maurice Pialat).
Bonne toile, Ed. L.B