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    Demain nous appartient : "Une intrigue puissante va rebattre les cartes en janvier"... Le directeur d'écriture dévoile les enjeux de la saison 6
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Bercé dès l’enfance au rythme de Sous le soleil, de P.J., ou des sagas de l’été, il se passionne de plus en plus pour les séries françaises au fil du temps. Et les dévore aujourd’hui (presque) toutes, de Balthazar à Scènes de ménages, en passant par Hippocrate, Candice Renoir, Ici tout commence.

    Rencontré lors du Festival de la Fiction de La Rochelle, Nicolas Brossete, le nouveau directeur de collection de "Demain nous appartient", nous dit tout sur son travail de chef scénariste et sur les enjeux de la saison 6 et des intrigues à venir.

    AlloCiné : Vous travaillez en tant que scénariste sur Demain nous appartient depuis plusieurs années, mais vous êtes également devenu cet été le directeur de collection de la série. En quoi consiste concrètement le travail d'un directeur d'écriture ?

    Nicolas Brossette : Le directeur de collection est celui donne la grande direction, comme son nom l'indique, sur la saison et l'ensemble des personnages et des intrigues. Tout ce qui va se passer, en gros, dans la série sur une année.

    Et ensuite je travaille en étroite collaboration avec une trentaine d'auteurs à Paris. Je ne peux pas tous les citer, mais il y a notamment Sarah Belhassen qui dirige l'atelier séquencier, Sandrine Poget et Nassim Ben Allal qui supervisent l'atelier des intrigues principales, les intrigues A, et Sven Jacquet qui dirige l'atelier dialogués.

    On est dans une écriture industrielle. On fournit un épisode par jour. Et à l'écriture on est vraiment dans une écriture collaborative, à l'américaine. Je suis en haut de la pyramide, je donne une direction, j'essaye de conserver une cohérence sur l'ensemble des textes. Je suis présent dès le départ, sur les pitchs, les développements, et jusqu'à la fin, avec la lecture des dialogués.

    Et avant de devenir directeur de collection, vous étiez à la tête des intrigues A, c'est bien ça ?

    Oui, je suis arrivé fin 2017 sur Demain nous appartient, alors qu'elle était déjà diffusée. Et j'ai pris un poste qui a été créé à ce moment-là : directeur des arches A, c'est-à-dire celui qui dirige l'écriture et qui co-écrit toutes les intrigues principales de la série.

    Les arches principales sont presque toujours des intrigues polar. C'est un genre pour lequel vous aviez déjà une affinité particulière en tant que scénariste ?

    Pas nécessairement. Mais Demain nous appartient a toujours été une série polar, elle l'est encore aujourd'hui, car ça fait partie de son ADN. Donc je dirais qu'elle m'a aussi appris le polar.

    Demain nous appartient
    Demain nous appartient
    Sortie : 2017-07-17 | 30 min
    Série : Demain nous appartient
    Avec Ingrid Chauvin, Alexandre Brasseur, Samy Gharbi
    Presse
    3,2
    Spectateurs
    2,1
    Voir sur TF1+

    Devenir directeur de collection, c'était une suite logique pour vous ? Est-ce que vous ressentez de la pression ? Comment vivez-vous cette promotion ?

    Il y avait déjà une forme de pression à la direction des arches principales. Mais c'est surtout une responsabilité : celle d'un programme d'access sur une chaîne importante. Et la responsabilité d'une équipe dans son ensemble. Donc, oui, il y a une pression particulière.

    Après, est-ce que je rêvais d'être directeur de collection ? Sincèrement, quand je suis arrivé sur la série je n'avais pas cette ambition-là. Mais, de fait, quand Aude Thévenin, la productrice, et Vincent Meslet, le directeur général de Newen, m'ont proposé de prendre la suite de Marc Kressmann, j'ai vu ça comme une suite logique à ce que j'avais déjà fait sur la série. Car je le connaissais bien. Ça m'a donné envie d'aller plus loin et de diriger l'ensemble des intrigues.

    On imagine que vous travaillez en étroite collaboration avec Aude Thévenin et avec TF1...

    En général, une fois qu'on a une idée avec les auteurs, on la pitche à Aude. Elle lit également tous les textes, tous les développements, tous les séquenciers, tous les dialogués. Elle a un regard important en tant que productrice car elle est garante du produit fini.

    De toute façon, une série comme Demain nous appartient c'est notamment le fruit d'un binôme entre la direction de collection et la production. Moi je n'interviens pas sur le plateau. Je regarde les épisodes, le montage, je peux parfois donner mon avis, sur le casting aussi par exemple, mais tout ça c'est avant tout le travail d'Aude, c'est de la production artistique.

    Et avec TF1, on travaille bien sûr en étroite collaboration, oui. On leur parle de ce qu'on envisage de faire sur les personnages et les intrigues principales. Ils nous font leurs retours - ce qu'ils aiment, ce qu'ils n'aiment pas -, on retravaille. Ils peuvent eux aussi être force de proposition s'ils ont une idée. Et évidemment ils interviennent à tous les niveaux d'écriture. C'est un vrai travail collaboratif avec la chaîne également.

    Telsete/TF1

    Le "reboot" qui avait été opéré il y a un an, au moment du 1000e épisode, avait pour objectif de redynamiser Demain nous appartient et de faire grimper les audiences, qui avaient baissé au cours de la saison 4.

    On sent depuis janvier, et l'arche "Peur sur les Delcourt", un vrai regain de qualité sur les intrigues, une montée en puissance. On pense à l'intrigue "Noces rouges", qui est sûrement ce que Demain nous appartient a proposé de plus réussi depuis très longtemps. Ce travail pour faire remonter les audiences se poursuit-il ? Est-ce un vrai objectif que continue de vous imposer TF1 ?

    L'enjeu d'audience il est constant sur une série d'access comme Demain nous appartient. On produit 260 épisodes par an, on est en saison 6, donc il faut réussir à se renouveler et à passionner le public.

    Mais l'audience c'est aussi structurel sur une série comme celle-ci. Il y a des périodes de l'année où l'audience, de fait, est un peu plus basse qu'à d'autres moments. Il y a aussi des arches qui marchent moins bien, qui prennent moins auprès du public. Mais l'idée c'est de tirer des leçons de tout ça, de s'adapter, et de d'essayer de faire toujours mieux et de surprendre le spectateur. Et je pense que c'est ce qu'on fait en effet depuis quelques mois.

    En fin d'année dernière, les deux dernières grosses arches étaient centrées sur des nouveaux personnages comme Raphaëlle (Jennifer Lauret) et sa mère incarnée par Victoria Abril, puis Jack et Lizzie Roussel lors de l'intrigue harcèlement au lycée. Depuis janvier, on sent un retour vers les personnages historiques de la série. Vous l'avez encore prouvé cet été avec Victoire et Samuel. C'est une vraie volonté de votre part, pour répondre à une demande du public ?

    Soyons honnêtes, oui, il y a un peu de ça. Après, il fallait aussi que l'on injecte de la nouveauté dans Demain nous appartient, ce qui a été fait. Il y a des choses qui ont fonctionné, d'autres moins. Mais il y a des nouveaux personnages qui sont presque devenus des personnages emblématiques, que le public adore. Je pense à la famille Roussel notamment, mais il n'y a pas qu'eux.

    Ça fait partie du processus de création de tester des choses. On en réussit certaines, on en rate d'autres. Et de toute façon nos personnages historiques sont, par définition, des personnages que les téléspectateurs veulent voir évoluer. Ils vivent avec eux depuis cinq ans. Donc il faut qu'ils restent aussi les figures de proue de cette série.

    L'an dernier, vous aviez introduit une nouvelle famille, les Lopez Diallo, qui ont récemment quitté la série. Vous avez tiré le bilan de la saison 5 et en êtes venus à la conclusion que cette famille ne prenait pas auprès du public ?

    Là encore, il y avait des choses qui fonctionnaient, et d'autres pas. C'est aussi ça la vie d'une quotidienne. Il y a des personnes qui rentrent, d'autres qui sortent. Ça s'est passé comme ça pour les Lopez Diallo, ça arrivera certainement à d'autres dans les saisons à venir. Et, à l'inverse, on a parfois des personnages qui arrivent pour quelques semaines et finalement on les garde plusieurs années. Il n'y a pas de règle absolue.

    Telsete/TF1

    Que pouvez-vous dire sur les enjeux de la saison 6, qui a débuté fin août sur TF1 ?

    Les enjeux de la saison 6 ce sont les fondamentaux de Demain nous appartient : le polar, les familles, l'émotion, les histoires d'amour, car on a besoin aussi d'émotion et d'histoires d'amour. Tout ce qui fait qu'on aime le soap en fait.

    On va avoir un événement en fin d'année, assez fort, assez choral aussi, car il est nécessaire de temps à autre que les familles qui existent un peu de manière indépendante se retrouvent toutes au coeur d'une même intrigue. Parce que Demain nous appartient c'est aussi une communauté. Pas seulement une communauté de fans, mais aussi une communauté de personnages. Une ville, et on essaye de l'incarner de cette manière-là.

    Et je peux aussi vous dire qu'on prépare pour janvier une arche assez puissante, assez forte, qui rebattra un certain nombre de cartes sur pas mal de personnages.

    Vous parliez d'amour et d'émotion. Peut-on espérer que Jack (Dimitri Fouque) ait enfin droit à une histoire d'amour bientôt ?

    Je vous engage à regarder la série. Vous allez voir, vous n'êtes pas au bout de vos surprises (rires).

    Un nouveau personnage, Lisa Hassan, incarnée par Naïma Rodric, a fait son entrée dans le feuilleton à la fin de l'été et semble bien parti pour devenir une figure importante de Demain nous appartient. Comment avez-vous imaginé ce personnage de flic qui est également la cousine de Victoire ?

    Quand on l'a imaginée, il était nécessaire pour nous que Lisa soit rattachée à un personnage qu'on connaissait bien. Parce que c'est le meilleur moyen d'intégrer un nouveau personnage, ça rend le processus plus fluide.

    On est très contents de Naïma Rodric, ça fonctionne très très bien. C'est un personnage qu'on a voulu moderne. Et on a aussi travaillé son intégration dans la série de manière un peu étonnante. C'est-à-dire qu'elle arrive comme poil à gratter dans l'équipe des flics. Elle est pleine d'ironie, il y a ce conflit ouvert avec Martin (Franck Monsigny) dès le départ. Et en même temps c'est une opposante fun.

    Et même si l'arène du commissariat est géniale, avec des héros qui marchent super bien et qui plaisent au public, l'arrivée de Lisa au sein de ce groupe nous offrait aussi la possibilité de nous renouveler un peu sur la manière de faire des enquêtes et sur les binômes à créer, car mine de rien on a beaucoup d'intrigues polar.

    Voilà comment on a pensé ce personnage-là. Et on l'a rattaché à Victoire Lazzari (Solène Hebert) car on trouvait qu'il y avait un truc de filles qui fonctionnait bien. Il y a cet effet de bande avec Soraya et Alma aussi, qu'on avait envie d'apporter. Ça permet des scènes plus festives, de groupe de copines. Lisa c'est vraiment de la nouveauté dans Demain nous appartient, mais intégrée de manière intelligente.

    Telsete/TF1

    Doit-on s'attendre à ce que cette nouvelle saison soit placée sous le signe d'un vrai retour du "méchant" Victor Brunet (Farouk Bermouga), qui s'est un peu assagi au fil du temps ?

    Il ne faut pas confondre méchant et opposant. D'un point de vue narratif, un méchant peut être en deux dimensions, c'est-à-dire systématiquement méchant, et ce n'est pas très intéressant. La force de Victor c'est qu'il est arrivé défini de cette manière-là, et il a été peu à peu humanisé grâce à Timothée.

    Dans la vie, les méchants seulement méchants ça n'existe pas vraiment. Et dans une série, la force de ces personnages-là c'est qu'on aime les détester et qu'ils peuvent être rachetés Donc, oui, Victor Brunet a en partie été racheté, notamment dans son rapport avec son fils. Mais il reste un opposant fort. Et rien ne dit que, dans la saison 6, il n'y ait pas d'autres opposants forts qui arrivent.

    Samuel a quitté Sète cet été. Axel Kiener va-t-il revenir dans la série ? Ou ce départ est-il possiblement définitif ?

    Ah ça, je ne sais pas (rires). Vous savez bien comment ça marche, il faut créer du mystère. Donc tout ce que je peux dire c'est : continuez à regarder la série.

    Dounia Coesens va prochainement rejoindre la série, elle a déjà commencé à tourner. Mais on ne sait rien sur son personnage. Pouvez-vous nous en dire plus ?

    Encore une fois, il faut entretenir le mystère, donc je suis désolé mais je ne peux rien vous dire en dehors du fait qu'on est très content qu'elle nous rejoigne dans cette belle aventure.

    Du côté des anciens personnages, Amanda va faire son retour courant octobre dans la série. À travers ce retour, est-ce qu'il y a une volonté de répondre à une demande du public qui était déçu de la vague de départs survenus à l'automne 2021 ?

    Rien n'est exclu, rien n'est complètement prévu. Je ne peux rien dire sur ce qui attend Amanda, mais si on prend l'exemple de Sacha (Renaud Roussel), qui est revenu au coeur de l'intrigue cet été, on trouve que le paiement est fort d'un point de vue narratif. On a construit ce qu'on appelle une "arche coup de poing", assez forte, sur deux semaines, de telle sorte qu'on ne voit pas arriver les rebondissements.

    Et ça a été plutôt récompensé en termes d'audiences car on a eu un pic d'audience sur l'épisode de la fameuse bombe, au moment où tout prend sens et où on comprend que tout ce qui a été préparé la semaine précédente avec Gaspard est lié à l'évasion de Sacha.

    Pour nous, c'est un plaisir d'auteurs de construire ça. Et notre travail c'est de jouer en permanence avec les codes de la série, ce qu'on a déjà fait, et de se renouveler et de surprendre. On essaye donc d'appliquer à nouveau cette recette-là et on pourrait éventuellement revoir d'autres anciens personnages. Mais rien n'est vraiment prévu à ce stade.

    Vous évoquez l'épisode de la bombe. S'agit-il de l'intrigue catastrophe de cette année, ou une vraie intrigue catastrophe, semblable à celles de l'accident de bus, de l'incendie du mas, ou de la prise d'otages, va-t-elle arriver prochainement ?

    L'épisode de la bombe n'était pas l'intrigue catastrophe de cette année. Mais je n'en dirai pas plus (rires).

    Propos recueillis dans le cadre du Festival de la Fiction TV de La Rochelle.

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