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    "On a fait ce film pour plein de mauvaises raisons !" : Bad Buzz, chronique d'un colossal bide au Box Office
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Sorti en 2017, le film "Bad Buzz", emmené par le duo d'humoristes Eric Metzger et Quentin Margot, a été un flop colossal au Box Office, avec moins de 50.000 entrées. Son réalisateur, Stéphane Kazandjian, s'en est récemment expliqué sur BFM.

    Vous souvenez-vous du film Bad Buzz sorti en 2017 ? Mais si, faites un effort : il mettait en scène le duo d'humoristes Eric (Metzger) & Quentin (Margot), exfiltrés de l'émission Quotidien, à l'origine d'un bad buzz monstrueux menaçant d'anéantir leur réputation. Pour se sortir de cette délicate situation, ils n'avaient d'autre choix que justement réaliser un bon buzz en moins de 48h.

    Toujours rien ? Pas si grave finalement. Car vous êtes comme l'écrasante majorité des spectateurs qui ne sont pas allés voir les (més)aventures du tandem, orchestrées par le réalisateur Stéphane Kazandjian, scénariste notamment de Pattaya ou du récent Loin du périph'.

    Bad Buzz
    Bad Buzz
    Sortie : 21 juin 2017 | 1h 17min
    De Stéphane Kazandjian
    Avec Eric Metzger, Quentin Margot, Marie-Anne Chazel
    Presse
    1,6
    Spectateurs
    0,9
    Streaming

    Sans tomber dans le jeu de mots d'une facilité déconcertante avec son titre, comme s'il avait royalement tendu le bâton pour se faire battre, c'est peu dire que Bad Buzz a fait un bide absolument colossal au Box Office. À peine 49.323 personnes ont vu cet O.F.N.I en salle, largement étrillé par les critiques assassines. Autant dire une gifle qui a eu la vigueur d'un sacré uppercut.

    En juin dernier, le site BFM a consacré un très long et très intéressant papier sur les raisons de ce cuisant échec. Un article largement nourri des propos du réalisateur, qui s'est prêté à l'exercice de l'auto critique et l'analyse post-mortem de son film. Un exercice assez courageux d'ailleurs, pas si fréquent, dont nombre de ses collègues pourraient s'inspirer.

    EuropaCorp Distribution

    Les choses se sont très vite enchaînées. Beaucoup trop. Lorsque le réalisateur lit le scénario, qu'il "trouve sympa même s'il y a des choses à reprendre", il ne s'attend pas à ce que le tournage démarre sur les chapeaux de roues à peine trois mois plus tard.

    "Ça devait être produit par Canal. Sauf que c'est tombé pile au moment où Quotidien est passé sur TMC. Donc Canal a dit qu'ils ne le faisaient plus. Là-dessus, Éric et Quentin ont négocié leur passage sur TMC avec Ara Aprikian [le directeur des programmes de TF1] et Bad Buzz est devenu une partie de leur deal.

    TF1 n'en avait rien à foutre. Ils ont juste filé le pognon pour garder l'équipe de Quotidien. Personne n'y croyait. Le film avait d'abord été proposé à Thomas Sorriaux et François Desagnat, les réalisateurs de La Beuze et des 11 commandements, qui l'ont refusé. Ils avaient mieux lu le scénario que moi..."

    "J'ai essayé de faire mon bon petit soldat du mieux que je pouvais..."

    Outre le fait que le réalisateur trouve le résultat très bancal, avec de gros problèmes de découpage, l'humour potache du film a posé problème. "Ça a été un peu rajouté justement pour essayer de racoler le public de la "Bande à Fifi" ou de Cyril Hanouna. C’était la schizophrénie du film, qui voulait plaire au public de Hanouna avec les stars de Quotidien" dit-il.

    Ajoutant un peu plus loin : "Éric et Quentin, il y a un truc con et érudit en même temps. Leur spectacle marche très bien dans ce registre, d'ailleurs. Le problème, c'est qu'on ne s'est jamais posé la question de qui étaient Éric et Quentin.

    On a voulu les faire rentrer dans un genre qui n'était pas le leur et dans lequel ils sont rentrés d'ailleurs à pieds joints, puisque c'est eux qui ont écrit le scénario, mais on aurait gagné à se demander ce qu'on pouvait faire avec leur humour".

    EuropaCorp Distribution

    Evacué de la post-production du film, le réalisateur garde logiquement une certaine amertume de l'expérience : "c'était bizarre la fin de la post-prod, parce que j'ai été complètement évacué. L'affiche, je la trouve monstrueuse. Ils m'ont pipoté chez EuropaCorp en me disant que c'était un truc provisoire. Puis j'ai vu les affiches dans le métro".

    S'il a été évincé du projet, c'est "parce qu'Ils avaient juste besoin de quelqu'un pour le plateau. De toute façon, c'est souvent ça sur les films de commande. Sur la post-prod, ils peuvent comme ça beaucoup plus facilement reprendre la main".

    Entreprise honteuse que personne ne semble avoir assumé, pas même ses têtes d'affiche, Bad Buzz n'est même jamais sorti en DVD chez nous. "Après la sortie, personne, moi y compris, ne voulait plus en parler. Ça m'a grillé en tant que réalisateur" poursuit-il. "#67millionsdennemis" titrait la catchline potache du film sur l'affiche. Peut-être pas autant d'ennemis. Mais une indifférence polie de millions de potentiels spectateurs, sûrement.

    Vous pouvez retrouver l'intégralité de l'entretien ici.

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