Attention, spoilers. L’article suivant révèle des éléments clés de l’intrigue de “Inspecteur Derrick” ainsi que sa fin.
Pionnière et culte, Inspecteur Derrick est considérée comme l’une des séries les plus réussies de l’histoire de la télévision allemande. Le show policier a, à son époque, connu un succès international majeur, ayant été vendu et diffusé dans plus de 100 pays – dont la France où toute une génération de spectateurs s’est rendue fidèle aux enquêtes policières du détective déterminé.
Et au cœur de la série, c’est un duo de choc que l’on a pu suivre pendant 24 ans : l’inspecteur en chef Stephan Derrick (Horst Tappert) et son fidèle acolyte, le sergent-détective Harry Klein (Fritz Wepper). Ensemble, ils ont résolu avec succès de nombreuses affaires criminelles à Munich et dans les environs : il n’y a en effet que 3 en tout qu’ils n’ont pas réussi à résoudre !
Il est dit que l’arrêt de la série en 1998 est intervenu alors que Horst Tappert avait atteint la limite d’âge qu’il s’était fixée. Quoi qu’il en soit, la fin du show a laissé plus d’un fidèle attristé de ne plus revoir leur inspecteur préféré à la télé.
Ainsi, c’est le 16 octobre 1998 que l’ultime épisode, “Le Grand Jour” (25x5), est diffusé sur la chaîne allemande ZDF après 25 saisons et 281 épisodes de bons et loyaux services pour une série devenue un emblème de la télévision allemande et française notamment.
MENACES DE MORT
Tout commence par des menaces : la nuit, dans une voiture en marche, nous entendons une personne au téléphone ordonner le meurtre de l’inspecteur principal de la police criminelle Stephan Derrick à un inconnu – anonyme et non visible. La récompense est de 250 000 marks, la date, dans les 15 prochains jours. Nom du commanditaire : Kaschonnick. L’intrigue est lancée.
Il fait maintenant jour et nous retrouvons Derrick arrivant au poste de police : tous les officiers qui le croisent le félicitent chaleureusement, tout comme Harry Klein, son acolyte de toujours, lorsqu’il le rejoint. Derrick est sur le point d’avoir une promotion qui, selon lui, ne vient que du fait qu’il soit âgé et qui n’a donc rien d’extraordinaire. Et pourtant, comme le dit Harry, ce n’est pas tous les jours qu’on est nommé Président de la commission de coordination d’Europol.
Quoi qu’il en soit leur patron demande à le voir – sûrement au sujet de la fête organisée en son honneur dans 15 jours, comme le suppose Harry. C'est là qu'il apprend la nouvelle : des menaces de mort ont été proférées à son encontre. Albert Kaschonnik, un meurtrier que Derrick a envoyé en prison il y 5 ans et qui a été condamné pour 15 ans d’enfermement, a juré de tuer l’inspecteur avant sa fête de départ. Derrick décide alors de gérer l’affaire lui-même.
L’inspecteur se rend d’abord à la prison pour rencontrer Albert Kaschonnik (Uwe Friedrichsen) en personne : il veut connaître ses intentions directement et ce dernier n’hésite pas à lui donner ce qu’il veut. Le criminel lui dit qu’il ne pourra pas assister à sa fête car il sera mort bien avant. C’est tout ce que Derrick souhaitait entendre : l’enquête peut alors commencer.
PRESSION ET INTERROGATIONS
Contre l’avis de tous ses collègues, Derrick met un point d’honneur à régler la question lui-même. Mais tel l’homme d’influence qu’il est, Kaschonnick dispose d’un réseau de sympathisants étendu : de sa famille à ses amis, beaucoup seraient prêts à accepter cette mission. Autant de suspects que Derrick, accompagné d’Harry, se doit désormais d’interroger.
C’est le frère du commanditaire, Walter Kaschonnick (Dirk Galuba), gérant les affaires d’Albert en son absence, qui est le premier sur sa liste. Au club que Walter dirige désormais, il y fait sa rencontre ainsi que celle de la matriarche de la famille, Vera Kaschonnick (Maria Becker). Tous deux savent très bien qui est Derrick, se souvenant de lui comme étant l’homme qui a mis leur frère et fils en prison.
Derrick leur parle des menaces de mort dont il est l’objet et les deux jouent les incrédules. Suffisants, mère et fils tiennent tête à l’inspecteur et le provoquent, prétendant ne pas savoir si les menaces sont à prendre au sérieux et lui demandent même s’il a peur.
Derrick interroge ensuite Andrea (Michaela Merten), la fille de Kaschonnick, qui est alors en pleine séance photo en petite lingerie. Elle aussi sait à qui elle a affaire et a été prévenue de leur venue : elle n’est pas intimidée. Comme elle l’annonce, son père a encore de l’influence sur elle comme sur beaucoup d’autres et c’est à Derrick de trouver qui a été engagé pour le tuer.
Le prochain sur la liste : Udo Templin (Tobias Nath), un jeune homme dont le père – désormais en fauteuil roulant – est un ami de Kaschonnick. Lorsqu’il interroge Udo au club de boxe où il s’entraîne puis son père Johannes Templin (Florian Martens), chez lui, tous deux ont la même attitude que les membres de la famille Kaschonnick : ils doivent beaucoup (financièrement et personnellement) au criminel et lui sont redevables ; deux potentiels suspects qui narguent eux aussi l’inspecteur.
Et à la question de savoir s'il tuerait Derrick si Kaschonnick le lui ordonnait, Johannes, qui doit sa vie au criminel, répond que cela dépendrait des risques qu’il encourrait, qu’il est difficile de répondre à froid mais que la réponse n’est pas non…
L’ENQUÊTE SE POURSUIT
Alors qu’ils discutent plus tard de l’affaire, Derrick et Harry constatent que chacune des personnes interrogées garde ses distances, ne se sentant pas concernée par les meurtres en général. Une femme débarque alors dans la pièce : elle s’appelle Stefanie Bauer (Eleonore Weisgerber) et est une psychologue envoyée pour accompagner Derrick durant cette enquête qui pourrait s’avérer stressante pour lui puisque sa vie est directement menacée.
Après avoir encore fait pression sur les membres de la famille, l’inspecteur est de retour au poste où ses patrons, très inquiets, souhaitent repousser la cérémonie pour qu'il puisse se retirer quelque temps. Derrick refuse. Une protection rapprochée alors ? Il refuse aussi. Il veut faire son travail normalement jusqu’au dernier moment et pousser le meurtrier à sortir de sa cachette.
C’est alors qu’il part interpeller Andrea dans la rue et l’emmène à l’hôtel de ville où aura lieu la cérémonie en son honneur. Là, cherchant à déstabiliser la jeune femme, il lui fait part du discours qu’il compte prononcer sur les êtres humains qui ne sont que spectateurs comme elle. Andrea annonce, en colère, que son père est ce qu’il est et que chacun doit prendre ses responsabilités. Elle s’en va, chamboulée.
De retour chez Johannes Templin, Derrick veut savoir si ce dernier connaît son meurtrier. Johannes ne répond pas mais semble nerveux. Alors que son fils Udo débarque, il dit qu’il ne se sent pas concerné par la question. Tout comme son fils.
Alors qu’il rend visite à Stefanie, la psychologue demande à Derrick ce qu’il pense et ce dernier ne peut s’empêcher de repenser à sa carrière et au nombre de gens qu’il a rencontrés qui ne sont que des spectateurs de leur propre vie : un thème qui le tracasse...
UNE AIDE INATTENDUE
De retour chez lui, Derrick reçoit un appel d’un homme stationné devant chez lui – qu’il avait repéré. L’homme en question est Kucora (Franjo Marincic) et s’annonce comme un petit truand de bas étage qui a entendu parler du contrat pour tuer l’inspecteur mais qui a refusé de franchir cette limite. Il propose toutefois à l’inspecteur de trouver celui qui a accepté la mission en échange de sa future aide policière si jamais il en avait besoin. Derrick conclut le marché.
Misant sur la pression encore et toujours, Derrick n’en démord pas et continue de rendre visite à Andrea sur son lieu de travail, lui précisant qu’il reviendra toujours à la charge : la jeune femme commence vraiment à être nerveuse. Il lui annonce surtout que la fête en son honneur aura lieu plus tôt : demain soir. Une fois l’inspecteur parti, Andrea se dépêche de passer un appel.
Chez lui, Derrick reçoit la visite de Kucora qui a trouvé qui était son futur assassin : un ressortissant de l’ex-Yougoslavie qui vit depuis 2 ans en Allemagne a accepté la mission. Alors que les patrons de la police souhaitent l’arrêter immédiatement, Derrick refuse car il n’a pas encore commis de crime à proprement parler. Il demande à ce que tout se passe comme prévu et que l’homme soit surveillé puis arrêté lors de la soirée.
LE GRAND JOUR
Le moment est venu : la cérémonie est sur le point de commencer : dans le public se trouvent les Kaschonnick et amis. En parallèle, tout l’appareil policier est mobilisé et sur le qui-vive. Sur scène, Derrick fait son discours : il parle alors du crime en général devenu banal, de la complicité des gens qui restent passifs, du fait d’être spectateur... Il s’adresse ainsi à ses détracteurs de façon déguisée.
Pendant ce temps, un van suspect se gare dans le parking de l’hôtel de ville, la police mène alors une attaque d’assaut afin de neutraliser les hommes qui se trouvent à l’intérieur. Les voilà bientôt arrêtés et leur plan déjoué. Derrick, qui vient de finir son discours, apprend la nouvelle de la part d’Harry et se réjouit.
C’est donc avec le sourire aux lèvres qu’il s’approche de Vera et Andrea sur le point de partir et leur demande si elles ont apprécié son discours. Mais Andrea a soudain un retour de conscience et lui demande, affolée, de ne pas sortir du bâtiment. Derrick leur dit que tout est fini : ils ont arrêté ceux qui allaient le tuer. Vera ne semble pas ravie.
En bas de l’hôtel de ville, Derrick annonce à ses patrons, Stefanie et Harry qu’il souhaiterait maintenant rester un peu seul. L’émotion est à son comble dans cette dernière scène de la série, surtout quand Derrick s’approche d’Harry et lui dit : “Harry, merci, de tout coeur, merci pour tout ce que tu as fait.” Puis il s’en va seul.
Alors que tous le regardent partir, Harry lui répond finalement “Bonne chance Stephan”. Ce dernier se retourne et le regarde une dernière fois avant de reprendre son chemin, s’éloignant dans la pénombre au rythme de la mélodie de Hey Mr. Gentleman d’Helen Schneider. Fin de Inspecteur Derrick.
Alerte Cobra et ces séries allemandes qui battent des records de longévité