L'ancienne pulpeuse actrice de cinéma porno, Brigitte Lahaie a semble-t-il tiré un trait sur la première partie de sa "carrière cinématographique".
La voilà au générique du prochain film de Jacques Richard, Tout est bien qui finit bien. Adapté de plusieurs récits du regretté Roland Topor (qui était à la fois écrivain, dessinateur, scénariste, réalisateur), Tout est bien qui finit bien narre les errances alcooliques de quatre copains à la recherche de spiritueux rares ou méconnus. Durant leur tournée des grands ducs, ils tomberont sur une palette de personnages des plus excentriques. Et de l'excentricité, Jacques Richard n'en manque pas. Il a tour à tour enrôlé le corrosif Jackie Berroyer (Encore, Je ne vois pas ce qu'on me trouve), Melvil Poupaud (Conte d'été, Le ciel est à nous), Mathieu Demy (Jeanne et le garçon formidable) et l'homme des animaux, Patrick Bouchitey (Lune froide).
Mais, surtout, il a fait appel au revenant Luis Rego (ex-comique troupier des Charlots), à Catherine Ringer des Rita Mitsouko, (qui participera à la bande son du film) et à l'éphémère Caroline Loeb (rappelez-vous le tube C'est la ouate).
Avec un casting éclectique et complètement déjanté, Jacques Richard revient sur les plateaux de tournage quinze ans après son dernier long métrage, Cent francs l'amour, où il explorait l'univers glauque des peep-shows en compagnie de Valérie Steiffen et Pierre-Loup Rajot. Cette fois, ce sont les estaminets et autres bars qui seront visités par ces alcooliques.
Comédie noire, Tout est bien qui finit bien sera sur les écrans au second trimestre 2000.
L'attraction principale de ce film sera sans aucun doute le come-back de Brigitte Lahaie. Ancienne ambassadrice du cinéma X dans les seventies et eighties, Brigitte Lahaie a connu son heure de gloire dans les productions pornographiques et érotiques (Je suis une belle s..., Secrétaires sans culottes, Anna cuisses entrouvertes...). Avec une centaine de productions, elle est devenue une référence incontestée dans ce milieu. Pulpeuse, aux formes des plus appétissantes, elle effectue également quelques apparitions dans des comédies franchouillardes (Te marre pas, c'est pour rire, Si ma gueule vous plaît, On se calme et on boit frais à St Tropez) ou en potiche dans I comme Icare de Henri Verneuil ou Pour la peau d'un flic de Alain Delon.
Propulsée papesse du cinéma porno, la sensuelle Brigitte a du mal à se défaire de son étiquette Déshabille-toi et couche-toi là. Elle se prête corps (et âme) pour les références érotico-seventies : Burd Tranbaree, José Bénazéraf, Claude Pierson, Max Pécas... Elle vague ainsi sur un cinéma et une époque où les libertés sexuelles étaient à l'apogée.
De Joy and Joan, gros succès en salles aux Deux orphelines vampires de l'underground Jean Rollin, Brigitte Lahaie se fait de plus en plus discrète. En 1985, elle interprète dans L'exécutrice de Michel Caputo une inspectrice des stups, justicière implacable et sans pitié pour venger la mort de sa soeur. Mais, elle a encore du mal à refuser l'effeuillage corporel qui l'a caractérisée.
Lasse de se dévêtir, elle prend congé des plateaux (et lits) de cinéma pour se consacrer à l'élevage de chevaux (sa grande passion) et à l'écriture. Elle ne fait pas le deuil de sa carrière exceptionnelle de Marianne du X, mais reconnaît, qu'à 44 ans, elle préfère montrer d'autres atouts artistiques. L.B