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    American Psycho édulcoré

    La teneur du scénario adapté d'American Psycho a été révélée aux internautes. S'il reste fidèle dans l'ensemble, il paraît néanmoins aseptisé.

    Après moult rebondissements (cf. les articles précédents sur le sujet), le projet d'adapter American Psycho de Bret Easton Ellis connaît un dénouement heureux. L'équipe de tournage dirigée par Mary Harron (I Shot Andy Warhol) s'est finalement s'installée à Toronto, malgré l'accueil peu enthousiaste de certaines associations, pour commencer les prises de vue. Mais avant de pouvoir filmer la vie de Patrick Bateman, le personnage central du roman, Mary Harron, épaulée de Guinevere Turner, a dû s'attaquer à l'écriture du scénario d'American Psycho. "Le travail a été très difficile", confesse Guinevere Turner.

    Très foisonnant et n'ayant aucune trame narrative, le roman de Bret Easton Ellis paraît inadaptable pour le cinéma. En outre, l'horreur des scènes de meurtre, essentielle dans le livre et centre de nombreuses polémiques outre-Atlantique, présente une difficulté supplémentaire. Aussi les deux co-scénaristes ont préféré contourner l'obstacle, comme l'explique Guinevere Turner au quotidien Libération : "(...) on ne voulait pas reproduire la violence interminable de scènes qui seraient devenues encore plus ambiguës au cinéma. On a tiré le film du côté de la satire, pour montrer l'interchangeabilité des hommes dans les années 80, leur obsession permanente, leur compétitivité incessante, qui s'exprime tout aussi bien dans des domaines traditionnellement connotés féminins, le poids, la peau, les crèmes, les vêtements... C'est une société où les femmes sont très accessoires."

    Parallèlement aux révélations de Guinevere Turner, un internaute surnommé Sean Bateman [NDLR personnage récurrent de l'œuvre de Ellis] délivre sur le Web un scoop concernant le scénario d'American Psycho. Il révèle en fait sa teneur exacte, mentionnant avec précision les scènes retenues pour la version cinématographique. Certaines concordances avec les explications de Guinevere Turner laissent à penser qu'il ne s'agit pas d'une plaisenterie, même si la prudence reste de rigueur. Voici la traduction intégrale de la lettre envoyée aux sites Dark Horizons, Cinéma Confidentiel et Corona :

    "Ayant lu cet excellent roman plusieurs fois (la satire n'apparaît qu'à la 2ème ou 3ème lecture), j'ai eu la chance de parcourir en 1997 l'ébauche du script écrit par Marry Harron et Guinevere Turner. Les fans peuvent être rassurés, les deux co-scénaristes sont sur la bonne voie. Les 110 pages du script sont fidèles à 90%. Seulement quelques scènes ainsi que la fin ont été modifiées voire inventées par les deux scénaristes. Ce ne sera pas comme l'adaptation bâtarde de Moins que Zero [NDLR premier livre de Bret Easton Ellis ]. L'introduction est différente ("Abandonne tout espoir toi qui entre ici" me manque personnellement) et la majorité de ce que l'on peut trouver dans le script est extraite de différents chapitres, mais condensée et réarrangée. Ainsi, cette adaptation donne l'impression d'être un condensé des meilleurs moments du roman [NDLR dans le texte original : like a single-disc "greatest hits" version of the novel].

    Bien sûr, en raison de la longueur, beaucoup de bonnes scènes ont été écartées mais il fallait s'y attendre. Cependant, le film va bénéficier de 20 minutes supplémentaires. Les dialogues, qui sont souvent marrants, sont presque directement tirés du livre. Les splendides chapitres sur Genesis, Huey Lewis et Whitney Houston ont été intelligemment conservés de même que les monologues adressés aux victimes au moment de mourir. Le film utilise la technique de la voix-off pour le personnage de Patrick Bateman, du fait qu'une grande partie du texte est issue de ses pensées. C'est efficace mais cela reste trompeur puisque le résultat diffère du roman. La fin est quasiment la même avec "This is Not an Exit".

    Ma réaction globale était positive (je m'attendais à le détester) ; le script parvient en fait à capturer le ton et le flux du livre. Concernant La Violence, qui semble être un sujet sensible, il est bon de noter que, dans le livre, la manière de décrire la violence avec beaucoup de minutie, au même titre que les vêtements et la nourriture relève strictement du domaine littéraire. Cela aurait simplement troublé le spectateur sans avoir le même impact que dans le livre. Oui... il y a plusieurs morts, incluant le clochard et son chien, Paul Owen, deux prostitués, Caron le mannequin (différent du livre) et plusieurs autres durant la course poursuite. Le degré de violence avec lequel ces scènes seront filmées est laissé à l'appréciation de la réalisatrice. Pour les connaisseurs : la scène au concert de U2, la mort de l'enfant au zoo, la torture de Bethany, son frère, sa mère et plusieurs scènes avec Courtney ont été laissées de côté. En y réfléchissant, voir Bono chanter à Bateman "I am the devil and I am just like you" aurait largement remboursé le prix de la place.

    Les plus grandes différences résident dans la relation entre Bateman et sa secrétaire Jean. Il n'y a pas un soupçon d'espoir romantique comme pouvait l'exploiter le roman. Au lieu de cela, cet épisode devient une séquence à suspense dans laquelle Jean découvre une cassette vidéo extrêmement dérangeante réalisée par Bateman. Le personnage de Price a été considérablement réduit. Celui du détective par contre bénéficie de trois scènes au lieu d'une seule mais les dialogues sont identiques".

    Cette adaptation d'American Psycho est actuellement en post-production et devrait sortir au cinéma d'ici la fin de l'année. Pour interpréter Patrick Bateman, la réalisatrice Mary Harron a arrêté son choix sur Christian Bale (Velvet Goldmine). On retrouvera à ses côtés Willem Dafoe (eXistenZ) dans le rôle du détective et Reese Wither Spoon (Sexe Intentions) dans celui d'Evelyn. C.V

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