Dans The People’s Joker, la cinéaste transgenre Vera Drew raconte une version romancée, inscrite dans l’univers DC, de sa propre histoire.
Au cours du long métrage, nous apprenons ainsi à connaître le personnage culte en tant que garçon battu qui ne se sent pas à l’aise dans son corps. Plus tard, Joker, aux prises avec son identité sexuelle, essaie de commencer une carrière d’humoriste dans la ville de Gotham où Batman a criminalisé presque toutes les comédies publiques. Le clown en herbe doit alors faire face au fasciste en cape...
Le film n’est pas seulement un film de passage à l’âge adulte à petit budget mais aussi une parodie de l’univers Batman avec de nombreuses références aux précédentes apparitions du Joker et comprenant d’autres anecdotes DC.
Dans la bande-annonce déjà, les interprétations du Joker de Jared Leto et Joaquin Phoenix sont ciblées. On peut également y lire, en noir sur blanc, que ni DC Comics, ni sa société mère Warner Bros. Discovery n’ont autorisé l’œuvre.
Néanmoins, The People’s Joker a célébré sa première mondiale au Festival international du film de Toronto (TIFF) qui se déroule actuellement au Canada. Bien que trois autres projections y étaient prévues, une seule a eu lieu pour le moment. En effet, comme le rapportent les revues de presse américaines, Vera Drew et son équipe ont retiré le film du festival en raison de problèmes de droits.
Les détails sur le contexte de cette décision ne sont pas encore disponibles. Les soupçons se portent bien sûr sur une intervention de DC Comics et Warner Bros. en raison de l’utilisation non autorisée de leur propriété. Jusqu’à présent, aucun commentaire sur le projet n’a été donné par les sociétés en question.
UNE ŒUVRE LÉGALE OU PAS ?
Mais alors, comment le film a-t-il pu voir le jour et même être projeté en festival ? Dans son projet, Vera Drew s’appuie entre autres sur la doctrine du “fair use” applicable aux États-Unis qui stipule que le matériel protégé par le droit d’auteur peut être utilisé dans un certain cadre à des fins de critique, de commentaire, de reportage, d’éducation ou de science.
Cette doctrine inclut également les parodies, par exemple, qui doivent être très étroitement liées à l’original sous peine d’être considérées comme des satires illégales. Vera Drew souligne également, qu’à part quelques séquences contenant du matériel d’archives sous licence, son long métrage est entièrement constitué de ses propres enregistrements et animations et que l’utilisation de noms et marques protégés n’a été faite que dans un contexte autobiographique.
À noter que des scènes de Joker (2019) avec Joaquin Phoenix, qui avaient été utilisées dans un montage précédent, ont été supprimées avant la première.
LA RÉALISATRICE S’ATTENDAIT À DES PROBLÈMES
Cependant, dans le cas de projets tels que The People’s Joker, la question de savoir s’ils satisfont réellement aux exigences d’utilisation équitable se pose toujours, amenant les œuvres du genre à être examinées de très près.
Dès lors, à l’approche de la première mondiale du film, Vera Drew a indiqué qu’il pourrait y avoir des problèmes avec son film avec un tweet quelque peu énigmatique :
“Je n’ai aucune idée de ce qui se passe aujourd’hui et mon équipe veut que je ne dise rien bien sûr donc je vais rester vague… Mais quoi qu’il arrive dans les prochaines heures, je veux que vous sachiez… Si vous avez attendu et envie de regarder notre film, vous allez bientôt pouvoir le faire. Restez à l’écoute et restez avec moi. Besoin de votre aide.”
Reste maintenant à savoir si The People’s Joker reverra le jour dans sa forme originale ou peut-être adaptée... ou pas du tout ! Affaire à suivre donc.
En attendant, il est déjà sûr que le méchant phare de DC fera son retour dans la suite du hit mondial Joker de Todd Phillips avec Joaquin Phoenix. Intitulé Joker: Folie À Deux, ce sequel, qui mettra également en scène Lady Gaga, sera présenté sous forme de comédie musicale et devrait sortir en salles le 2 octobre 2024. Découvrez son premier teaser ci-dessous :