André Téchiné est de retour à Cannes, trois ans après avoir présenté Les Voleurs où il offrait l'un des plus beaux rôles à Catherine Deneuve et Daniel Auteuil.
Laurence Côte (Hautbas fragile, Je règle mon pas sur le pas de mon père) reçut d'ailleurs le César du meilleur espoir féminin en 1997.
Né à Valence en 1943, André Téchiné fut rédacteur aux Cahiers du Cinéma de 1964 à 1967 et enseigna à l'IDHEC. Ancien assistant de Jacques Rivette (La belle noiseuse), il passe à la réalisation en 1969 avec Pauline s'en va, portrait sensible d'un personnage à la dérive avec Bulle Ogier (Vénus beauté (institut)).
En 1976, Isabelle Adjani, Gérard Depardieu et Jean-Claude Brialy tournent dans Barocco.
En 1978, il écrit avec Pascal Bonitzer (Rien sur Robert, Encore) Les soeurs Brontë avec, excusez du peu, Isabelle Huppert, Pascal Gréggory, Isabelle Adjani et Marie-France Pisier.
Pour Hotel des Amériques (1981), il décide de runir Catherine Deneuve et Patrick Dewaere pour une histoire d'amour tragique et passionnée.
Il recevra en 1985 le Prix de la Mise en Scène au Festival de Cannes pour Rendez-vous, où l'on découvrira Juliette Binoche, Lambert Wilson et Wadeck Stanczack. Les thèmes récurrents de Téchiné sont au rendez-vous : le poids du passé, la difficulté de l'amour, le caractère inéluctable de la passion.
En 1985, il confie à Catherine Deneuve le rôle de Lily pour Le lieu du crime et l'entoure de Claire Nebout (Vénus beauté (institut)) et encore Wadeck Stanczack.
Après Les innocents avec Sandrine Bonnaire en 1987, il va révéler un nouvel acteur : Manuel Blanc dans J'embrasse pas avec Emmanuelle Béart où sa performance de prostituée sera récompensée par le césar du Meilleur espoir masculin 91.
Souhaitant réunir Catherine Deneuve et Daniel Auteuil à l'écran, il leur écrit Ma saison préférée l'histoire d'Emilie et d'Antoine, frère et soeur, qui se retrouvent au chevet de leur mère, admirablement interprétée par Marthe Villalonga.
En 1994, il va obtenir de nombreux prix (dont le César du meilleur film et du meilleur réalisateur) pour Les roseaux sauvages réunissant une famille de jeunes acteurs inconnus à l'époque, Elodie Bouchez (La vie rêvée des anges), Stéphane Rideau (Sitcom), Gaël Morel (A toute vitesse) et Frédéric Gorny (la série TV Avocats et associés). Elodie Bouchez reçut d'ailleurs le César de la meilleure jeune espoir féminine.
En 1996, il retrouve le duo Deneuve-Auteuil pour Les voleurs, qui sera en compétition au festival de Cannes. Il explore une famille et ses liens amoureux. Plus psychologique que dramatique, plus passionnel que criminel, les critiques ont réservé un bon accueil au film, de Libération au Monde. Les magazines ciné ont semblé un peu plus réservés, comme le public (malgré une relative réussite aux USA).
En 1998, Téchiné donna un second rendez-vous à Juliette Binoche pour Alice et Martin. Sur un scénario de Gilles Taurand et Olivier Assayas, il raconte une histoire d'amour singulière, marquée par le meurtre d'un père et la future naissance d'un enfant. Le garçon de 20 ans, Martin, (l'inconnu Alexis Lioret) va tomber amoureux d'Alice (Binoche), une violoniste qui vit avec son frère (Mathieu Almaric). L'amour va alors faire éclater la vérité.
Le film a valu à André Téchiné le prix de la mise en scène à Cannes l'an dernier. Il faisait suite au retour en France de la belle Juliette après son aventure américaine du Patient anglais où elle fut oscarisée.
André Téchiné met toujours ses stars dans des situations banales et dangereuses avec des dialogues crus, tout en n'oubliant pas la fascination pour le beau (visage, corps, paysage). Il est un des rares auteur-cinéaste à avoir su creuser un lien entre son public et son cinéma. On aime ou pas, Téchiné reste un des réalisateurs les plus reconnus, sans succomber aux tentations du box-office. Il a découvert de nombreux jeunes talents qui sont, aujourd'hui, devenus des références (les Binoche, Bouchez, Côte...). Qu'il nous réserve des surprises ! L.B