Auréolé du Prix du jury au 75e Festival de Cannes, EO débarque dans les salles. Le réalisateur polonais Jerzy Skolimowski suit le parcours d’un âne - baptisé EO ou Hi-Han en version originale. Rescapé d’un cirque grâce à l’aide de militants, l’animal entreprend un voyage où il va découvrir les visages complexes de l’être humain.
Sur sa route, il va croiser la bonté, la bêtise et la cruauté. Quasiment muet, EO est mené par cet âne acteur qui est, aussi surprenant que cela puisse paraître, bouleversant. Son regard est le reflet d’un personnage qui ne trouve pas sa place. Ni parmi les Hommes, encore moins avec les autres animaux.
En 1966, Robert Bresson réalisait Au hasard Balthazar, sur le même sujet. Mais Jerzy Skolimowski ne se contente pas de faire un remake. Il embarque le public dans une expérience sensorielle et expérimentale avec une nouvelle façon de faire du cinéma.
Alors que l’âne poursuit son parcours, le surréalisme s’invite parfois dans quelques scènes. Ce périple, durant lequel EO croise plusieurs protagonistes, bascule parfois dans l’horreur, jusqu’à un final qui assomme.
Difficile de qualifier ce film qui devrait, sans doute, éveiller les consciences sur la maltraitance animale et l’élevage intensif. Sans oublier la musique puissante de Pawel Mykietyn, mais aussi la présence d’Isabelle Huppert dans un petit rôle. Pour une fois, c’est à elle de se faire voler la vedette.
EO de Jerzy Skolimowski, au cinéma le 19 octobre 2022.