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    Isabelle Huppert : elle revient au cinéma dans À propos de Joan, un film étrange et poétique
    Thomas Desroches
    Thomas Desroches
    -Journaliste
    Les yeux rivés sur l’écran et la tête dans les magazines, Thomas Desroches se nourrit de films en tout genre dès son plus jeune âge. Il aime le cinéma engagé, extrême, horrifique, les documentaires et partage sa passion sur le podcast d'AlloCiné.

    Dans "À propos de Joan", Isabelle Huppert joue le rôle d'une femme à travers les années, entre rêve et réalité. Un film doux et sensible signé Laurent Larivière. Rencontre avec l'actrice et le réalisateur.

    Dans ses films, Isabelle Huppert est une actrice qui voyage à travers les genres, les époques et les langues - elle sait jouer en anglais, en italien et même en russe. Dans À propos de Joan de Laurent Larivière, elle fait tout ça à la fois. Elle se fond dans la peau d’une éditrice à succès qui, au détour d’une rue, retrouve son premier amour de jeunesse. Face à lui, elle va lui annoncer qu'un fils est né de leur idylle.

    A propos de Joan
    A propos de Joan
    Sortie : 14 septembre 2022 | 1h 41min
    De Laurent Larivière
    Avec Isabelle Huppert, Lars Eidinger, Freya Mavor
    Presse
    2,9
    Spectateurs
    2,8
    louer ou acheter

    Le long métrage, construit comme un puzzle, retrace la vie de cette femme. Entre le passé et le présent, le drame et la comédie, l'œuvre de Laurent Larivière - coécrite avec François Decodts - raconte la nécessité pour chacun de réinventer son destin pour échapper à la réalité. Sensible et singulier, À propos de Joan prend aussi des allures de conte qui, même s’il aborde frontalement la mort, célèbre la vie.

    Cette proposition de narration un peu éclatée m’a séduite, explique Isabelle Huppert, rencontrée avec le réalisateur à l’occasion du festival du film francophone d’Angoulême. On finit par comprendre qu’il y a quelque chose qui ne nous est pas révélé d'emblée.” Un mystère qui donne alors de la place au suspense et au trouble.

    Évidemment, tout au long du film, on ne sait pas ce qu'elle s'invente et ce qui est réel.” C'est la pluralité des genres qui fait d’À propos de Joan une proposition à part. Dans ce sens, le long métrage arbore mille visages. “Ce n’est pas un mélo, ni une réelle comédie, c’est une constellation de sensations et de sentiments”, ajoute l’actrice. Alors comment écrire un film qui refuse de rentrer dans une case prédéfinie ?

    Films, Gifted Films West et Blinder Films

    On voulait faire un portrait de femme sur différents pays et différentes époques, mais on ne savait pas de quoi le film allait parler, admet Laurent Larivière. C'est en travaillant cette matière, en écrivant des scènes burlesques, comiques, mélodramatiques, qu'on est arrivé à une sorte de portrait du personnage dont a jailli tout d'un coup le sens.” Un processus d'écriture que le cinéaste qualifie d’”étonnant”, “organique” et “inconscient”.

    Dans un film, on n'a pas besoin de tout savoir.

    Il poursuit : “Quand on est réalisateur, il faut que le film vous échappe. S’il ne vous échappe pas, si vous êtes dans le contrôle absolu, il y a quelque chose de l'ordre de la sécheresse, de la rigidité. Je pense qu'il faut au contraire s'ouvrir, se laisser traverser par le réel.” À propos de Joan se joue du spectateur. Il n'hésite pas à le bousculer pour mieux le retrouver.

    Isabelle Huppert est formelle : "Dans un film, on n'a pas besoin de tout savoir”. “Les acteurs, souvent, posent des questions, mais c’est le long métrage qui, au fur et à mesure, va apporter sa réponse. Mais ne pas savoir suppose une grande confiance. C'est un pacte entre un metteur en scène et ses acteurs. Et chaque question qu'on pose est un peu une encoche à la confiance qu'on est censé porter.”

    Films, Gifted Films West et Blinder Films

    Dans cette histoire, le personnage du fils est central. Il est joué par deux acteurs : Dimitri Doré - révélé dans Bruno Reidal de Vincent Le Port - pour les scènes du passé et Swann Arlaud pour celles du présent. Isabelle Huppert ne tarit pas d’éloges sur ses deux partenaires. “Swann Arlaud est un excellent acteur et chez Dimitri, il y a quelque de très enfantin et de plus adulte qu’on croit. Il était parfait pour créer de la confusion dans ce souvenir.”

    À plusieurs reprises, Joan brise le quatrième mur. Elle s’adresse, regard caméra, au spectateur. Une manière de retrouver l’idée du conte et de ce narrateur qui, cette fois, est bien visible. Seule la fin dénote. L’héroïne ne parle plus, un regard suffit. “On nous parle beaucoup des autres séquences, rarement de celle-ci, relève l’actrice. Elle établit un pacte assez étrange entre le personnage et le spectateur. C’est une forme de boucle. Il n’y a plus rien à dire. On peut se passer des mots.”

    Propos recueillis par Thomas Desroches, à Angoulême, le 26 août 2022.

    À propos de Joan de Laurent Larivière, le 14 septembre au cinéma.

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